TELEPHONE, c’est une histoire d’amour, un coup de cœur qui m’a pris pendant mes années collège, à une époque où je découvrais que la musique pouvait apporter des sensations et une émotion incroyable. SUPERTRAMP, KATE BUSH ou MIDNIGHT OIL étaient mes disques de chevet, mais celui qui m’a pour la première fois pris aux tripes de façon tellement intime a été TELEPHONE….
Le groupe a le courage de chanter en français, et si les paroles ont parfois un parfum de naïveté adolescente, elles n’en sont que plus touchantes. Je vous parle des paroles, car plus que la musique en elle même, se sont d’abord les textes de Aubert qui m’ont immédiatement accrochés. A la fois sincères, écorchées, revendicatives et sensibles, ses paroles racontent la vie de tous les jours, le désespoir du quotidien, l’ennui, la crasse urbaine, Jean louis parlait de ma vie, chantait pour moi…
Ce premier disque est sorti en 1977, j’avais 1 an…
Musiciens talentueux, les TELEPHONE construisent leurs compos à la fois à partir de gros riffs rock’n’roll ("Dans Ton
Lit", "
Hygiaphone", "Prends Ce Que Tu Veux"), d’ambiances beaucoup plus intimes ("Telephomme", "
Sur la Route") et de constructions à rallonge idéales pour les impros sur scène ("Métro", "
Flipper"). Aubert n’est pas un grand chanteur, mais son style braillard et spontané colle on ne peut mieux à l’énergie brute des morceaux, ce mec chante à cœur ouvert, sans retenu, avec une sincérité touchante. Bertignac, pas démonstratif, sait se faire aussi aérien que teigneux et ne donne à aucun moment l’impression de s’inspirer de ses modèles ou des groupes de rock ou de hard en vogue à cette époque. TELEPHONE, c’est assurément l’alchimie parfaite de quatre personnalités fortes qui prennent toutes un rôle important dans le groupe, pas de figuration chez TELEPHONE ! Corine, qui s’est retrouvé plutôt par hasard au sein de la formation, assure avec Richard une rythmique carrée et incarne la femme rebelle / libérée de la fin des années 70, toute en restant humblement discrète. Et Richard justement, quel batteur ! Métronomique, tentaculaire et bourré de feeling, il insuffle aux morceaux une énergie débordante, que ce soit sur disque ou sur scène. Non, bien sûr, je ne les jamais vu
En Concert, je me fie aux enregistrements vidéo de l’époque qui nous montre un groupe en transe, en sueur, qui sort épuisé de ces prestations, un peu comme après un orgasme.
Ce premier album, brut de décoffrage, me touche et me touchera toujours. C’est un peu comme un premier grand amour, on ne l’oublie jamais ! Et par pitié, qu’on ne me parle pas de reformation ! Ca n’aurait aucun sens, car plus qu’un style musical, TELEPHONE incarne avec un incroyable talent la rébellion, la révolte et l‘anticonformisme. L’adolescence quoi ! Ils ne peuvent plus être ce qu’ils ont été.
« J’sais pas c’que j’ai laisser,
J’sais pas c’que j’vais trouver,
Mais il fallait partir,
Partir pour oublier.
J’ai pas peur de crever,
Pas peur de déjanter,
J’ai pas l’temps d’y penser, tu sais,
J’suis pas prêt d’arriver… »
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