Après avoir galéré pendant 2 ans, le groupe new-yorkais du Velvet Underground commence à se faire une réputation, bien qu’elle s’arrête aux seuls milieux underground justement, à tel point que la boite de production d’Andy Warhol en personne prendra le groupe sous son aile en cette année 1967. Le quatuor sera rejoint par la chanteuse
Nico qui apportera le plus Warhol dans les prochaines compositions. Le groupe évolue rapidement, très rock ‘n’ roll-pop rock au départ, celui-ci prend de gros accents psychédéliques dans son premier album, ce qui définira son style traditionnel. La pochette est devenue très célèbre, elle représente une banane signée Andy Warhol, qui aura tout fait pour modeler le groupe à sa manière.
The Velvet Underground &
Nico s’ouvre sur
Sunday Morning, un départ en douceur avec un titre très mélodique qui sonne brit pop, en plus planant, en tout cas rien ne laisse présager ce qui va suivre. Malgré cette légèreté très affirmée,
Sunday Morning est un titre sublime et brillant qu‘on ne peut qu'aimer. Par la suite on pénètre progressivement dans l’univers Velvet Underground, avec d’abord I'm Waiting for the
Man, encore assez pop rock à l’anglaise, mais avec une ambiance qui se fait plus pesante et un rythme répétitif et martial. Femme Fatale est le premier titre chanté par
Nico, il y reste d’ailleurs pas mal de brit pop, en plus calme et planant une fois de plus, une manière idéale de calmer le jeu avant la tempête. Et la tempête la voici avec l’immense
Venus in Furs, rythme martelé, ambiance vraiment étrange et airs déroutants, accompagnés d’une voix de
Lou Reed très sombre, on entre enfin dans le vif du sujet. Run Run Run change radicalement d’univers, cette fois l’influence
Bob Dylan est hyper-présente, et le groupe se fait plaisir en jouant dans un style folk rock qui lui est cher, bien que l'atmosphère y soit bien plus torturée. All Tomorrow’s Parties en remet une couche avec la même recette que
Venus in Furs, à savoir rythme martelé et ambiance inquiétante, cette fois chanté par
Nico, c’est l’une des nombreuses perles de l’album.
On plonge encore plus profond avec l’hymne psyché de l’album, le The End du Velvet, à savoir Heroin, cette fois le groupe frappe fort, avec un air de guitare sublime et léger, compensé par une ambiance délirante et dissonante faisant varier le tempo à tout va, ce qui crée à merveille la sensation de l'héroïnomane, en bref la définition du rock psychédélique est résumée. Le groupe recalme le jeu avec There She Goes Again, clairement brit pop à la Kinks, c’est différent sans en être moins bon. On retrouve
Nico une dernière fois dans I’ll Be Your Mirror, calme à l’image de Femme Fatale, et très mélodique. La fin de l’album atteint le sommet du psyché dissonant et délirant avec un violon volontairement faux sur Black Angel’s Death Song, d’apparence complètement désordonnée mais fascinant pour autant par sa fusion entre folk et psyché. European Son est le défouloir du groupe, l’angoisse accumulée dans les titres précédents est lâchée dans cet épilogue certes pas facile à écouter mais très significatif.
The Velvet Underground &
Nico est un album à part dans l’univers du rock. Bien qu’il fait partie des monuments du genre, qu’il est un précurseur et une référence incontestable pour le rock que l’on appellera indépendant, il n’a rencontré qu’un succès mineur à l’époque. Le grand public n’était pas prêt à écouter une telle musique, assez inaccessible il faut bien reconnaitre. Il n’empêche que les vrais connaisseurs ont été bien secoués par cet album aux sonorités nouvelles, faisant voler en éclat les limites du rock ‘n’ roll et mettant l’accent sur des expériences audacieuses et originales, un choix peu lucratif mais indispensable au développement de la musique à partir de la fin des années 60. En bref le Velvet Underground entre dans la légende dans l’anonymat et a encore des cartouches en réserve.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire