En regardant la scène punk actuelle, les Stooges ont dû bien rire. Le mouvement dont ont leur a attribué la création (avec les Ramones, cela dépend des points de vue) s'est adouci et transformé en "neo-punk", nom barbare pour désigner un genre qui ressemble de loin à l'original mais qui a perdu sa rage. Il était temps pour les vieux de la vieille de montrer aux p'tits nouveaux ce qu'était le vrai punk, et c'est pourquoi les Stooges ont ressorti les armes et sont retournés en studio. Mais la question est : après 40 ans de bons et loyaux services, les Stooges tiennent-ils toujours la forme ?
Si les Stooges sont "prêts à mourir" comme en témoignent la pochette, ils ne se sont pas mis beaucoup en danger pour cette nouvelle galette. Dès l'ouverture de l'album avec "Burn", on comprend que rien a changé : les introductions de guitare sont toujours aussi puissantes, la section rythmique est fort respectable ... Ce modèle se décline tout le long de l'album à travers des titres comme "
Gun", "
Ready to Die" et "Dirty Deal" qui ressemblent toutes beaucoup à ce que le groupe avait l'habitude d'offrir dans ses jeunes années.
Ce
Ready to Die offre aussi son lot de nouveautés. Ainsi, "Unfriendly World" et "The Departed" offrent deux jolis moments de ballades avec des paroles parlées et non pas chantées de la part d'
Iggy Pop. Notons également l'apparition de cuivres sur la chanson "Sex and Money" qui possède un rythme plus dansant et s'éloignant un peu du punk de base du groupe et d'un morceau folk avec "Beat That Guy".
Cependant, musicalement parlant, cet album possède quelques lacunes. Evidemment, la voix d'Iggy n'est plus ce qu'elle était il y a quarante ans et son impossibilité à monter dans les aigus rend sa voix sur l'album monotone et finalement assez ennuyeuse. Le son de l'album est également assez décevant. Si les premiers albums étaient saturés au point d'exploser les tympans et donnaient au groupe le vrai son qui caractérisait le punk, ici la production est trop lisse, rebutant les fans de la première heure et les aficionados du style crade des Stooges.
Les thèmes ont également changés : la destruction et la rage originelles ont laissé place à un retour en arrière sur la vie du groupe. Ici, plus question de parler de "heart full of napalm" mais de la vie de Pop a
Berlin lorsqu'il enregistrait avec Bowie (The Idiot et Lust For Life pour l'un, et la trilogie berlinoise pour l'autre) dans le titre "Burn". "Job" quant à lui parle des ses relations avec les autres membres du groupe et de sa célébrité naissante tandis que "Sex And Money" évoque ses excès de l'époque.
Retour aux sources ou pas en avant pour les Stooges ? Un peu des deux mon cap'taine. S'il est clair que '
Ready to Die' affiche une volonté de retourner en arrière, il est aussi un pas résolu vers l'éventuel futur du groupe. Si la production déçoit un peu et le groupe ne peux plus déverser toute sa rage, il met au moins plein de bonne volonté dans ce nouvel opus fait avec le cœur, et ça, ça fait plaisir à voir. Comme quoi Iggy, tu n'es pas bon qu'à jouer dans les pubs pour Le Bon Coin.
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