A Day to Remember est bien l’un de ces groupes que l’on adore détester. Mais que l’on aime ou non, on ne peut que reconnaître l’énorme succès que le groupe engendre, partout où il passe. Quatrième album qui a la lourde tâche de succéder au bien relevé «
Homesick » qui a lui-même dû suivre les deux bombes qu’étaient «
And Their Name Was Treason » et «
For Those Who Have Heart ».
Tout n’était pas gagné pour le groupe lors de la sortie du premier album. Leur savant mélange (entre autres) Pop-Hardcore-Punk était raillé de tous les côtés. Inutile de dire que si le groupe était issu des contrées françaises, il aurait bien eu du mal à percer. Mais aux Etats-Unis, ce genre de groupe est à la mode et les performances d’
A Day to Remember ont bien aidé à sauver le label Victory Records.
«
What Separates Me from You » n'a pas vraiment était composé dans les meilleures conditions qui soient. Depuis «
Homesick », le groupe n'a quasiment pas cessé d'écumer les planches de concert, sans doute pas le meilleur moyen d'enregistrer et de construire avec une bonne inspiration. En France,
AqME avait tenté l'expérience d'enregistrer « La Fin des Temps » en express pendant la tournée de « Polaroids & Pornographie ». Résultat : « La Fin des Temps » s'est complètement planté. Verdict pour
A Day to Remember ?
Je le dis dès le début : les adeptes des mosh-part et des vocaux hurlés seront déçus, car ceux-ci sont en très larges minorités. Le chant clair et le Punk-Pop ensoleillé ont pris le pas et le tout reste très désagréable à l'oreille tant le manque d'inspirations du groupe semble évident. Pourtant, tout commence vraiment bien, « Sticks & Bricks » s'ouvre sur un growl sauvage et intense vite rattrapé par la violence des guitares et la très bonne vitesse et précision de la batterie. Et puis on retrouve vite les marques du Metalcore basique avec ce refrain hyper catchy et popisant à apprécier au goût de chacun.
Ce qui risque également de surprendre dans cet album est la curieuse disposition de la tracklist. C’est très étrange de passer du ultra-tubesque « This Is the House That Doubt Built » qui réunis en une piste tous les clichés du groupe basique (intro acoustique + pop entendus mille fois au refrain et break ennuyant au possible avec ce mauvais côté
Blink 182) et d’enchaîner directement avec la courte, mais brutale, « 2nd Sucks », deux minutes et demi d’une violence jouissive sans aucune trace d’un quelconque chant clair. Un titre à même de retourner tout une salle de concert par son explosivité. Même remarque (mais en pire) pour le tube à même de faire mouiller les petites écolières toutes baveuses sur la pompeuse « All Signs Point to Lauderdale », entre fausse demi-larme sur les mauvaises envolées émotives des couplets et l’image de la bande de jeunes qui se dandinent sur la plage que nous apportent les refrains et qui se fait suivre par « You Be Tails, I’ll Be Sonic » entre rapidité accrue et puissance à tous les niveaux (et même les refrains sont vraiment entrainants, bien que le chant clair soit toujours autant catchy).
Mais mis à part trois titres purement Punk-Hardcore, l’ensemble de l’album tournera sur une désagréable facilité de très mauvais goût. Ce ne sont pas des titres presque Pop comme « Better
Off This Way » avec ses refrains d’une débilité absolue et que les rares hurlements ne parviendront pas à rattraper. Néanmoins, même sans se faire violence, le groupe nous propose quand même des titres agréables comme « Out of Time ». Ici non plus, l’originalité ne brille pas, mais force est de reconnaître qu’il y a quelque chose de bien sympathique sur ces guitares bien maniées et ce chant bien entraînant. Et il est inutile de citer le « It’s Complicated » faisant nettement penser à un
Simple Plan ou un « If I Leave » bien trop sucré pour être naturel.
Pour relativiser, on peut toujours retenir la production, clean et efficace malgré tout, un Jeremy McKinnon qui a toujours la pêche malgré son absence de vocaux rageurs comme on aime, des gratteux bien présents et qui manient leurs manches avec efficacité malgré le peu d’inspirations de leurs musiques et enfin un batteur qui assure ses parties d’une bien belle manière. Et puis on peut toujours se rassurer en se disant que ce disque ne dure qu’à peine plus d’une demi-heure…
À l’image du clip de «
All I Want » et de sa pléiade de stars coreuses et pop, l’album n’aura aucun mal à trouver son public. Mais voilà, reste que malgré trois titres rappelant le bon vieux
A Day to Remember et quelques bribes de bonnes idées trop mal exploités, cet album est cruellement et salement mielleux et cul-cul. Un virage de style extrêmement dangereux que le groupe a semble-t-il composé beaucoup trop vite.
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