L’énigmatique
White Lion… Aujourd’hui encore, ce légendaire groupe de hair metal new-yorkais suscite moult débats parmi les amateurs passionnés de groupes à perruques estampillés 80’s. Alors messieurs ; la bande maquillée du gendre idéal Mike Tramp était elle un groupe à minettes comme beaucoup d’autres ou constituait-elle secrètement l’outil de propagande sonore de diverses organisations non gouvernementales à l’image de l’Unicef, d’Amnesty International ou encore de Greenpeace ? Car même si le quartette glam s’est conformé lyriquement aux thèmes obligatoires que sont entre autres l’amour, le sexe et les grosses motos ; le lion blanc prenait également un malin plaisir à évoquer au sein de ses titres des sujets plus qu’ improbables pour un combo de cet acabit et de cette époque tels que la faim dans le monde, l’apartheid, la défense des opprimés politiques des dictatures du Tiers Monde ou encore la protection de diverses espèces animales en voie de disparition telles que les baleines boréales, orangs-outans de Sumatra, hippopotames pygmées, kangourous de Papouasie-Nouvelle-Guinée et autres marmottes des Alpes.
White Lion se forme à New York City en 1983 à travers la rencontre fortuite entre le guitariste virtuose Vito Bratta et le vocaliste danois d’origine française Mike Tramp né Trempenau, ancien membre d’un boys band disco scandinave dénommé Mabel ayant représenté le Danemark au Concours de l’Eurovision de 1978 avec le titre « Boom Boom ». Après avoir signé un premier contrat discographique avec Elektra Records et enregistré à Francfort son premier album intitulé «
Fight to Survive »,
White Lion est lâché par son label car insatisfait du résultat final. Finalement sorti sur Asylum Records en novembre 1985, ce premier effort relativement médiocre et dispensable avouons-le passe quasiment inaperçu aux yeux d’un public pour lequel aucun groupe ne peut remplacer
Bon Jovi. Qu’à cela ne tienne ; Tramp et Bratta ne jettent pas l’éponge pour autant et s’autorisent un nouveau départ en recrutant
James Lomenzo (futur Black Label Society, David Lee Roth, Megadeth) à la basse et Greg D’Angelo (ex Anthrax) derrière les fûts avant de signer le deal de la seconde chance avec Atlantic Records. Produit par le grand Michael Wagener, le premier véritable album de
White Lion sobrement intitulé «
Pride » sort dans les bacs de tous les record stores le 21 juin 1987.
A peine les premiers riffs de l’introductif « Hungry » déflagrant les enceintes de la vieille chaîne hi-fi d’un auditeur qui avait pris le soin à l’occasion de l’écoute de ce «
Pride » d’ouvrir une Carlsberg 50 cl à la santé de Mike Tramp, impossible de ne pas être subjugué par la puissance et la saturation de la ligne de guitare de Vito Bratta sur ce titre. Rien d’extraordinaire certes pour qui ne peut envisager de commencer une journée sans s’être préalablement démonté le crâne à coups de thrash metal teuton ou de death metal floridien, mais toujours est il qu’une telle personnalité musicale fulminante ne s’avère pas être commune à une époque où un son plutôt lisse est de rigueur pour qui souhaite s’entendre à la radio et se voir sur MTV dans l’émission Headbangers Ball. Intense et inspiré, « Hungry » permet également à l’auditeur de faire connaissance avec le timbre vocal de Mike Tramp. Belle, éraillée plus que de norme et hyper sexy dirons sans doute ces demoiselles aux parties intimes frétillantes pour l’occasion ; la voix de Tramp parvient à sa marier de façon on ne peut plus optimale avec le jeu de guitare divin et très Eddie Van Halen de Bratta pour donner naissance à un hard rock classieux, mélodique et sensuel à mille lieux du heavy metal formaté bande FM des chartbusters de l’époque que sont les Ratt, Mötley Crüe et autres Dokken. Une énergie positive sans pareil semble à juste titre empreindre les compositions de ce «
Pride » à l’image des très bons « Don’t Give Up », «
Wait » et autres « Tell Me ». Traitant de sujets auxquels le commun des mortels peut assez facilement s’identifier tels que les difficultés de la vie quotidienne, les déceptions sentimentales ou encore le souvenir d’histoires d’amour inoubliables mais révolues ; ces excellents titres ne font que rapprocher le groupe avec un auditoire dès lors charmé par les qualités musicales de ce premier opus. A l’instar de la musique de
Bon Jovi ou de
Bruce Springsteen ; deux des plus grandes influences lyriques du vocaliste danois ; les effluves sonores de
White Lion possèdent cette rare capacité à influer l’humeur de l’auditeur et à l’emplir de courage et de détermination pour l’aider à affronter une existence plus ou moins complexe.
Autre facette intéressante et constructive du disque ; des titres plus intimistes et mélancoliques mais non moins doués d’une beauté simple et authentique à l’image des magnifiques « Lonely Nights », « Lady of the Valley » et autres «
When the Children Cry ». A travers ces petites perles de nacre qu’il fait si bon écouter seul avec soi même un soir estival de pleine lune la porte-fenêtre de son salon grande ouverte lorsqu’on a le moral dans les chaussettes pour se complaire dans sa douleur et se dire qu’à l’autre bout du monde, quelqu’un d’autre écoute aussi le dramatique
White Lion afin de panser sa peine ; Mike Tramp et ses trois acolytes ne font qu’exacerber le caractère relativement triste et nostalgique du hard rock pratiqué sur certains morceaux de ce somptueux «
Pride ».
Sublime complainte narrant les déboires nocturnes d’un guerrier ayant perdu son propre frère sur un champ de bataille ; la magnificence marquant l’indescriptible « Lady of the Valley » ne parait avoir d’égal que la beauté pure des arpèges et soli quasi transcendantaux signés de la patte unique et originale du grand Vito Bratta. Clôturant avec brio un album dégageant toute la magie et la candeur d’un premier effort, l’inqualifiable ballade «
When the Children Cry » touchera certainement de par sa simplicité et le thème lyrique qu’elle met en scène tout être humain normalement constitué et doté d’un système cardiaque fonctionnel : bien qu’ à la limite de l’auto parodie avec des lyrics frôlant parfois le ridicule avouons-le tels que : « No more Presidents, and all the wars will end ; One united world, under God » ; ce titre et son clip que les Inconnus se seraient certainement donné à cœur joie de caricaturer à l’époque de leur excellent sketch « Top 50 » s’avèrent être représentatifs de la personnalité sensible et belle de ce groupe mythique.
Combo unique se distinguant de ses nombreux pairs grâce à un son reconnaissable entre mille et à un intérêt surprenant pour des thèmes pour le moins improbables justifiés par le background scandinave de son frontman Mike Tramp,
White Lion s’avère être beaucoup plus qu’un simple groupe de hair metal. Mené par un charismatique chanteur et un véritable virtuose de la six-cordes en la personne du mystérieux et très talentueux Vito Bratta,
White Lion dégage encore aujourd’hui cette aura et ce mysticisme que seules les plus grandes entités savaient dégager de façon on ne peut plus naturelle et spontanée. Premier véritable album du combo new-yorkais, l’inspiré et efficace «
Pride » qui parviendra à grimper jusqu’à la 11ème place du Billboard 200 doit être apprécié en compagnie des «
Big Game » et autres «
Mane Attraction » constituant une trilogie de légende indispensable à tous les amateurs de hair metal et même de classic rock.
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