J'ai fait toutes les éditions du Hellfest et même le Fury mais je dois avouer que l'équipe qui organise me surprendra toujours. Inviter Magma dans un festival Metal, il fallait oser. Quoi que...
Magma
Je dois même avouer avoir été surpris au départ du nombre de gens qui en parlaient et surtout de la foule compacte qui attendait le début des festivités. La tente était plus que grassement remplie et ce bien avant le commencement du show.
Pour mémoire, Magma est la créature de Christian Vander, tourne depuis 1969, et est à l'origine de son propre style baptisé Zeuhl. Un style qui mélange allégrement le Jazz, le Prog, un coté avant-gardiste prononcé, des performances vocales hors normes, un langage créé de toutes pièces (le Kobaïen) et même plus encore. Avec pratiquement une trentaine d'enregistrements divers et variés au compteur, Magma fait partie des groupes légendaires du Rock Français et a compté ou compte toujours dans ses rangs une flopée de musiciens qui ont eux aussi jalonné cette histoire comme Jannick Top ou Didier Lockwood. Depuis 2014, le groupe s'est lancé dans une tournée intitulée The Endless Tour (la tournée sans fin)
Valley, 17 Juin 2016, l'heure approche...
Pendant les balances, on voit déjà qu'on est assez loin du reste de l'affiche du Hellfest puisqu'un xylophone trône sur le coté gauche de la scène. Le groupe ne s'embarrasse pas avec le décor et n'a même pas de Backdrop. Peu de roadies, certains musiciens montent et accordent eux même leurs instruments. Puis la scène se vide et le silence devient pesant. On sent qu'il va se passer un truc de folie...
Au bout de quelques minutes, les musiciens s'installent et c'est Vander lui même qui lance le show. Alors que certaines formations se tapent un son plus que moyen, Magma bénéficie sûrement d'un des meilleurs volume sonore du festival. Tout est bien équilibré, hormis peut être la guitare parfois un peu en retrait mais comme c'est loin d'être l'instrument principal, on n'y prête peu attention. La musique du groupe est tout sauf linéaire. On passe sans problème du calme à la tempête, de quelques simples notes de musique à un déferlement de décibels, d'un murmure à un enchevêtrement des voix toutes plus haut perchées les unes que les autres. Le public est en transe, hypnotisé, happé par l'univers de Magma et suit les variations musicales comme un seul homme, dansant frénétiquement ou écoutant religieusement...
Au vu de la musique du groupe, autant dire que tous les musiciens sont extrêmement concentrés. Personne sur le plateau ne fait un pas de trop même les chanteurs lorsqu'ils s'esquivent du devant de la scène pour laisser les instruments s'exprimer, hormis le claviériste carrément intenable. De longs soli de claviers succèdent à ceux du xylophone, le tout rythmé par une basse ronflante et les contretemps ou roulements de batterie permanents de Vander. La durée réduite du show ne le verra d'ailleurs que très peu participer au chant.
Il n'y a aucun contact avec le public entre les morceaux, pas d'annonces quelconque, juste un petit blanc de temps en temps qui signifie la fin du morceau en cours et le début du suivant. En à peine une heure, Magma va jouer relativement peu de titres (Theusz Hamtaahk, Mekanïk Destruktïw Kommandöh) mais quelle folie...
Et puis tout s'arrête car même les bonnes choses ont une fin...
La standing ovation de la fin du show (normal il n'y a pas de sièges me direz-vous) est l'une des plus longue que j'ai entendue à Clisson. Le groupe en est agréablement surpris, ne s'attendant sûrement pas à un tel engouement dans un festival typé Metal. Le silence pesant de l'attente a fait place à une autre forme de silence teintée cette fois ci de respect et d'admiration avec ce sentiment d'avoir vu un concert absolument exceptionnel. Magma est immortel.
Autant dire que le retour au reste du festival ne s'est pas fait sans mal...
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