Paris. Extraordinaire ville où la vie m’a toujours attiré, bien loin de la morne Cannes. Des concerts en pagaille, des soirées en veux-tu, en voilà. Ouaip. Un jour j’y retournerai. Puis au détour d’une gare, j’y ai rencontré un certain LoupArctique, comme quoi la vie est bien faite ! Mais point de racontage de vie superflu, laissé moi vous raconter une passionnante histoire… Connaissez-vous l’histoire de celui qui part en oubliant les billets du concert à son hôtel ? Qui prend un mauvais train lors d’une des correspondances ? Qui ne sort pas du bon côté de la gare une fois à destination ? Et qui galère comme un idiot sous une pluie froide et forte à trouver l’entrée de la salle ? Et bien maintenant, vous le savez. Toujours est-il qu’après ces moult péripéties, me voilà parvenu à la grande salle du Plan de Ris-Orangis, sud de Paris, à 21h. Les portes se sont ouverte à 20h, j’ai une heure de retard, la première partie m’est passé sous le nez. Et l’affluence est telle que je ne peux même pas aller noyer ma déception au bar. En allant voir Izia, je me suis d’avance préparé à ce sur quoi j’allais tomber. La jeune demoiselle étend une artiste relativement grand public, je ne m’attendais donc pas à retrouver toute la chaleur des spectateurs d’un concert comme j’en ai l’habitude… Mais je ne m’attendais pas forcément non plus à me battre à grand peine pour trouver une place raisonnable sur un côté, toutefois bien éloigné, de la scène. Mais place prise, place défendu. Tant pis, je ne bougerai plus. Inconfortablement positionné, j’attends l’entrée en scène en observant les gens autour de moi. Il y a de tout. Des enfants venus avec leurs parents, quelques individus habillés d’une manière nettement plus rock, mais également des groupes de commères vantant les mérites du père de la chanteuse en se demandant si son succès n’est pas tronqué, quelques vieux lourdauds espérant qu’Izia sera « toujours bonne sur scène » avec un bon gros rire bien grivois me laissant penser qu’ils ne parlent pas que de musique. Mais il est l’heure de quitter mon regard de ces idiots pour me concentrer sur la scène.
Izia
Des premières notes électroniques se font ressentir. « Hey » se lance, le son est doux, chaud, les musiciens se pressent doucement, l’introduction se fait lente, mais prenante. Quand Izia fait son entrée, sa voix douce résonne. Tout commence magnifiquement bien … sauf quand la chanteuse, qui fait simultanément quelques réglages avec ses ingé-son à un trou de mémoire. Les joies du live. Mais loin de se démonter pour autant, elle préfère en rire avec le public, profitant de l’occasion pour saluer la foule dense et compacte avant de redémarrer tranquillement, bien suivi par ses musiciens qui ont poursuivi tranquillement pendant la résolution du problème. Par la suite, on enchaîne avec la rocambolesque « So Much Trouble », l’un des principaux titres de l’album précédent, du même nom. Si « La Vague » a présenté un album bien plus posé et calme, c’est avec ces deux antérieurs albums bien plus rock que la belle a développé son succès. Et magnifiquement restitué sur scène, l’énergie est exceptionnelle et communicative. Puis à la fin de cette piste, Izia se pose pour demander à chacun et chacune d’éteindre tout téléphone et appareil photo pour profiter du concert de leurs propres yeux et oreilles.
Car oui, comme je le disais plus tôt, c’est un concert relativement grand public. Et ce qu’on voit à la télévision n’est donc point usurpé et j’ai pu effectivement voir moult personne du public bras levés pendant dix minutes, appareil et téléphone en main, le visage tordu par l’envie de cadrer au mieux l’objectif plutôt que de réellement profiter de la performance de la chanteuse. D’ailleurs, plus tard, une personne ayant tout de même tenu à photographier la performance se fera confisquer son appareil avant de se le voir restituer peu après non sans que son objectif se soit fait longuement lécher par la chanteuse. Mais ne digressons pas plus et continuons la performance.
Tranquillement, on enchaîne avec « Autour de Toi », la batterie apportant une nouvelle puissance à l’ensemble. Comparé aux versions studio des titres du dernier album, leurs transitions live sont exceptionnellement réalisées, batterie et guitare gagnant bien sur en puissance et devenant pour le coup bien plus rock qu’électro. Dans la même ambiance, on passe à la plus délicate « Bridges », cette fois plus proche de l’originale (mais dynamiser encore par l’exceptionnelle voix d’Izia) afin de mieux enchainer vers « Twenty Times a Day » à l’introduction reconnaissable. Plus explosive que jamais, Izia se donne sur scène, bien porté par un groupe dynamique et ne se laissant pas toujours effacer.
Haranguant toujours la foule, partant dans d’étranges monologues, le public rit et on poursuit avec la délicate « You ». Uniquement rythmée dans un premier temps par la douce voix de la demoiselle, le rythme se développe peu à peu sans jamais amenuiser la douceur ambiante. Le public tape des mains et la douceur laisse place à l’hypnotisante « Lola ». Langoureuse et sexy, la voix se suffit d’elle-même pour obnubiler une salle complètement acquise à ses subtiles envolées dans des refrains survoltés, Izia, entre voix très grave ou plus aiguë, se fait exceptionnelle de précision. Sans transition, mais sans Orelsan, « Les Ennuis » débarque. Ou presque, la chanteuse rigolant avec le public qui tape des mains beaucoup trop vite par rapport au piano. Et quand le titre démarre enfin, l’atmosphère se transforme, le public répondant présent à la voix sur les refrains. Hypnotisant. Oui, encore.
Le temps d’un mini-entracte, la chanteuse repart dans quelques monologues plutôt amusants sur l’histoire de l’ancienne salle. Mais on repart tranquillement avec « Reptile ». La chanteuse n’est point à bout de forces alors que cela fait déjà une heure que nous sommes là. Donnant encore et toujours plus de voix, déchainée, voire même possédée par moments, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais le calme laisse place à la tempête avec l’explosive « On Top of the World » donnant la possibilité aux quelques rockeurs de donner de la voix au milieu de la foule. On ne baisse pas le rythme par la suite puisque le très reconnaissable rythme de basse gronde l’introduction de « Disco Ball ». Peu à peu, le rythme augmente, la puissance est là, le public se déchaine, mais on sent d’un côté la fin arriver… Mais pas avant un dernier refrain et surtout un retour sur scène pour un rappel !
La guitare redémarre doucement sur la douce et prenante introduction de « Pénicilline ». Tout en retenue et en longueur, le concert reprend, rythmée, mais toujours autant pêchu, tout en gardant la patte recherchée et presque progressive du morceau, tout cela avant d’enchaîner avec le hit du dernier album, « La Vague ». L’introduction se voit rallongée, guitare et note de claviers mélangés de toute beauté… Si la chanson est vraiment belle, c’est surtout par la voix d’Izia. Et surement pas par ma vieille voisine (qui en est à son troisième touchage de mes fesses) qui donne de sa terrible voix de crécelle. Joie.
Mais on enchaîne, la chanteuse taquine son guitariste et on passe à « Let Me Alone », un son de bonne vieille pop/rock presque anglaise, ça met en joie. Encore et encore, inlassablement, Izia pousse, cri, harangue la foule. Et ce n’est pas encore fini. Une coupure bière et on redémarre encore une fois ! Un doux clavier, un peu de piano et s’entame la douce ballade « Tomber », crescendo d’émotion, tout en douceur, la chanteuse nous montre une énorme sensibilité. Une dernière poussée et c’est terminé…
Mais pas tout à fait ! Car le groupe remonte encore sur scène et jette ses dernières forces dans la bataille. Quelques claviers, quelques notes et se lance « Pendant que les Champs Brûlent », reprise du groupe Niagara. D’un titre en retenue bien entonné par le public, une nouvelle vague de puissance déferle sur un Plan qui n’est pas encore vidé de toute son énergie. Car le public la réclame et le public va l’avoir ! Les guitares s’emballent, la batterie cogne et « Baby » démarre avec force et fracas. Nous arrivons à deux heures de live et l’énergie se déchaine encore. Les dernières gouttes de transpirations s’épuisent et la fin arrive enfin.
Quelle énergie bordel ! Pas déçu du voyage pour un sou, l’énergie de la belle m’aura fait oublier deux heures durant ma place exigüe. Et je compte bien retourner la voir, en m’y prenant cette fois bien à l’avance afin de ne pas me retrouver entre une mamie tripoteuse et un monsieur dont le poing en l’air aura manqué de m’éborgner à huit reprises. La soirée se poursuivra jusqu’à Paris en compagnie de deux personnes très sympathiques m’ayant sauvé deux Kinder Bueno d’un distributeur arnaqueur. Et rien que pour ça, ça vaut ma sympathie à vie.
Et il me reste encore une troisième et dernière étape et pas des moindres ! Mais cela reste encore une autre histoire …
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