Sleeping with Ghosts

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17/20
Nom du groupe Placebo
Nom de l'album Sleeping with Ghosts
Type Album
Date de parution 24 Mars 2003
Labels Delabel
Produit par Jim Abbiss
Style MusicalRock Alternatif
Membres possèdant cet album129

Tracklist

1. Bulletproof Cupid
2. English Summer Rain
3. This Picture
4. Sleeping with Ghosts
5. The Bitter End
6. Something Rotten
7. Plasticine
8. Special Needs
9. I'll Be Yours
10. Second Sight
11. Protect Me from What I Want
12. Centrefolds
Bonustrack
13. Protège-moi
Bonus CD
1. Running Up That Hill
2. Where Is My Mind
3. Bigmouth Strikes Again
4. Johnny and Mary
5. 20th Century Boy
6. The Ballad of Melody Nelson
7. Holocaust
8. I Feel you
9. Daddy Cool
10. Jackie

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Placebo


Chronique @ WaitingForTheMovie

22 Juin 2015

L'album de la consécration

2003 est une année charnière pour Placebo : en effet, la parution de leur quatrième album intitulé « Sleeping with Ghosts » marque un tournant dans la carrière du groupe. Alors que les trois premiers opus étaient sortis chacun à deux ans d'intervalle, le groupe a mis un peu plus de temps pour livrer celui-ci mais le résultat est à la hauteur de l'attente : en commençant par un titre d'album poétique et un livret sublimé par les photographies de Jean-Baptiste Mondino, avec cette couverture où un couple essaye de s'enlacer. Si le jeune homme est bel et bien réel, la femme elle, est transparente et nue tel un fantôme, illustrant parfaitement le titre. Le rendu musical, lui, consacre définitivement le groupe auprès du grand public avec son album le plus électro.

Produit par Jim Abiss (Artic Monkeys, Adele et Kasabian entre autres), l'opus est le seul à être entièrement numérique. Il s'en dégage du coup une atmosphère particulière, à la fois très aérienne et épurée pour des titres comme « English Summer Rain », « Special Needs » ou encore « Sleeping with Ghosts » où Brian fait usage de résonances vocales en background, mais cette ambiance peut aussi être plus pesante, presque malsaine dans « Something Rotten » et « Protect Me From What I Want » qui rend bien le côté désabusé. Avec cette ambiance à laquelle le groupe ne nous avait pas habitués, on pourrait croire que les textes se sont aussi allégés de leur noirceur mais pas vraiment, le fond reste semblable à la tradition textuelle de Brian (j'y reviendrais plus tard).

Le son est un peu plus poli que dans les opus précédents mais il reste tout de même assez grinçant. L'album est marqué par un fort dynamisme dont le titre d'ouverture, « Bulletproof Cupid », instrumental aux guitares furieuses est le meilleur représentant. (Il y aurait eu des paroles au départ mais elles auraient finalement été ôtées). « Plasticine », « The Bitter End » et « Second Sight » participent de la même énergie, la même fureur guitaristique qui démontre que le groupe n'a rien perdu de sa rage des débuts même si elle est plus maîtrisée et donc un peu moins spontanée. « Centerfolds » semble être la chanson la moins électro, la plus « naturelle » avec le moins d'effets. Ce qui en fait un titre un peu à part dans l'opus, presque une sorte d'OVNI.

Certaines chansons ont été enregistrées en plusieurs versions avant de choisir celle qui figurerait sur le disque final. Ainsi, il existe une interprétation lente et douce de « Plasticine » (disponible dans le maxi CD de « Special Needs ») qui était la première à devoir figurer sur l'album, finalement une version plus rock a été retenue. À l'inverse une interprétation plus dynamique de « Sleeping with Ghosts » renommée « Soulmates », souvent jouée en live et qui figure sur le maxi CD de « This Picture », ne sera pas retenue sur l'album final. La batterie y est beaucoup plus présente, la guitare s'emballe, on est ici plus proche de l'esprit Placebo des débuts.

Pour ce qui est des textes, quelques petits changements sont visibles. Si on retrouve quelques caractéristiques d'albums précédents comme le mantra (« English Summer Rain »), la mélancolie (« Sleeping with Ghosts ») ou encore le thème de la séparation (« The Bitter End » et sa fin à la rythmique accélérée et presque hurlée par Brian, ou «  Protect Me From What I Want »), les paroles sont moins provocantes, plus directes. « Plasticine » traite de l'estime de soi, de ne pas être ce que les autres attendent de nous mais assumer sa personnalité telle qu'elle est. « I'll Be Yours » est une chanson ambiguë, à la fois belle et inquiétante au niveau des paroles, on peut y voir une preuve d'amour mais on y retrouve également le thème de la possession, de l'étouffement affectif.

Pour ceux qui ont la chance de posséder l'édition 2 CD, l'album se termine par une version de « Protect Me From Want I Want » en français adaptée par la romancière Virginie Despentes, plus un CD bonus de reprises (ressorti plus tard par la maison de disque sous le nom de Covers). À ce titre, il est intéressant de faire une petite comparaison entre les deux versions de « Protect Me From What I Want » : Si l'harmonica grince dans les deux versions, « Protège-moi » finit en apothéose avec des canons de voix de Brian (arrière-plan en chant torturé et presque hurlé) ce qui donne un caractère plus poignant à la chanson, alors que la version anglophone reste du coup plus sage. Les paroles, elles, restent assez semblables.

Premier grand virage dans la carrière de Placebo, Sleeping with Ghosts réussit le mariage du rock et de l'électro. L'opus est à la fois assez facile d'accès pour les néophytes, et représentatif de la carrière d'un groupe qui aime introduire quelques changements tout en gardant ce qui fait sa force et son identité.

3 Commentaires

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LeLoupArctique - 27 Juin 2015: Merci pour cette chronique et son parti pris. Il avait beaucoup divisé les fans et le public d'une manière générale ; il y avait notamment de nombreux déçus de l'aspect plus moderne (= électro) et plus accessible du disque. Pourtant depuis Black Market Music on pouvait s'en douter un peu. Mais comme toi j'adore ce disque, pas forcément pour le côté électro qui me laisse de marbre, mais comme tu le dis bien par ce que tu appelles "le côté désabusé" (je n'aurais pas trouvé cette formule, elle convient parfaitement). J'aime beaucoup les deux versions de Protects Me (avec l'accent inimitable de Brian sur la version française), la géniale et dépressive Special Needs, puis The Bitter End avec ces clip que j'adore ...
WaitingForTheMovie - 28 Juin 2015: Merci, effectivement c'est un album tout à fait particulier dans la carrière du groupe. Je ne suis pas vraiment amatrice d'électro d'une manière générale mais je trouve qu'ici cela va particulièrement bien avec les paroles. Au niveau clip, celui de "Special Needs" est lui aussi très réussi, je le trouve assez poétique...
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