«
Yield », la cinquième livraison de nos
Pearl Jam internationaux, est un peu l’album d’une certaine forme de résurrection. En effet, le groupe était allé au bout du bout d’une phase de recherche totale d’intégrité, se coupant de son public, le tout baignant dans une ambiance délétère de Tensions entre les membres, de départ des batteurs…
Pour «
Yield », le groupe a dû avoir un sursaut et une prise de conscience en se disant qu’a continuer ainsi c’était le sabordage définitif et le dépôt de bilan assuré. C’est parfois aussi le bon moyen de devenir un groupe culte mais bon, nos 5 musicos avaient semble-t-il encore des choses à nous dire et ne souhaitaient pas encore s’arrêter en si bon chemin. Ils ont pour cela resserré les rangs, c’est ainsi que «
Yield » apparait plus apaisé au niveau de sa conception où la composition est plus collégiale et non plus le fait d’un seul qui impose aux autres. Et le line-up se stabilise.
Pearl Jam veut revenir à la lumière et renoue avec un rock puissant et très électrique, le tout teinté d’un brin de mélancolie. Mais atTention, c’est quand même bien moins hargneux que cela a pu l’être sur des livraisons précédentes, c’est plus décontracté on va dire. Cela se ressent d’ailleurs au niveau des rythmes qui, d’une manière générale, ne sont pas des plus excités ou du chant d’
Eddie Vedder assez posé.
Sur une majorité de titres, on navigue entre calme et tempête. Ça démarre doucement, on croit parfois que l’on va avoir droit à la traditionnelle ballade mais rapidement ça monte en puissance, les guitares deviennent plus mordantes et acérées. Dans cet état d’esprit, on trouve « Faithfull », « No Way » aux guitares étonnement lourdes sur certains passages, «
Given to Fly » assez entrainante, « In Hiding », « Pilate » aux refrains assez énervés ou encore « All Those Yesterdays ». On a aussi le droit à quelques séquences plus percutantes et bien senties avec « Brain of J » qui ouvre le bal de manière très efficace, riffs en béton et rythmique carrée, mais également «
Do the Evolution » avec un
Eddie Vedder énervé et très en verve ou encore « Mfc », accrocheur en diable laissant planer une ambiance de grands espaces US.
Le groupe ne rompt pas pour autant complètement avec son effort précédent sur «
Wishlist », plus grave et dépouillé mais également en nous livrant la traditionnelle ballade, finalement la seule et véritable de l’album à savoir «
Low Light » cependant moins marquante que ce que l’on a pu connaitre auparavant. On les a connus un peu plus en forme. De même qu’au niveau des textes, «
Yield » est un peu dans la continuité de «
No Code » avec son approche contemplative et introspective sur la vie, les rapports humains, l’évolution de la société avec une forte influence de la littérature américaine contemporaine.
Enfin, il manquerait quelque chose sans les délires musicaux ou morceaux un peu plus décalés. Et «
Yield » ne déroge pas à la règle sur l’étonnant « Push me Pull me » à l’ambiance particulière avec sa grosse ligne de basse, son rythme bizarre et son chant presque parlé, mais également sur le très tribal «
Red Dot » ainsi que sur le morceau sans nom plutôt dansant, en piste caché après « All Those Yesterdays », fleurant bon le folklore est-européen.
Même si l’éclectisme est toujours de mise, «
Yield » apparait quand même comme assez homogène dans son ambiance et sur le plan sonore. C’est également l’album le plus accessible, le plus ouvert, mais sans vouloir forcément tomber dans le commercial à tout prix, ce qui n’est pas le genre de la maison. D’ailleurs,
Pearl Jam ne s’en ai jamais caché et l’objectif était clairement dans ce sens afin peut-être de ne pas s’enferrer dans un espèce d’underground musical d’où il est parfois difficile de s’échapper. La production est cohérente avec la démarche, en étant plus « léchée », rendant le produit plus propre, supprimant les petites aspérités. Alors, c’est sûr, «
Yield », avec son côté plus sage, arrive après 4 albums aux fortes personnalités et pourra souffrir de la comparaison. On se dira "c’est moins inTense que « Ten », moins hargneux que « VS », moins glauque que «
Vitalogy », moins intégriste que «
No Code »". Mais bon,
Pearl Jam s’en sort plutôt bien, ça reste quand même bien foutu, le coup de patte est toujours là, les mélodies sont plutôt bonnes et l’ensemble se laisse bien écouter. Il est évident que
Yield n’est pas le meilleur album du quintette de Seattle mais ça reste au-dessus de bien des productions dont on nous rabat souvent les oreilles comme étant les dernières merveilles du rock.
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