Non
Jeff, t’es pas tout seul…
La route a failli nous l’enlever à jamais. En 1971,
Jeff Beck revient encore plus fort et, de surcroît, en pleine forme.
Beck n’a en rien perdu de sa superbe. Ce mec, dont on connaît la ténacité et le sale caractère, toujours avide d’expériences musicales nouvelles, nous gratifie d’un retour fracassant avec Rough & Ready, un opus rock, aux senteurs de jazz, de soul et de rythm & blues. Entouré de techniciens affutés derrière leurs instruments respectifs comme le raffiné Max Middleton (aux claviers, dont l’apport est déterminant dans la qualité et le ton de Rough & Ready), Clive Chapman (basse) et Cozy Powell (batterie), de même que de Bob Trench au chant (qui n’est pas mal dans son registre),
Jeff Beck, dont c’est le troisième album JBG, s’implique un peu plus dans l’écriture, plus qu’il ne l’a alors fait. Et ça n’a plus rien de commun avec la production antérieure de l’artiste. S’appuyant sur une rythmique efficace (quel batteur de Powell !) et sur un jeu de guitare de
Beck plus syncopé, l’album (qui s’éloigne du blues, pour expérimenter dans la fusion, et qui est un travail collectif avant tout) contient des prouesses artistiques comme Situation, l’instrumental sublime et éthéré qu’est Max’s Tune (par temps de blues, c’est encore plus profond), Jody, I’ve Been Used, Got the Feeling et New Ways/
Train Train. Finalement, avec 6 titres éminents sur 7, ça sent bon le carton plein cette affaire, non ? Cet album, qui ne plaisait pas à l’artiste, n’a jamais permis une offensive plus marquée, de
Beck et son groupe, dans cette voie expérimentale de la fusion jazz et rock. Je trouve cela, personnellement, dommage, car Rough & Ready, que j’ai en vinyle d’origine, est terriblement bon. Ton avis, pour une fois,
Jeff, on s’en passera. Non,
Jeff, t’es pas tout seul !
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