Dire que l'album éponyme de 1987 a entraîne des changements dans l'existence de
Whitesnake est un doux euphémisme ! En effet, même si cet opus était clairement destiné à conquérir le marché américain, le résultat a largement dépassé les espérances de David Coverdale, "
Whitesnake (1987)" étant un triomphe des 2 côtés de l'Atlantique. Devant faire face au départ de John Sykes parti fonder Blue Murder, Coverdale s'est vu obligé de reconstruire un line-up pour répondre aux multiples sollicitations, qu'elles soient scéniques ou vidéos. C'est ainsi que Tommy Aldridge (batterie), Rudy Sarzo (basse), Adrian Vandenberg et Vivian Campbell (guitare) apparaissent à ses côtés dans les clips des différents singles ("
Still of the Night", "
Is This Love", "
Here I Go Again"…) qui tournent en boucle sur MTV. Mais alors que le charismatique chanteur et Adrian Vandenberg finissent de composer le nouvel album, le guitariste se blesse gravement au bras alors que Campbell est viré du groupe en raison d'une 'attitude négative'.
C'est donc Steve Vaï qui est recruté alors qu'il vient de quitter les rangs du David
Lee Roth Band. Il va enregistrer toutes les pistes de guitares, même si Adrian Vandenberg reste crédité, et intègre également le groupe pour la tournée qui suivra. Devant la réputation du bonhomme, c'est un mélange de curiosité, d'excitation et d'angoisse qui s'installe parmi un public qui se demande si ce "
Slip of the Tongue" sera à la hauteur de son désormais légendaire prédécesseur. Pourtant, si le prodige nous glisse quelques-unes de ses acrobaties guitaristiques, il n'en reste pas moins qu'un simple interprète de titres déjà composés avant son arrivée. Et autant dire que Coverdale et Vandenberg ont clairement œuvré avec pour objectif de rester dans le cadre de ce qui a fait leur succès planétaire deux ans auparavant. C'est ainsi que nous avons droit à une reprise d'un ancien titre ("
Fool for your Loving" enregistré en 1980 sur "
Ready an' Willing"), à une ballade mid-tempo soyeuse et mélodique, au refrain enjôleur ("The Deeper The
Love") ou à du Heavy Rock entraînant et accrocheur aux paroles machos en diable ("Cheap An' Nasty"). Ajoutez à cela quelques titres puissants et dynamiques et vous obtenez une recette qui a fait ses preuves.
Pourtant, bien que collant son prédécesseur au plus près avec l'espoir évident de récolter un succès équivalent, "
Slip of the Tongue" ne peut pas être condamné comme un simple clone, étant marqué par ses propres qualités et défauts. Au rayon des premières, nous citerons quelques perles d'un Hard-Heavy mariant puissance et mélodie. C'est le cas de l'introductif titre éponyme au refrain accrocheur et au solo qui n'est pas sans rappeler ce que Vaï avait déjà pu nous offrir sur le "Just Like Paradise" de David
Lee Roth. Sur un tempo plus rapide mais à l'énergie aussi contagieuse, "Kittens Got Claws" se voit enjolivé de bruitages 'guitaristiques' félins et d'un chant heavy et virile.
Whitesnake fait également preuve d'ambition sur le sombre et lourd "Judgement Day" au lyrisme digne de Dio, ou sur l'épique "Sailing Ships" variant les tempi et intégrant quelques passages acoustiques. Malheureusement, l'ensemble s'essouffle un peu sur la fin et certains titres souffrent de la comparaison avec leurs prédécesseurs dont ils n'arrivent pas à retrouver la fraîcheur.
Bien que ne bénéficiant pas de morceaux incontournables tels que "
Still of the Night" ou "Crying In The Rain", "
Slip of the Tongue" reste malgré tout un album plus qu'honorable qui succède dignement à "
Whitesnake (1987)". Son principal problème vient du fait qu'en essayant trop de coller à la recette de son ainé de deux ans, il souffre de la comparaison malgré la présence d'un Vaï qui ne bénéficie pas assez de liberté d'action pour apporter de sa folie, ce qui aurait probablement donné un autre élan à l'ensemble.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire