Un Rock énergisant, un groove funky, une soul infusé de pop. Un cocktail étonnant, mais savoureusement mélangé par
The Heavy, groupe britannique sorti tout droit de l’imagination du chanteur polyvalent Kelvin Swaby et du guitariste Dan Taylor. Un premier album très remarqué, tel fut perçu «
Great Vengeance and Furious Fire », en 2007. Deux ans plus tard, c’est en 2009 que sort le second album du groupe anglais, «
The House That Dirt Built ».
Véritable révélation de la scène blues en cette année 2009, le titre « How You Like Me
Now » écrasa alors tout sur son passage. Spot publicitaire lors du Super Bowl 2010, B.O de film (« Limitless »…), multiple passage lors de talk-show internationaux,
The Heavy jouit alors d’une popularité impressionnante. Il est vrai que ce titre m’avait alors accroché l’oreille, mais je n’étais pas allé jusqu’à l’écoute de l’album. J’ai découvert ce disque très récemment. La scène : un désert, une créature étrange râlant férocement, une voiture semblable à un 4x4 lui fonçant dessus, avec à son bord, des hommes étranges, l’un d’eux, un nabot, virevoltant dans tous les sens. Et puis un train défonce littéralement cette voiture et ses occupants, laissant débuter un passage acoustique bluesy et la vision du nom de l’œuvre vidéoludique en question : Borderlands 2, et d'un titre : « Short Change Hero ».
Une énorme atmosphère cinématographique se dégage très nettement de cet album, mettant en musique un nombre improbable d'images sur un fond musical en constant changement, passant allègrement de touches Hard-Rock («
No Time »), reggae (« Cause for Alarm »), jazz («
Sixteen ») ou bien blues (« How You Like me
Now »). Et cela se sent dès l'intro Tarantinesque de quelques secondes et le rock-boogie de « Oh No ! Not You Again ! », où une guitare furieusement dansante relaie à la perfection un duo de voix étonnant entre la folie de Kelvin et le groove de la chanteuse des
Noisettes, Shingai Shoniwa.
Après ce titre instantané, c'est plus l'accalmie globale qui va nous titiller l'oreille. «
Great Vengeance and Furious Fire » était le premier album. Et pour le coup,
The Heavy a nettement mûri, ce deuxième cru étant beaucoup moins agité que le premier. Si l'on retrouve toujours des titres s'imposant dans du bon rock, ceux-ci semblent éloignés de ce dont nous avait habitués le groupe par le passé. On trouve ainsi un «
No Time » lançant un riff excessif et en continu sur la voix éraillée de Kelvin, déversant un charme envoûtant sur un titre mettant en lumière une basse groovy et des trompettes sympathiques. « What You Want Me to Do ? » impose une lourdeur plus importante sur une rythmique lourde et pesante, ainsi qu'un chant voilé pour un cocktail Heavy passionnant.
Et hormis ces titres, le tempo global de l'album se voit bien ralenti. Un mal ? Non, car quand la musique se transcende en image cinématographique comme le fait si bien
The Heavy, on apprécie, on se tait, on voyage. Et ce voyage peut nous emmener au bon vieux far-west d'Ennio Morricone avec « Short Change Hero ». On imagine un soleil épais, un cow-boy, guitare acoustique à la main, orage en fond. Et au final, un rythme entraînant, à la limite de la soul, un chant frissonnant, une douceur magnifique.
Kelvin nous transporte de son simple grain de voix. Pourquoi pas en Amérique Centrale ? La très reggae « Cause for Alarm » et son rythme effréné de basse, rappelant les merveilles hip-hop de Gorillaz à des degrés très différents. La chaleur monte d'un cran sur l'ambiance sensuelle et érotique de « Long Way from Home ». Que ça soit les élans blues de la guitare ou la voix de Kelvin, aiguë sans être mielleuse, envoûtante comme toujours.
Certains déploreront la reprise de la plupart des rythmique de « I Put A Spell On You » DU
Screamin' Jay Hawkins sur «
Sixteen ». Au final, on a donc un morceau dans une veine davantage jazz, sortant quand même son épingle de la belle prestation vocale de Kelvin, tout en groove et en éclat de voix s'accordant magnifiquement avec l'ambiance dansante des cuivres. On passera volontiers sur l'étrange « Love Like That », vieille sono pour un titre vintage, pas inintéressant, mais sûrement pas indispensable.
Eh non, on ne passera sur la rythmique jazz-r'n'b de la mythique « How You Like me
Now ». Que ça soit les cuivres, ces guitares bluesy, la batterie toute en résonance et cette basse omniprésente, tout est ajusté à la perfection pour servir au mieux les incessants changements vocaux de Kelvin, magique, comme à son habitude.
Et pourquoi ne pas finir cet album en renforçant encore davantage cette douceur ? « Stuck » conclut ainsi ce disque à l'inverse de la chanson qui le débute : par du calme. Ballade sympathique, pas foncièrement original, mais vraiment belle. Kelvin semble à fleur de peau, accompagné par une magnifique guitare acoustique. Le duo basse-batterie fait parler la douceur, relayé par quelques cordes ou piano pour renforcer cette atmosphère de délicatesse, tout en étant quelque peu maladroit sur la forme.
Véritable électron libre de la scène anglaise,
The Heavy délivre avec «
The House That Dirt Built » un album résolument charmant et charmeur, mais manquant nettement de la folie de l'opus précédent et d'un fil rouge, s'enroulant autour de trop nombreuses influences qui, même si elles sont toutes très bien exécutées, pouvant ainsi rebuter.
Merci pour cette chro' :)
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