Dès les premières secondes de «
Frederick », le constat de l’orientation pop se dégage. On y entend aussi du rock, des chœurs, des notes de synthé dont la virtuosité relative penche du côté du rock progressif. Finalement la chanson, qui ne paie pas de mine, passe plutôt bien. Mais c’est surtout «
Dancing Barefoot » qui retient l’attention, l’un des titres phares de la carrière de
Patti Smith, au même titre que «
Gloria » et «
Because the Night », et dont la liste des groupes qui ont payé leur tribut à ce morceau parle d’elle-même :
The Feelies,
The Mission, U2,
Simple Minds,
Pearl Jam, pour n’en citer que quelques-uns.
Dans le même esprit que «
Frederick », mais plus rock, plus étoffé, plus spirituel, plus intense, avec un déchaînement de la batterie aux abords de la quatrième minute, le regard du
Patti Smith Group sur « So You Want to Be (A Rock 'n' Roll Star) » des Byrds apporte incontestablement à ce classique le fruit des évolutions opérées entre temps, évolutions auxquelles
Patti Smith a grandement contribué. Il y a donc une pleine légitimité de la reprise, un dialogue constructif entre les décennies. On y retrouve le défoulement déjà présent sur la reprise de « My Generation » des Who, avec une technicité supplémentaire, entièrement vouée à l’émotion.
Après l’interlude d’ « Hymn », « Revenge » tient cet équilibre savoureux, à la manière d’une existence vécue dangereusement mais avec maestria, que
Patti Smith a toujours su respecter entre la voix soul et les guitares électriques qui lui répondent de plus belle, s’élevant au même niveau que « I Put a Spell on You » de
Screamin' Jay Hawkins. Si l’on aime justement les guitares électriques (et aussi l’orgue, en guise de complémentarité), on passera en boucle «
Citizen Ship », en se disant que le point culminant de l’opus a été atteint.
« Seven Ways of Going » démarre laborieusement, le chant et le clavier comme dédiés à un concours de lenteur. Heureusement que la guitare électrique, toujours elle, vient à leur secours au bout d’une minute et demi. Puis la batterie envoie du bois, ainsi que le saxophone en mode free jazz. La marche pop rock de « Broken Flag » est déjà beaucoup moins recherchée musicalement, même si sa mélancolie présente, il est vrai, un côté sympathique, et la chanson comporte quelques variations bien senties malgré tout. D’une narrativité remarquable, avec une ambiance où l’on reconnaît toute la fébrilité d’une rencontre, d’une déclaration, parole timide perdue parmi les notes de piano latines qui tremblent entre la plage et l’horizon, comme amplifiées par le souffle du vent, «
Wave » conclut aussi simplement qu’une tranche de vie.
D. H. T.
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