Trop de netteté tue la netteté et ce genre de musique demande nettement plus de vie et d'ambiance
Le Math-Rock est un genre terriblement embouteillé. Instrumental de son état, De Gonzague évolue en duo et tente comme il faut de promouvoir son art mathématique dans un système ne se renouvelant quasiment pas. Guitare-batterie uniquement, la formule en soi n'impose pas franchement l'envie de sauter de joie. «
Torpedo Deluxe » est le deuxième EP du duo Lyonnais, portant relativement mal son nom puisque la torpille ne nous foudroiera pas tant que ça.
Car dès le « Box Office » d'introduction lancé, on sait tout de suite à quoi s'attendre : du Math-Rock extrêmement appliqué et reproduisant à la perfection ce que les modèles du genre ont pu produire. Le groupe propose non pas des riffs alambiqué et partant dans tous les sens, mais plutôt une succession de plan orchestrant différentes cassures rythmiques au sein d'un même morceau, ayant de ce fait du mal à véritablement donner un cap et une âme à son essence.
Cette envie de ne pas nous balancer une surenchère de technique pouvant parfois plus s'apparenter à de la branlette de manche qu'autre chose est tout à l'honneur du groupe, sauf que la mayonnaise ne prend pas. Car hormis sur la très efficace et jazzy « S/T #6 », la production manque clairement de profondeur et de puissance, nous laissant sur le carreau avec des morceaux excessivement secs. Une basse ne serait peut-être pas de trop.
De ce fait, l'attention décroît au fur et à mesure de l'album, la production lourde et soporifique n'aidant pas. Dommage, car de nombreux plans sont plutôt intéressants et mériterait de s'y attarder, comme le petit côté rock sudiste de l'ambiance de « Bermudes » ou bien les parcelles atmosphériques explorées avec « Chuck Barry » (faisant parfois penser aux accords de «Beat It » de Michael Jackson, mais bon...). À l'inverse, le côté très brouillon de cette superposition de riff sur « Practical Workshop » aura de quoi coller des migraines à l'auditeur le plus attentionné.
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Torpedo Deluxe » n'est pas aussi bon qu'il aurait pu l'être. De Gonzague maîtrise le cœur même du Math-Rock, mais ne parvient pas à le restituer de la meilleur des façons sur un disque que l'on peut considérer soit de très sec, soit de mal produit, trop de netteté tue la netteté et ce genre de musique demande nettement plus de vie et d'ambiance. Mais toutefois, il n'y a aucune raison qu'avec plus de crasse dans l'enregistrement et une guitare bien plus grasse, les Lyonnais ne pourront pas rivaliser avec la bonne classe !
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