Après l’inégal
Diamond Dogs, qui a marqué une nette baisse de qualité globale,
David Bowie se devait de rebondir. Ses problèmes de drogues s’améliorent à peine mais il est toujours conscient, comme lorsqu’il a écrit
Diamond Dogs, que l’époque glam rock appartient déjà au passé et qu’il faut tourner la page Ziggy Stardust-
Aladdin Sane. Le choix pour lequel il opte dans
Young Americans est radicalement différent de celui de
Diamond Dogs, fini les concepts apocalyptiques et compliqués, Bowie explore ici l’une de ses faces encore inconnus, la musique dite noire. La soul a en effet forgé une partie de sa culture et le funk est en pleine explosion en 1975, ce qui a fortement imprégné
Young Americans.
Le morceau-titre justement est un funk dansant et efficace, au groove imparable imprimé par le saxophone, et bien qu’il soit entaché par les prémices de ce qu’on appellera la disco, il reste de bonne qualité. Le tube de l’album
Fame, a été écrit avec
John Lennon, mais n’en est pas moins une grosse déception, funky certes, mais trop linéaire, ennuyeux et franchement lassant. La suite de l’album se démarque nettement de ces deux titres, plus posée, plus soul, avec un côté rêveur hérité de ses premiers albums. C’est notamment le cas de Right, Win ou
Can You Hear Me, la voix de Bowie s’acclimate à merveille avec l’ambiance gospel imprimée par les choeurs féminins, et le groove délicat est cette fois épuré, bien que peu original. Fascination et Somebody Up There Likes Me sont sans doute les deux meilleurs titres de l’album, le funk et la soul y sont parfaitement dosés, et certains airs de clavier annoncent déjà l’album suivant.
A ceux qui prédisaient sa chute,
David Bowie apporte une réponse mitigée. Il a certes réussi à rebondir dans un style différent et plus cohérent que
Diamond Dogs, mais d’une manière contraire à sa volonté de recherche perpétuelle. Le Bowie inventif et visionnaire cède ici sa place à un Bowie sérieux, appliqué, capable de réussir un bon album de soul/funk, mais surtout soucieux de reprendre confiance en lui. Seulement
David Bowie est un grand et comme tous les grands il arrivera à renaître de ses cendres, et ce qu’on ne sait pas encore en 1975 c’est que
Young Americans contribuera à son nouveau virage sur l’album du retour au sommet
Station to Station.
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