Pour beaucoup, Juliette Lewis, c'est l'actrice déjantée de « Tueurs Nés ». Pour d'autres, c'est aussi la chanteuse totalement allumée de Juliette & The Licks, l'incarnation vivante du bon gros rock'n'roll chevelu, qui envoi, et qui fait bien mal.
Et jusqu'ici, beaucoup avaient raison. Mais voilà, après deux superbes albums, et d'innombrables concerts explosifs, la Juliette s'est dit que trop de Rock'n'Roll tue le Rock'n'Roll. C'est pourquoi elle s'est séparée de ses comparses des Licks, pour leur préférer les New Romantiques, du moins, ça, c'est pour les concerts, parce que maintenant, Juliette Lewis agit seule.
« Seule » n'est pas vraiment le mot, en fait. Préférons « bien entourée », puisque pour cet album, l'artiste a fait appel à Monsieur Je-suis-partout-en-ce-moment, le génie Omar Rodriguez Lopez. En effet, la tête pensante de
The Mars Volta a pris les commandes, et connaissant son parcours artistique, toujours très expérimental, on s'attend à tout, et on comprend mieux le titre de l'album, qui si vous n'avez pas encore compris, signifie « En Terre Inconnue ».
Venons en au vif du sujet : la musique. Eh bien, dire que la nouvelle casquette de Juliette lui va à ravir serait un euphémisme. On se demande même pourquoi elle n'avait pas fait de la musique comme ça tout de suite ! Dès l'introduction, très sombre et mystérieuse, on met à mort la période Juliette & The Licks. Les premières notes de guitares ont vraiment le son d'Omar Rodriguez Lopez, si bien qu'on ne peut pas se tromper quant à sa participation. Les deux premiers titres sonnent parfaitement, un mélange parfait des deux univers, obscur et énergique. On est immédiatement envoûtés par la voix, qui se fait plus mélodique, mais reste tout autant criarde. Le titre «
Terra Incognita » sent le tube à plein nez, c'est jouissif !
Petite pause ensuite, avec « Hard Loving Woman », un blues sensuel, on confondrait presque avec du
Janis Joplin. Impressionnant.
La suite de l'album est dans une teinte très particulière. Ça sonne comme du Mars Volta, psychédélique, envoûtant, sombre, et original, mais Juliette rend le tout beaucoup plus facile d'accès, avec ses textes et sa voix qu'elle adapte parfaitement selon le contexte. De «
Fantasy Bar » à « Female Persecution », on voit défiler cinq chef d'œuvres à la suite, on ne sait lequel préférer.
Une petite baisse de régime à la fin de l'album, mais qui s'excuse grâce au morceau de clôture, « Suicide Dive Bombers », magnifique, émouvante, à mi-chemin entre les Smashing Pumpkins et
Radiohead.
Dans l'ensemble, l'album est génial, et Juliette Lewis nous rappelle P J Harvey dans l'intelligence de ses chansons. Musicalement, c'est du Mars Volta, sans en être vraiment. C'est bien plus accessible, mais pas moins travaillé. Difficile de trouver un défaut à cet album. C'est sur, les Licks sont loin derrière, maintenant, et même si on les aimait aussi, on ne peut pas les regretter en écoutant cette machine à claques qu'est «
Terra Incognita ».
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