Alors que
Def Leppard a réussi une triplette magique avec ses albums "
Pyromania", "
Hysteria" et "
Adrenalize", et ceci malgré une accumulation de coups du sort, le groupe britannique commence à se voir reprocher par certains de ne pas renouveler son style. Profitant de l’intégration de Vivian Campbell en lieu et place du regretté Steve Clark, le combo de Sheffield reste 4 ans sans sortir de nouvel album en dehors d’un "Retro-Active" regroupant faces-B et inédits. Voici donc "
Slang" qui vient mettre un terme à cette attente, et qui va sans doute être l’album le plus polémique de la discographie des Léopards Sourds.
En effet, ceux qui imaginaient déjà que Joe Elliot et sa bande allaient continuer à capitaliser sur un style dont ils sont les géniteurs, en seront pour leurs frais. Dès les premières notes de "Truth ?",
Def Leppard nous cueille à froid avec un titre mélangeant sonorités grunges et indus, solo orientalisant et dénué des chœurs qui ont fait la renommée du groupe. Si la plupart des amateurs apprécieront la prise de risque et le renouvellement de la musique du combo, certains, installés dans le confort d’un style musical semblant établi pour encore de longues années, ne s’en remettront pas. D’autant, que nous ne sommes pas au bout de nos surprises, tant cet album est une véritable caverne aux trésors dont la variété des sonorités et des thèmes ne nuit pas à l’unité de l’album.
"Turn To Dust" hypnotise avec son intro aux sonorités indiennes et son riff lourd. "
Slang" est irrésistible avec son refrain immédiat, ses couplets 'rapisants' et son riff à faire sautiller un paralytique. "Deliver Me" est sombre avec ses variations de tempo et il s’enchaîne sur un "Gift Of Flesh" à l’énergie punk et à la puissance métallique. Pas étonnant que certains se soient perdus au milieu de toutes ces surprises, même si
Def Leppard laisse quelques repères au sein de ce déchaînement. Les chœurs et harmonies vocales restent présents sur de nombreux titres alors que le groupe creuse le sillon qu’il avait ouvert avec "
Love Bites" sur "
Hysteria", et poursuivi avec "
Two Steps Behind", son succès tiré de "Retro-Active".
En effet, plusieurs ballades sont présentes sur "
Slang", sans pour autant faire sombrer l’ensemble dans la mièvrerie. Le style est abordé sous différents angles qui rendent l’exercice varié et réussi. "
All I Want Is Everything" se déroule sur un mid-tempo avec quelques accents 'countrysants', alors que "
Breathe a Sigh" nous installe dans un confort aussi délicat que son intro acoustique et ses guitares aériennes. Le sommet du genre est atteint avec un "Blood Runs Cold", magnifique hommage à Steve Clark qui nous élève sur le matelas d’une basse ronde et profonde et des guitares et des chœurs vaporeux. Enfin, "Where Does Love Go When It Dies" voit Def Lep renouveler l’exercice semi-acoustique déjà réussi avec "
Two Steps Behind", un break aérien remplaçant le classique solo. Tout juste pourrons-nous regretter son enchaînement avec "Blood Runs Cold" qui a un peu tendance à faire retomber la pression, avant que le mystérieux "Pearl Of
Euphoria" ne vienne nous hypnotiser avec son majestueux crescendo dans un style mystique qui n’est pas sans rappeler "
White Lightning".
"
Slang" est donc une véritable remise en question qui, loin de fragiliser le groupe, nous fait découvrir l’étendue de son talent à travers 11 titres d’une variété et d’une richesse hors du commun. Et si certains ont préféré critiquer cet album sous le coup de la surprise, nous leur conseillerons de se s’y replonger car, s’il n’a pas le côté immédiat de ses prédécesseurs, il a l’avantage de livrer ses secrets après chaque écoute. Vivian Campbell traduit d’ailleurs bien l’esprit de ce disque au travers des paroles de l’excellent "
Work It Out" : 'We show the world a brand new face, it’s taken us all this time, all of this doubt'. Voilà qui a le mérite de résumer cet album aux facettes multiples qui mérite plus qu’une réhabilitation: une véritable reconnaissance !
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