Rave Tapes

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14/20
Nom du groupe Mogwai
Nom de l'album Rave Tapes
Type Album
Date de parution 20 Janvier 2014
Labels Rock Action
Style MusicalPost-Rock
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. Heard About You Last Night 05:23
2. Simon Ferocious 04:48
3. Remurdered 06:25
4. Hexon Bogon 02:35
5. Repelish 03:56
6. Master Card 03:58
7. Deesh 05:33
8. Blues Hour 06:17
9. No Medecine for Regret 05:39
10. The Lord Is Out of Control 04:31
Total playing time 49:05

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Mogwai


Chronique @ Mr4444

24 Mars 2014

Chroniquer Mogwai, c’est chercher la petite bête

« There is a choice to make. What about You ? What Do You Choose ? »

Vingt ans, c’est le bel âge. C’est un symbole de longévité rare, autant sur la forme que sur le fond. Mogwai a démocratisé à sa manière ce qu’est le Post-Rock, opposant harmonie et déstructuration dans le but de faire ressortir un maximum d’émotion chez l’auditeur. En ce début d’année 2014, Mogwai sort « Rave Tapes », huitième album d’une discographie dense, toujours agrémenté d’EP ou de compilations diverses et variées, ou bien de création originale comme dernièrement avec la B.O glaciale de la série de Canal+ « Les Revenants » ou bien plus ancien avec celle de « Zidane : a 21st Century Portrait ».

J’entends beaucoup de personnes parler de Mogwai comme d’un groupe qui n’avance pas beaucoup, apposant toujours une musique ennuyeuse et répétitive. Il y a sans doute du vrai, mais également beaucoup faux. Mogwai est un groupe qui avance à l’instinct, ne changeant jamais farouchement sa recette, mais bousculant ses habitudes petit à petit, sans grande déstabilisation. Néanmoins, nous serons tous d’accord pour affirmer que depuis « The Hawk Is Howling », la musique du groupe se voudra moins pessimiste, davantage coloré dégagé de ses nuages noirs, tout comme la musique des Écossais se voudra de plus en plus synthétique, déplaçant de plus en plus les synthétiseurs au premier plan. Mogwai est un groupe qui interroge plus qu’il ne déçoit, tout compte fait.

L’introduction « Hear About You Last Night » sera une suite spirituelle à « I Am Jim Morrison, I Am Dead » ainsi qu’à l’EP des « Revenants ». L’ambiance y est très apaisée, profondément mélancolique. Les guitares sont tous justes caressés, les mélodies remplis d’arpèges délicats et atmosphériques, les claviers grandiront de plus en plus, imposant de subtiles nappes ambiantes. Et si certains en viennent à trouver ça répétitifs, nous dirons tout simplement qu’il s’agit du style « Mogwaien ». Le single était dans un style un peu plus osé pour le groupe, mettant en avant une basse subtilement construite et des beats électro rythmant la mélodie, avançant petit à petit jusqu’à délivrer des riffs en écho en arrière-plan et surtout un déballage synthétique surprenant, presque dans l’ambiance d’une vielle console de jeu-vidéo. Surprenant, mais pas désagréable.

L’écoute de ce disque laisse un sentiment étrange, celui d’un groupe bloqué entre deux chaises, entre oser et développer ce qui a été fait par le passé. De ce fait, on se retrouve avec un album composé à 95% de mélodie délicate et atmosphérique, de plus en plus aux antipodes de ces murs de guitares frissonnants déjà très peu présents sur « Hardcore Will Never Die, But You Will ». Et même un titre plus dynamique comme « Hexon Bogon » ne fera que peu frissonner tant les plans seront extrêmement conventionnels dans ces utilisations de saturations mélodiques ou dans cette batterie plombée. Et que dire de « Master Card », sans once de folie, simpliste dans les riffs (qu’ils soient ambiants ou plus acérés) et d’une base rythmique à la ramasse dans ce disque résolument plus lent.

Et la lenteur musicale n’est pas fondamentalement un défaut, encore moins chez Mogwai, qui en a fait depuis longtemps sa marque de fabrique et sa plus grande réussite, mais beaucoup de titres sont clairement à la peine dans cet album. « Simon Ferocious » et son ambiance électro terriblement lourde et ses quelques ambiances psychés mal positionnés seront symptomatiques du fait que ce disque peine à viser juste. « No Medecine for Regret » contiendra cette base mélodique typique du groupe, qui consiste à donner l’air que les instruments sont prêts à exploser à chaque instant, tout en restant constamment sur la retenue, toujours dans cette ambiance spatiale et onirique, bourdonnant sa rondeur et son atmosphère sur quelques notes atmosphériques en fond et de quelques vagues sonorités pouvant rappeler un orgue. Au moins aussi touchant et délicat que « Deesh », mais manquant toujours de ce quelque chose qui déclenche la coulée de larmes, alors que ce titre appose la volonté de vouloir se montrer plus bouleversant, autant dans sa rondeur que dans sa progression et son intensité grandissante. À plusieurs instants encore, on rêve à une de ces explosions dont Mogwai a le secret, mais constamment, l’ambiance céleste de ce sublime morceau ne décolle jamais vraiment. La délicatesse a vraiment du bon, mais parfois, on en voudrait tellement plus…

Ce plus, Stuart Braithwaite essaye de l’apporter avec sa voix, la travaillant de trois manières différentes. Le temps d’un long monologue ambiant sur « Repelish », traitant des soi-disant messages subliminaux de « Stairway to Heaven » sur une (trop ?) longue plage de boucle mélodique essayant parfois de se faire plus intense. Il essaye de l’apporter aussi sous une forme électronifiée au vocoder sur l’infect « The Lord Is Out of Control », choisissant un peu trop la voie de la facilité et n’apportant rien à l’album, si ce n’est de rappeler que God Is An Astronaut et Anathema l’ont déjà fait avant avec infiniment plus de réussite. Au fond, peut-être que le format chanson serait une piste à creuser plus sérieusement, car « Blues Hour » est une perfection. Le piano et les atmosphères mélancoliques accompagnent parfaitement le chant calme et posé de Stuart, étalant plus que jamais de magnifique progrès dans sa voix. Encore une fois on aurait aimé que les saturations soient davantage appuyées pour renforcer l’émotion de la voix et des chœurs, mais je pense qu'on peu correctement se satisfaire de ce très bel ensemble.

La question que nous pouvons nous poser concerne finalement le but premier de cet album. Est-il, au fond, comme les autres, qu’un recueil de mélodie qui trouvera son apogée une fois en live ? On parle bien souvent du Post-Rock comme une histoire mélancolique, mais Mogwai ne raconte pas d’histoire, les noms des albums ainsi que les titres des pistes ne semblent jamais avoir véritablement de sens, comme si le groupe se moquait du sens que l’on pourrait leur donner. Mogwai est un groupe émotionnel, celui qui fait vivre la scène, lui donne vie, en aucun cas un but.

Et même si tout un chacun pense que Mogwai se répète, les Écossais n’ont jamais sorti deux fois le même disque, et qu’importe si ce « Rave Tapes » comprend des titres anecdotiques, qu’importe qu’il soit extrêmement simple d’écoute, qu’importe qu’il manque clairement de folie. Dans son optique de musique triste, mais magnétique, Mogwai ne donnera jamais aucune indication sur les idées et les mouvances de leurs prochaines productions. Chroniquer Mogwai, c’est chercher la petite bête. Le groupe nous offre de belles mélodies, gardons uniquement ça à l’esprit.

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