« When the voice of Linkin Park meets
Archive's atmosphere and
Porcupine Tree's guitars ».
Tout de suite, nous avons l’aperçu de ce que l’on s’apprête à mettre en platine.
The Morganatics est donc un quintette rock s’orientant dans les vagues de l’atmosphérique, de brefs élans progressifs et surtout de la mélodie en fer de lance. Le groupe lance ainsi son premier véritable album, un peu plus d’un an après un premier EP, « Grain of Sand », produit par Bill, chanteur d’Enhancer, l’album reprenant ainsi les cinq compos de celui-ci et en rajoute six pour parfaire le tout.
«
Never Be Part of Your World » est donc un album de Spleen Rock, tel que semble le décrire le groupe. Et il est vrai qu’il y a beaucoup de mélancolie dedans, parfois à outrance, tout comme cet air mélodique omniprésent durant l’heure d’écoute nécessaire. Une heure, c’est beaucoup, surtout pour un premier véritable album. La volonté de faire un disque à la fois exigeant et relativement simple d’accès se ressent, mais les Parisiens ont déjà visualisé le chemin à parcourir.
« The Great Deceiver » ouvre le bal avec un bon sommaire de ce que sera ce disque. La voix, assez haut perché, pourra effectivement faire penser à celle de Chester Bennington (parfois même trop), même si je pencherais davantage pour un savant mélange des vocalistes de
Silversun Pickups et des Smashing Pumpkins. Musicalement, cela permute entre des arpèges extra-mélodiques et catchy contre des accords beaucoup plus saccadés et agressifs. La production est honorable, mais la batterie paye cher, ressemblant beaucoup trop à une boîte de conserve, la faute à un son trop cru, trop froid. Quant au break en place, il permet de diversifier le tout, piano et solo à la clé.
Un rock à la limite de la pop.
The Morganatics a globalement saisi le sens de la mélodie, celle qui est prenante, catchy, accrocheuse, parfois douceâtre, quelquefois mielleuse. Le surdosage n’est jamais très loin, toutefois. « Sand (as Children Say ) » apporte une description en musique de ce que j’énumère ci-dessus. Un air ambiant très classique relayé par une explosion assez mollassonne des guitares mélodique, une basse qui résonne aux endroits judicieux, une voix à la dimension éthérée intéressante. Puis au milieu, on y rajoute piano et breakdowns sorti tout droit d’un titre de Metalcore qui font un peu trop office de remplissage, empêchant la mélodie de nous toucher convenablement.
Les titres sont longs, très longs, trop longs. L’aspect progressif est très primaire et le disque se révèle éprouvant à la longue. Les chansons sont beaucoup trop fournies pour la plupart, frustrantes tant les idées sont passionnantes et certains titres accrocheurs dans leurs démarches émotives sincères. « Fade Away » impose une rythmique variant entre des couplets martiaux et mélancoliques à des refrains aux ambiances plus dramatiques et grandiloquentes, me permettant de parler de l’étrange dualité de voix, la seconde me faisant davantage penser Ã
The Mars Volta, mais apportant un surplus d'ambiance.
Je ne vais pas non plus embourber l’article à écrire un paragraphe pour chaque morceaux, les trois cités ci-dessus suffiront à montrer l’étendu du talent de ces musiciens, ainsi que le trop plein de bonnes idées qui rendent l’écoutes difficile. Je citerai les « Come with Me » et « Little Finger Syndrome » dans les registres plus agressifs. Double pédale, saturation mais dans les deux cas, on se perd dans les envies de transition, de la mélodie à la puissance, avec des breaks moyennement bien placés. Des chœurs terriblement niais sur la première, une noirceur mal assumée (par rapport aux breaks et à la consistance des couplets) sur la deuxième et deux titres aux bonnes idées et terriblement maladroite, malgré un très bon dynamisme, bienvenu sur un disque qui manque parfois de poigne.
Les titres « Drag Me to Hell », « Fly » et « Echoes from the Womb » ne manquent pas d’intérêts, mais de diversité. Une introduction calme (électro pour la première, acoustique pour la troisième, les deux ensemble pour la restante) et une application à démarrer au moment juste. Malheureusement, des accélérations très calquées sur les refrains, des instants d’explosivités mal gérés, le sentiment d’écouter un chant faux sur la plupart des envolées, les voix électronifiées nuisent par contre à l’émotion. Autrement, les guitares distordues, les mélanges vocaux ou les « finish » sont pour la plupart rondement bien mené. Mention spéciale à « Fly », à l’émotivité bien plus déroutante et poignante.
Des titres comme «
Three-Leaf Clover Girl » et sa suite « Pro-Mia » donnent de très bonnes idées du potentiel atmosphérique des Morganatics. Si la première ne garde qu’un chant féminisé et un piano pour une ambiance calme et posée, sa suite s’oriente dans une voie progressive grandiose. Violon, guitare acoustique, percussions. Le groupe maîtrise ses pulsions et prends le temps de développer les ambiances. Même quand le son explose, la mélodie est là , puissante et émouvante, simplement sublime. « Ready » clôture l’album sur une longue pièce orchestrale, progressant crescendo, se calmant, repartant de plus belle, explosant des rythmes sourds et des ambiances cristallines, des riffs parpaings et des arpèges de douceur, un chant qui prend des risques, parfois judicieux, quelquefois inutiles. Une façon de nous faire dire que nous sommes prêts pour la suite.
Car il y a intérêt à y avoir une suite. Ce «
Never Be Part of Your World » est un album concluant, mais immature. Certes, il manque beaucoup d’énergie à l’ensemble pour rester accrocheur sur la longueur, mais de toutes évidences,
The Morganatics ne manque pas d’idée. Et une fois celles-ci organisées adroitement, au travers d’un fil conducteur tissé dans la douceur, alors la lumière de l’émotion pourra prétendre confiner l’auditeur dans le sublime espace qui lui revient. Il y a du boulot, mais beaucoup d’espoir.
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