Même si "
Ring of Changes" n’a pas eu un succès à la hauteur de sa qualité, les 3 Britanniques de
Barclay James Harvest n’ont cependant pas à se plaindre, leur notoriété restant toujours au zénith. Le groupe ayant pour habitude d’offrir un album par an à ses fans, il ne déroge pas à la règle en cette année 1984 en nous proposant ce "
Victims of Circumstance" à la pochette décorée d’une tête de clown mais dont l’emblématique papillon n’a pas disparu pour autant. Pip Williams reste à la production et les claviers et arrangements sont à nouveau confiés à Bias Boshell, ce qui pourrait laisser envisager ce nouvel album comme une continuité du précédent.
Ce sentiment est renforcé dès les premiers accords d’un "Sideshow" aux accents de "Fifties Child", titre d’ouverture de "
Ring of Changes". La mélodie n’est pas très éloignée, de même que les interventions d’un orchestre apportant une amplitude enthousiasmante à ce titre. La nouveauté réside en la présence de chœurs féminins, que nous retrouverons sur d’autres titres de l’album, et qui donnent une puissance supplémentaire à l’émotion procurée. BJH se réfère également à une de ses offrandes précédentes, à savoir l’incontournable "
Turn of the Tide", le temps d’un enchaînement "Say You’ll Stay" – "For Your
Love" du meilleur effet. Le premier, entraînant et naïf, reprend une recette déjà utilisée pour "
Life Is for Living", sans pour autant sombrer dans la redite. La superbe ballade, "For Your
Love" n’est quant à elle, pas sans rappeler "How Do You Feel
Now", même si les chœurs féminins viennent amplifier l’émotion déjà présente sur ce dernier, et alors que John Lees nous délivre un de ces solos gorgés de feeling dont il a le secret, toujours soutenu par un orchestre en démultipliant les qualités.
Cependant, ces titres ne doivent pas nous faire penser que BJH s’endort sur ses lauriers et refuse désormais de prendre le moindre risque. En effet, nos sujets de sa gracieuse majesté savent également se montrer un brin aventureux. Ainsi, s’ils ne vont pas jusqu’à faire concurrence aux références du métal extrême, ils durcissent tout de même le ton sur 3 titres en particulier. "Hold On" bénéficie d’une intro assez rock à la guitare, d’un refrain immédiat renforcé par les chœurs féminins et qui vient alterner avec des couplets adoucit par la voix de Les Halroyd. "Rebel Woman" est plus épuré et voit des refrains percutants bénéficier de la voix de John Lees, plus en adéquation avec ce style. Enfin, si "Inside My Nightmare" a peut-être un peu plus mal vieilli que ces 2 titres, il n’en demeure pas moins efficace, rehaussé par des paroles fortes traitant de la mort de l’être aimé au cours d’un accident de voiture dont le narrateur serait responsable pour cause d’alcoolémie excessive. Plus gai est "Watching You" où Les Halroyd s’essaye à un espèce de reggae atmosphérique plutôt surprenant sans être désagréable, bien au contraire.
Au milieu des références à la discographie du groupe et des tentatives d’ouvertures à de nouveaux styles, BJH nous gratifie d’un titre éponyme qui sera choisi comme single, et qui malgré un rythme légèrement syncopé et sans être désagréable, a cependant un peu de mal à décoller. Enfin, l’album se clôture sur un des ces atterrissages en douceur dont le groupe s’est fait une spécialité. "I’ve Got This Feeling" reste dans la tradition des ballades aériennes telles que "Play To The World" ou "
Waiting for the Right Time" tout en s’en distinguant par un duel de solos, entre guitare et claviers, du meilleur goût.
Sans atteindre le niveau de son prédécesseur, "
Victims of Circumstance" reste tout de même un album d’une qualité au dessus de la moyenne et est doté de nouveaux joyaux mélodiques venant enrichir la collection déjà bien garnie de BJH. De plus, il n’est pas courant de voir un groupe établit se frotter à de nouveaux styles avec les risques que cela comporte. Même si la réussite n’est pas toujours au rendez-vous de ces expériences, la démarche mérite cependant le respect, d’autant qu’elle apporte encore son lot d’émotions.
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