Commençons par la genèse de Boogers, si tu veux bien, en parlant du chemin parcouru jusqu'à ce dernier album : As Clean As Possible.
Le projet Boogers a débuté lorsque j'avais douze ou treize ans, chez mes parents, dans leur cave. J'étais enfant unique, et j'écoutais beaucoup de vinyles, j'avais plein de stocks, et j'ai décidé de m'acheter une quatre piste à K7 et une guitare sèche, et de là, c'est allé très vite. J'ai tout de suite appelé ça Boogers par contre. Par la suite, j'ai joué dans plein de groupes, en gardant la même ambiance que dans mon projet initial. Puis, lorsque j'ai eu un ordinateur, j'ai fait une synthèse des morceau que je faisais ado, tout en continuant de m'essayer à des groupes plus importants qui me permettaient de voir ce que je voulais jouer et faire ; par ailleurs, tout ce que je ne pouvais pas faire dans Boogers, je le faisais dans ces groupes-là. Mais maintenant je ne fais plus que ça.
Tu as appris la guitare seul ?
Oui, j'ai toujours appris les instruments que je jouais, seul. Le seul cours de batterie que j'ai pris à douze ans m'a complètement démoralisé. Je me souviens, mon professeur m'a dit : "Allez, on va faire un morceau de Paul Young !". Moi je ne jurais que par les Sheriff à cet âge, et je ne comprenais pas pourquoi je devais apprendre avec du Young. J'ai aussi fait du solfège petit, et pareil, je devais faire quatre ans de solfège avant d'avoir le droit de faire un instrument. Autant dire que ça m'a dégouté également ! Ça m'a rendu colère ! D'autant que j'étais premier de la promotion, mais moi, je voulais taper sur un tambour, faire du violon, souffler dans quelque chose... et du coup, j'ai laissé tomber. J'ai travaillé à mon rythme, d'abord sur une corde, en essayant de trouver des mélodies, puis j'en ai mis une deuxième, et ça s'est fait tout seul. Et surtout, mes professeurs de musique, ce sont mes disques.
Tu parlais de vinyles tout à l'heure. J'imagine que ce stock était à tes parents, ou même aux grands-parents ?
Alors, ça, c'est une histoire un peu magique : j'ai un oncle qui a fait son service militaire en Allemagne entre 1971 et 1973, féru de disques et de musique, et il a acheté 500 vinyls là-bas. Lorsqu'il est décédé, j'ai récupéré tous ces vinyls et même si je ne comprenais pas tout, lorsque j'ai commencé à lire, par exemple, les Rock et Folk, j'ai réalisé que la plupart des disques dont parlait le magazine était déjà dans ma chambre. Et plus tard, lorsque j'ai vraiment commencé à m'intéresser à la musique - car je suis un peu chercheur maintenant, tout m'intéresse - ce stock de disques me sert toujours de base.
Tu disais tout à l'heure avoir toujours appelé ton groupe Boogers. Pourquoi ce choix ?
Le projet Boogers a débuté lorsque j'avais douze ou treize ans, chez mes parents, dans leur cave. J'étais enfant unique, et j'écoutais beaucoup de vinyles, j'avais plein de stocks, et j'ai décidé de m'acheter une quatre piste à K7 et une guitare sèche, et de là, c'est allé très vite. J'ai tout de suite appelé ça Boogers par contre. Par la suite, j'ai joué dans plein de groupes, en gardant la même ambiance que dans mon projet initial. Puis, lorsque j'ai eu un ordinateur, j'ai fait une synthèse des morceau que je faisais ado, tout en continuant de m'essayer à des groupes plus importants qui me permettaient de voir ce que je voulais jouer et faire ; par ailleurs, tout ce que je ne pouvais pas faire dans Boogers, je le faisais dans ces groupes-là. Mais maintenant je ne fais plus que ça.
Tu as appris la guitare seul ?
Oui, j'ai toujours appris les instruments que je jouais, seul. Le seul cours de batterie que j'ai pris à douze ans m'a complètement démoralisé. Je me souviens, mon professeur m'a dit : "Allez, on va faire un morceau de Paul Young !". Moi je ne jurais que par les Sheriff à cet âge, et je ne comprenais pas pourquoi je devais apprendre avec du Young. J'ai aussi fait du solfège petit, et pareil, je devais faire quatre ans de solfège avant d'avoir le droit de faire un instrument. Autant dire que ça m'a dégouté également ! Ça m'a rendu colère ! D'autant que j'étais premier de la promotion, mais moi, je voulais taper sur un tambour, faire du violon, souffler dans quelque chose... et du coup, j'ai laissé tomber. J'ai travaillé à mon rythme, d'abord sur une corde, en essayant de trouver des mélodies, puis j'en ai mis une deuxième, et ça s'est fait tout seul. Et surtout, mes professeurs de musique, ce sont mes disques.
Tu parlais de vinyles tout à l'heure. J'imagine que ce stock était à tes parents, ou même aux grands-parents ?
Alors, ça, c'est une histoire un peu magique : j'ai un oncle qui a fait son service militaire en Allemagne entre 1971 et 1973, féru de disques et de musique, et il a acheté 500 vinyls là-bas. Lorsqu'il est décédé, j'ai récupéré tous ces vinyls et même si je ne comprenais pas tout, lorsque j'ai commencé à lire, par exemple, les Rock et Folk, j'ai réalisé que la plupart des disques dont parlait le magazine était déjà dans ma chambre. Et plus tard, lorsque j'ai vraiment commencé à m'intéresser à la musique - car je suis un peu chercheur maintenant, tout m'intéresse - ce stock de disques me sert toujours de base.
Tu disais tout à l'heure avoir toujours appelé ton groupe Boogers. Pourquoi ce choix ?
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Surtout parce que ça sonnait bien ! Mais je lisais aussi un comics, Krusty le Clown, qui malheureusement était en anglais à l'époque, et dans lequel le gamin se plaignait de s'être fait voler sa collection de boogers. Et je trouvais ce mot super. Lorsque j'ai sorti mon premier disque sous le nom de Boogers, un copain anglais m'a dit : "C'est super, mais c'est quand même bizarre que tu t'appelles "Crottes de nez" !". Ah... Mais c'était trop tard ! Du coup, maintenant, je fais croire que c'est un nom danois (rires).
On en arrive donc à ton dernier album, As Clean As Possible. Tout d'abord, arrêtons-nous sur son nom ; de quoi s'agit-il, lorsque tu parles de "nettoyer autant que possible" ?
Au début, j'avais fait un maxi qui s'appelait As Dirty As Possible, dont le titre venait d'un album des Thugs, As Happy As Possible (sorti en 91 ou 92). Du coup, As Dirty As Possible me ressemblait bien, parce que j'aime quand ma musique est un peu crado, un peu usée et qu'elle a de la patine. On a donc démarché avec ce maxi, et c'est là que j'ai rencontré At(h)ome, le label, qui m'a donné de l'argent pour pouvoir enregistrer dans un studio ; et plus le mixage avançait, plus je me disais : "Ca sonne pas dirty, ça !". Et c'est donc devenu : As Clean As Possible. Puis, pour terminer, le copain qui a fait la pochette, qui sort tout juste des Beaux-Arts, et qui a plein d'idées, a proposé un fond blanc "propre" avec tout mon merdier sur le côté ; c'est exactement l'album : propre, mais avec tout mon foutoir !
Ça n'a donc pas été dur de se détacher de ce son un peu crade pour passer à quelque chose de plus lisse ?
Absolument pas, puisque c'est ce que je voulais. Le son crade n'était pas une volonté, mais une fatalité (rires). Et c'est aussi parce que j'enregistre dans des conditions minimes, à savoir, je pose juste un micro par terre, mais uniquement parce que si je n'enregistre pas de suite, je vais oublier. C'est pour ça qu'on peut entendre ma copine faire la vaisselle derrière sur un morceau ; mais sans ce bruit de vaisselle, le morceau ne marche pas !
Concernant le contenu de cet album, quels sont les sujets que tu as voulu aborder ? Est-ce que tu as voulu prendre le contre-pied, comme tu le fais déjà dans l'ensemble de ce projet, ou es-tu resté très terre-à-terre ?
Les paroles, c'est ce que je fais en dernier, parce que ça m'angoisse toujours un peu, d'autant que je ne suis pas un bon anglophone. De plus, je considère le chant comme un instrument, et, du coup, lorsque je compose, je commence avec des lignes de chant en onomatopés, que je remplace ensuite par des mots en anglais qui y ressemblent un peu (rires). Je dois avoir le mot "love" dans tous mes morceaux ! En plus, je suis un grand fan de Weezer, et je fais un peu pareil niveau textes
Surtout parce que ça sonnait bien ! Mais je lisais aussi un comics, Krusty le Clown, qui malheureusement était en anglais à l'époque, et dans lequel le gamin se plaignait de s'être fait voler sa collection de boogers. Et je trouvais ce mot super. Lorsque j'ai sorti mon premier disque sous le nom de Boogers, un copain anglais m'a dit : "C'est super, mais c'est quand même bizarre que tu t'appelles "Crottes de nez" !". Ah... Mais c'était trop tard ! Du coup, maintenant, je fais croire que c'est un nom danois (rires).
On en arrive donc à ton dernier album, As Clean As Possible. Tout d'abord, arrêtons-nous sur son nom ; de quoi s'agit-il, lorsque tu parles de "nettoyer autant que possible" ?
Au début, j'avais fait un maxi qui s'appelait As Dirty As Possible, dont le titre venait d'un album des Thugs, As Happy As Possible (sorti en 91 ou 92). Du coup, As Dirty As Possible me ressemblait bien, parce que j'aime quand ma musique est un peu crado, un peu usée et qu'elle a de la patine. On a donc démarché avec ce maxi, et c'est là que j'ai rencontré At(h)ome, le label, qui m'a donné de l'argent pour pouvoir enregistrer dans un studio ; et plus le mixage avançait, plus je me disais : "Ca sonne pas dirty, ça !". Et c'est donc devenu : As Clean As Possible. Puis, pour terminer, le copain qui a fait la pochette, qui sort tout juste des Beaux-Arts, et qui a plein d'idées, a proposé un fond blanc "propre" avec tout mon merdier sur le côté ; c'est exactement l'album : propre, mais avec tout mon foutoir !
Ça n'a donc pas été dur de se détacher de ce son un peu crade pour passer à quelque chose de plus lisse ?
Absolument pas, puisque c'est ce que je voulais. Le son crade n'était pas une volonté, mais une fatalité (rires). Et c'est aussi parce que j'enregistre dans des conditions minimes, à savoir, je pose juste un micro par terre, mais uniquement parce que si je n'enregistre pas de suite, je vais oublier. C'est pour ça qu'on peut entendre ma copine faire la vaisselle derrière sur un morceau ; mais sans ce bruit de vaisselle, le morceau ne marche pas !
Concernant le contenu de cet album, quels sont les sujets que tu as voulu aborder ? Est-ce que tu as voulu prendre le contre-pied, comme tu le fais déjà dans l'ensemble de ce projet, ou es-tu resté très terre-à-terre ?
Les paroles, c'est ce que je fais en dernier, parce que ça m'angoisse toujours un peu, d'autant que je ne suis pas un bon anglophone. De plus, je considère le chant comme un instrument, et, du coup, lorsque je compose, je commence avec des lignes de chant en onomatopés, que je remplace ensuite par des mots en anglais qui y ressemblent un peu (rires). Je dois avoir le mot "love" dans tous mes morceaux ! En plus, je suis un grand fan de Weezer, et je fais un peu pareil niveau textes
: en trois mots c'est réglé ! "I miss you", beaucoup, "I trust you" aussi qu'est pas mal. "Run away" aussi... ! Le plus drôle étant que, lorsque je relis mes textes un an plus tard, je me rends compte qu'ils ont un vrai sens et surtout, que je suis d'accord avec le message ! Pour te donner un exemple concret, "Lost My Lungs" se situe dans un aéroport, à Lisbonne, pendant un transfert ; je cherchais désespérément un endroit où fumer et je suis un panneau indicateur avec le symbole de la cigarette. Et là, j'arrive devant une cigarette géante, d'au moins trois mètres, avec un ventilateur au-dessus, un trait rouge par terre et un flic qui surveille. Et il fallait fumer dans le trait rouge ; c'était ça, "I lost My Lungs" ! C'était magique.
D'un point de vue musical, pour ceux qui ne le savent pas, tu joues tous les instruments dans Boogers (one man band, pour le terme technique). Ce n'est pas un peu contraignant ?
Au début de Boogers, on était deux, je faisais toute la musique et lui jouait avec moi pendant les concerts. Mais ça me rendait fou ; je n'avais pas la patience, en répèt, de lui montrer et lui expliquer ce que j'avais composé. Et je serrais déjà pas mal les dents dans les autres groupes où je jouais - je m'énervais un peu tout seul. De jouer tout seul, c'est plus par facilité : je sais ce que je veux. Après, ça ne m'empêche pas de "bosser" avec des gens, c'est-à-dire que dans le studio où je suis, je laisse toujours la porte ouverte et il y a pas mal de passages, de groupes qui répètent aussi, et j'adore que les gens passent écouter et participent. Mais ce n'est pas un vrai travail collectif.
Pour ce nouvel album, tu as choisi la représentation "sac à dos" dans la rue, afin de jouer tous tes instruments. Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu recherches, cette forme de concert originale, à chaque fois ?
J'ai un petit complexe, à savoir que lorsque je suis sur scène, je ne suis pas avec un groupe, mais avec un lecteur laser qui lit mes versions. Moi je joue de la guitare et je chante par-dessus. Et comme je n'ai pas le sentiment d'être un vrai groupe, je me suis toujours forcé ou amuser à faire autre chose, comme ne pas jouer sur la scène, par exemple. J'adore jouer dans les toilettes des festivals, également ; c'est une formule que je propose de temps en temps, où je joue de l'heure d'ouverture à l'heure de fermeture, avec un set en boucle, dans les toilettes, en hauteur par rapport aux gens ; le but étant de vider la salle pour que le public aille dans les toilettes ! Par ailleurs, c'est un vrai challenge, car jouer cinq heures non-stop te met totalement en transe. A la fin, il faut ma porter. Et le concept du sac-à-dos me permet de jouer partout, et de casser le rythme d'un vrai concert : balances, catering, scène, etc. C'est un peu chiant, à la fin.
D'un point de vue musical, pour ceux qui ne le savent pas, tu joues tous les instruments dans Boogers (one man band, pour le terme technique). Ce n'est pas un peu contraignant ?
Au début de Boogers, on était deux, je faisais toute la musique et lui jouait avec moi pendant les concerts. Mais ça me rendait fou ; je n'avais pas la patience, en répèt, de lui montrer et lui expliquer ce que j'avais composé. Et je serrais déjà pas mal les dents dans les autres groupes où je jouais - je m'énervais un peu tout seul. De jouer tout seul, c'est plus par facilité : je sais ce que je veux. Après, ça ne m'empêche pas de "bosser" avec des gens, c'est-à-dire que dans le studio où je suis, je laisse toujours la porte ouverte et il y a pas mal de passages, de groupes qui répètent aussi, et j'adore que les gens passent écouter et participent. Mais ce n'est pas un vrai travail collectif.
Pour ce nouvel album, tu as choisi la représentation "sac à dos" dans la rue, afin de jouer tous tes instruments. Est-ce que c'est aussi quelque chose que tu recherches, cette forme de concert originale, à chaque fois ?
J'ai un petit complexe, à savoir que lorsque je suis sur scène, je ne suis pas avec un groupe, mais avec un lecteur laser qui lit mes versions. Moi je joue de la guitare et je chante par-dessus. Et comme je n'ai pas le sentiment d'être un vrai groupe, je me suis toujours forcé ou amuser à faire autre chose, comme ne pas jouer sur la scène, par exemple. J'adore jouer dans les toilettes des festivals, également ; c'est une formule que je propose de temps en temps, où je joue de l'heure d'ouverture à l'heure de fermeture, avec un set en boucle, dans les toilettes, en hauteur par rapport aux gens ; le but étant de vider la salle pour que le public aille dans les toilettes ! Par ailleurs, c'est un vrai challenge, car jouer cinq heures non-stop te met totalement en transe. A la fin, il faut ma porter. Et le concept du sac-à-dos me permet de jouer partout, et de casser le rythme d'un vrai concert : balances, catering, scène, etc. C'est un peu chiant, à la fin.
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interview réalisée par Elisa
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