Lorsque "
Revolver" paraît, en août 1966, les Beatles sont mal en point. Epuisés par les tournées, la Beatlemania, la drogue, les enregistrement intensifs, les Fab Four sont aux bords de le crise de nerfs. Depuis quelques temps déjà, John, George et Ringo demandent l'arrêt des tournées. Mais Paul réussit toujours à les convaincre de continuer, leur expliquant que ces tournées sont nécessaires pour continuer à vendre les disques...
De plus, deux "dérapages" ont failli coûter très cher au groupe ces derniers mois. John, en faisant une déclaration, comme quoi : "Les Beatles était plus grand que Jésus-Christ", a foutu un beau bordel. Sauf que cette déclaration a été sortie de son contexte, et que John, s'il a bien dit ces mots, ne comparait pas les Beatles au Messie mais voulait tout simplement expliquer qu'à ce moment précis, la religion étant en perte de vitesse chez les jeunes Britanniques, leur esprit était plus occupé par les mélodies "Beatlesques" que par les choses de l'esprit, justement.
N'empêche, le mal était fait et, au moment de s'envoler pour une nouvelle tournée U.S., un fondamentaliste de l'
Alabama et les braves Rednecks du
Klan demandèrent de faire des autodafés des oeuvres des 4 De Liverpool et de boycotter les concerts prévus cet été-là. Charmante ambiance, qui rappelle les grandes heures de l'Allemagne nazie des années 30, quand ils s'amusaient à brûler les librairies, sous prétexte que la culture, c'était un truc pour les Juifs et/ou les homosexuels...
La deuxième affaire a tout simplement failli leur coûter la vie. Un mois avant la sortie de l'album les Beatles sont en tournée en Extrême-Orient. Au Japon, déjà, ça se passe mal : le parti de la droite nationaliste veut leur interdire l'accès au Budokkan, où sont prévus leurs concerts, sous prétexte que cette salle est réservé aux arts martiaux et que jouer du Rock ici serait péché ! Mais, bon, ça passe quand même et les Beatles font un carton chez les Nippons (non, il n'y a pas de contrepèterie!).
Alors ils s'envolent pour les Philipines où règne un gentil despote du nom de Marcos. Dès leur arrivée à Manille tout part en vrille : les flics, ayant peur de la Beatlemania, viennent les chercher dans l'avion et les séparent de Brian Epstein, leur manager, et de Neil et Mal, leur roadies. Et, au lieu de les emmener à leur hôtel, ils les déposent sur le yacht d'un riche Philippin, qui les exhibe à ses amis médusés, comme des trophées de chasse. Plusieurs heures plus tard, Brian vient les chercher et les ramène à l'hôtel. Ils dorment comme des souches et se font réveiller par les archers de Marcos, qui leur aboient qu'il faut faire fissa, Mme Marcos les attendant pour les montrer aux enfants des dignitaires du régime. Grosse colère des Anglais, qui les envoient se faire foutre. Et là, ça se passe très très mal. Virés du pays, ils doivent rejoindre leur avion par leurs propres moyens, en traversant l'aéroport sans protection policière, sous les crachats et les insultes de la foule réduite en esclavage par ce bon Marcos. George déclarera plus tard que la seule raison pour laquelle il retournerait à Manille, "ce serait pour leur balancer une bombe atomique!". Venant d'un pacifiste comme George, on devine qu'il doit y avoir une petite rancoeur, quelque part...
Bref, en cet été 1966, les Beatles ne tiennent pas la grande forme. Et pourtant, encore une fois, le miracle a lieu. Ils sortent "
Revolver", l'album qui fera le lien entre la 1ère partie de leur carrière et "Sgt Pepper's...". Comme ils ne veulent plus tourner, ils se lâchent sur disques et réalisent des morceaux impossibles à jouer sur scène. Un exemple ? Essayez d'imaginer "Yellow Submarine" (qui est pourtant loin d'être la meilleure chanson de l'album) sur scène. A l'époque, Britney Transpears n'étant pas encore née, il n'y avait pas de play-back sur scène. Alors, même si tout le monde avait chanté en choeur "We All Live In A Yellow Submarine, Yellow Submarine, Yellow Submarine", comment auraient-ils faits sans les cornes de brume, les clochettes et la fanfare ? Comment auraient-ils réarrangé "Eleanor Rigby", cette merveille aux 8 cordes ? Sans parler de "Tomorrow Never Knows", impossible à reproduire en live! Ce coup-là, les Beatles font un album qui s'écoute dans le canapé, pas un assemblage de titres sur lesquelles les minettes vont aller hurler dans les stades.
Quelques-unes auraient pu être jouées en concert, "Got to Get You into My Life" par exemple. Mais même sur celle-là, Paul a fait rajouter des cuivres (une première chez eux). Ou encore "Taxman", de George. Un George à l'honneur sur ce disque, avec 3 chansons (là aussi une première), "Taxman", "
Love You To" (où il fait pour la première fois la part belle au cithare, à la tablâ et aux sonorités indiennes) et "I Want to Tell You". Ringo chante son premier tube, même si la chanson n'est pas de lui mais de Paul, "Yellow Submarine". Quand à John, qui est tombé dans l'acide, il fait partager ses expériences psychédéliques avec "Tomorrow Never Knows" ou parle de son dealer, "Dr Robert".
Ce disque sera, comme d'habitude, un grand succès. On se rendra compte après que c'était l'acte constructeur de "Sgt Pepper's... A noter aussi l'incontournable 45 tours qui ne figure pas sur l'album, "Paperback Writer" et sa face B, "Rain", dont Ringo dira que c'est le morceau de batterie dont il est le plus fier.
15 jours après la sortie de "
Revolver", les Beatles sont en concert à Cincinnati. Ce soir-là, ils jouent dans des conditions apocalyptiques, pluie, vent, les amplis sont protégés par des bâches en plastique. En sortant de scène, Paul annonce aux 3 autres qu'il se range à leur avis, qu'il faut arrêter les concerts. Le 29 août 1966, ils donnent leur dernier concert payant au Candlestick Park, à San Francisco. Pour les Fab Four, c'est la fin d'une époque, celle de la Beatlemania. S'ouvre pour eux l'époque où ils deviendront de grands musiciens, pardon, de Grands Musiciens.
En montant dans l'avion qui les ramenait de San Francisco vers Londres, George aurait déclaré: "Ca y est, je ne suis plus un Beatle!"...
HotRodFrancky
rien à jeter sur ce bijou qui s'écoute dans la canapé sans les hurlements de pintades pré-menstruées...
merci Frank
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