“I'll tell you a story,
Believe me it's true, A tale you'd best hope never happens to you…”
Le destin des
Dropkick Murphys est pourtant bien enviable. Au préalable nom d’un centre de désintoxication du Connecticut rassemblant la « mauvaise graine » WASP de
Boston dont les membres du groupe semblaient faire partie, il résonne de nos jours comme l’une des plus grosses références qui aient jamais évolué sur la scène Street Punk.
Outre la thématique irlandaise, marque de fabrique dès l’origine dont ils sont tous issus excepté Al Barr, le choix crucial pris à l’entrée du 21ème siècle par les
Dropkick Murphys fut d’intégrer purement et simplement cet Irish
Spirit au cœur même de leur musique via l’utilisation de la cornemuse, de la mandoline, de la flûte ou encore l’accordéon.
L’album symbolisant ce changement, avec l’utilisation de ces instruments traditionnels, fut, vous l’aurez deviné, « Sing Loud, Sing Proud », troisième enregistrement studio après les «
Do or Die » et « The Gang’s All Here » qui se caractérisaient par des sonorités très oi!
Un changement n’arrivant jamais seul, il s’agit aussi de la première fois que le groupe se produit par lui-même. La raison est assez simple : Lars Frederiksen, qui avait produit les deux premiers albums, est à ce moment précis en tournée avec
Rancid et le groupe décide alors de se passer de lui.
Il faut dire que les collaborations avec Shane MacGowan, le leader des Pogues, et Colin McFaull de Cock Sparrer font rapidement passer sous silence l’absence de participation du californien.
Une autre absence se fait remarquer, celle du guitariste Rick Barton qui quitte le groupe en annonçant le nom de son successeur :
James Lynch du groupe
The Ducky Boys.
Pour en finir avec la mise en situation, à noter l’arrivée à l’époque d’un second guitariste, Marc Orrell, dont l’âge juvénile de 17 ans lui vaudra le surnom de « Kid », de Ryan Foltz au tin whistle et à la mandoline, et enfin du joueur de cornemuse Robbie Meideros, dont chaque fan du groupe garde un indéfectible souvenir sous le sobriquet tout droit venu d’un menu de McDonald’s : « Spicy McHaggis ».
Encore pour la petite histoire, la peinture murale faisant office de pochette existe réellement dans « Southie », le quartier South
Boston à l’angle de West Broadway et de C Streets. Elle fut peinte par les O’Neill, père et fille, à la demande de Ken Casey et sa femme. En guise de compensation, le père, Patrick, apparait dans le clip du titre «
Walk Away » et la fille, Tricia, fit la cover et l’artwork de l’album suivant «
Blackout ».
Bref, revenons à nos moutons ou plutôt à la musique. Autant de bouleversements se font inéluctablement ressentir autant sur le fond que sur la forme et, tout en gardant un fort ascendant Street punk,
Dropkick Murphys prend des accents quelque peu Folk rock, qui finissent d’affermir une personnalité déjà très prononcée.
Sur la forme, nous l’avons vu, les nouveaux instruments intègrent de nouvelles sonorités qui donnent du corps à chaque morceau. Sur le fond, les
Dropkick Murphys s’évertuent également à trouver des refrains plus entraînants, plus festifs, et surtout plus faciles à marteler par la foule pour un rendu en live impressionnant. Ceux qui ont penché une oreille sur le « Live On St Patrick’s Day » en sont, j’en suis persuadé, convaincus.
L’album s’ouvre avec une « fight song », l’hymne des Eagles du
Boston College intitulé « For
Boston » qui lance dès le départ une grande dose d’intensité pour clairement montrer à l’auditeur les ambitions des punks de
Boston : chanter fièrement et à tue-tête leur attachement à leur ville ainsi qu’à leurs origines celtiques.
Les morceaux sont courts et s’enchaînent à une impressionnante vitesse, peut-être un peu trop. Des titres comme « Forever » et « The Torch » viennent à point nommée mettre un peu d’eau froide sur une marmite un peu trop bouillante.
Les titres traditionnels comme « The Rocky Road To Dublin » ou « The Wild Rover » côtoient des chansons à portée plus vindicative, comme la reprise de « Which Side Are You On ? » de l’activiste des années 1930 Florence Reece, parfois sans vraiment trop de distinction.
Voilà la seule maladresse qu’on peut adresser à ce « Sing Loud, Sing Proud » qui enchaîne des morceaux trop proches les uns des autres. Une oreille même peu distraite peut vite en venir à la conclusion que l’album finit par s’essouffler, même si en réalité c’est elle-même qui s’essouffle.
On se doit toutefois de retenir de cet album sa redoutable intensité, ses morceaux dont les paroles rentrent dans notre tête sans jamais vouloir en sortir. En disant cela, j’ai une pensée spéciale à « Good
Rats », « A Few Good Men » ou encore le mémorable « The Spicy McHaggis Jig » mais je n’oublie pas tous les autres.
« Sing Loud, Sing Proud » pose les bases du
Dropkick Murphys nouveau cru qui trouvera son apogée dans « The Warrior’s Code » qui, lui, ne fera pas la même erreur.
Toutefois, il a été une étape indispensable à cette évolution et conserve un charme bien distinct de son illustre descendant, ce dernier à visée clairement plus commerciale.
Pierre angulaire, il est la seconde référence du groupe, énorme à tous niveaux. Sa légère imperfection lui attribue également un visage très personnel dont je ne parviens pas à rester indifférent.
“Join us in a song, We shall rise and sing, Stand up and be counted, Sing a song for liberty, Join us in this song, Together we shall sing, Rise up and be counted, Sing it loud, sing it proud!”
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