Ambiances islandaisesOn ne présente plus les Islandais de
Sigur Rós aux aficionados de post-rock et de musiques expérimentales. Jamais à court d’idées, le leader du groupe, Jón Þór "Jónsi" Birgisson, s’est cette fois affilié les services de sa moitié à la ville, Alex Somers, membre du groupe Parachutes et dessinateur de nombreux artworks de
Sigur Rós, pour le premier album du duo baptisé
Riceboy Sleeps. Initialement né sous la forme de vidéos, les deux hommes se sont attelés dès 2003 à habiller musicalement ce projet. Profitant du temps entre deux tournées et enregistrements studio, il leur aura donc fallu six années de travail. Enregistré à l’aide d’instruments acoustiques, avec le somptueux quartet de cordes islandais
Amiina et l’envoûtante chorale
Kópavogsdætur, avant de passer sous le coup de longues heures de retouches informatiques à Hawaï, ce premier effort est de toute beauté.
Inutile de s'attarder sur les paroles : seuls des chœurs viennent ponctuer de manière épisodique ces 68 minutes. En effet, tout au long des neuf instrumentales, longues, calmes et aériennes, les deux comparses font plutôt appel à l'imagination de l'auditeur, l'invitant avec délicatesse à créer sa propre imagerie dans un univers abstrait, propice au recueillement et à la rêverie. Les oreilles se laissent bercer par ce flot apaisant de cordes chatoyantes, de piano en suspens, de chœurs fredonnés et de diverses sonorités : une musique véritablement céleste, où l'urgence et la violence n'ont définitivement pas leur place. Chacun y créera son propre univers : Serait-ce un feu de cheminée sur "Indian Summer" ? Une chorale de cathédrale sur "Boy 1904" ? Un vieux bateau au gré des vents sur "Sleeping Giant" ? Quels animaux se cachent donc sur "Daniell In The Sea" et "Howl" ? De l'ambient pur et dur, vous l'aurez compris !
Il n’est donc pas donné à tout à chacun de parvenir à pénétrer dans cet univers silencieux et feutré de Jónsi & Alex. Les friands d’atmosphères planantes apprécieront sans aucun doute ce bel opus, une véritable invitation au voyage et à l’apaisement. Une sorte d'introspection, de périple salvateur qui risque de ne pas opérer chez tout le monde tellement l'œuvre pourrait leur sembler répétitive et plate, bref, ennuyeuse à mourir. Un risque à prendre cependant, puisque si vos neurones ne rechignaient pas à se poser sur ces nuages de douceur, vous serez tellement bien dans votre cocon que vous n'aurez plus envie d'en sortir.
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