Après 2 albums d’un Hard Rock efficace et flirtant légèrement avec le Hard FM,
Europe va sortir un album qui réussira à la fois à diviser les amateurs de Hard-Rock et à leur rallier un grand nombre de personnes jusqu’alors insensible à ce style musical. Car c’est bien d’un énorme succès commercial qu’il s’agit, en particulier grâce au titre éponyme, sorti en single et dont le monde entier a un jour fredonner la légendaire introduction aux claviers.
Et pourtant, quelle polémique dans le landernau métallique ! D’un côté, un grand nombre d’headbangers regrettent le style des 2 premiers albums du groupe et crient à la trahison aux sirènes commerciales. Difficile de leur donner complètement tort lorsque quelques recherches permettent de constater que Joey
Tempest a composé la quasi-intégralité de l’album avec l’objectif plus ou moins reconnu de toucher un public plus large et de s’imposer sur les ondes. Il ira même jusqu’à avouer s’être inspiré du morceau "Too Wild" de ses compatriotes de
Treat pour composer l’un des autres tubes de l’album, à savoir, le très rock’n’roll "Rock the Night" au solo de guitare incendiaire. D’autre part, le seul titre dont le grand blond partage l’écriture est la ballade "
Carrie", elle aussi un succès radiophonique et pour laquelle le clavier Mic Michaeli a donné un coup de main. Voilà qui, en plus du tube interplanétaire que fût, et qu’est encore, "
The Final Countdown", fait beaucoup pour les intégristes de la chapelle Metal. Ces derniers argumenteront que face à la place prépondérante donnée aux claviers par rapport aux guitares, John Norum abandonnera le navire car n’acceptant pas ces concessions. C’est d’ailleurs son remplaçant, Kee Marcello, qui apparaîtra sur le clip vidéo de "Rock the Night".
Seulement voilà, d’autres amateurs de sensations métalliques opposeront à cette vision des choses, celle d’une ouverture permettant d’amener de nouveaux amateurs à découvrir notre musique favorite. Car après tout, quel peut bien être l’intérêt de vouloir garder cet art pour quelques amateurs avertis sans le faire découvrir à des oreilles non initiées. Et puis, le succès commercial ne veut pas forcément dire une trahison du style et cet album en est la preuve. En effet, en dehors des ballades un brin mielleuses ("
Carrie") ou finissant par tourner en rond ("Time Has Come"),
Europe nous offre 8 titres de Hard FM dynamique voir catchy. Nous ne reviendront pas sur les 2 tubes précédemment cités. Par contre, il serait dommage d’oublier le percutant "Danger On The Track" où les claviers à la
Deep Purple partagent un excellent solo avec la guitare. Dans la même veine, "
Cherokee" bénéficie d’un refrain efficace et traite du calvaire du peuple indien cité. Voilà qui a le mérite de ne pas nager dans l’eau de rose. Quant à "
Heart Of Stone", il s’appuie sur une rythmique lourde pour nous servir un Hard FM musclé doté d’un refrain immédiatement mémorisable, et là aussi, John Norum nous offre un solo gorgé de feeling.
Les Suédois sont également capables d’accélérer le rythme sur "Ninja" ou "On The Loose" et ainsi, de proposer un Hard FM rapide que Tobruk n’aurait pas renié. Les claviers restent omniprésents et sont étoffés par des chœurs particulièrement bien dosés. Chaque solo distillé par Norum est une véritable pépite et nous fait regretter son futur départ. Seul "
Love Chaser" baisse un peu de niveau en fin d’album,. Il faut dire qu’il est particulièrement handicapé par un riff de clavier assez proche de celui du titre éponyme, ce qui n’en fait pas un mauvais morceau pour autant, mais la ressemblance reste difficile à oublier.
Au final, cet album sera un succès phénoménal qui aura un double effet sur la carrière de
Tempest et consorts. Le côté positif fut de mettre le groupe sur le devant de la scène musicale et d’en faire le challenger européen officiel de
Bon Jovi, et d’ainsi pouvoir bénéficier de moyens exceptionnels, autant sur ses tournées que sur la distribution de ses albums suivants. Le côté négatif quant à lui, fut d’enfermer quelques temps le groupe dans un style commercial où il finit par tourner en rond et à s’auto-parodier, ce qui débouchera sur une séparation que nous avons longtemps cru définitive. Reste cependant un album incontournable comme très peu de groupes ont eu la chance de pouvoir en écrire.
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