La décennie 90 n’a pas tellement souri à Yes. Malgré un projet
Keys to Ascension réussi et quelques bons albums, le groupe semble oublié de tous et peu s’y intéressent encore. Cette confidentialité est plutôt bien gérée et en 1999 sort
The Ladder, qui contrairement à ses prédécesseurs fait un retour en arrière assez évident. Dans cet album, on retrouve en effet ce qui a fait la gloire de Yes, la période 71-72 avec la trilogie Yes Album-
Fragile-
Close To The Edge.
Le premier titre justement, Homeworld, utilisé par ailleurs pour le jeu video du même nom, fait d’emblée penser au morceau
Close To The Edge par son rythme mid-tempo lourd. En dehors de cette ressemblance, Homeworld constitue une vraie gifle, les mélodies épiques, la qualité du chant, la rythmique puissante et ce final acoustique de
Steve Howe en font l’un meilleurs titres jamais composés par Yes. Malgré cela, le reste de l’album s’éloigne de ce côté
Close To The Edge et puise plutôt dans la fraicheur et la légèreté du Yes Album, avec un lifting 99, à l’image de
Face To Face, It Will Be A Good Day ou Nine Voices, on retrouve cette pop progressive délicate et aérienne qui faisait la force du groupe en 1971. Malheureusement, l’album n’échappe pas à quelques accros, un Lightning Strikes festif et à la longue un peu ridicule ou une ballade un peu trop niaise avec If Only You Knew, qui n’est pas sans rappeler la période
90125. Le titre qui suscite le plus d’intérrogation est New Language, en effets les couplets sont assez gnan-gnan et rappellent Lightning Strikes, mais le reste en revanche est extraordinaire. L’intro fulgurante et complexe est sans doute le passage le plus progressif de l’album, le refrain est accrocheur et reprend la simplicité des débuts du groupe, tandis que le passage instrumental au milieu voit un
Chris Squire retrouvé sa hargne et sa précision avec une ligne de bass digne de Roundabout.
Si presque tout le monde en ignorera l’existence, ou si d’autres ne voudront pas en entendre parler,
The Ladder est bien plus qu’un album supplémentaire dans l’immense discographie de Yes. Son approche passéiste permet de retrouver le Yes que l’on a adoré plus de 25 ans auparavant, même si il n’est pas parfait, et contient en plus un vrai monument, Homeworld, qui a lui seul justifie la survie du groupe.
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