Memories : The 68 Comeback Special

Liste des groupes Rock'n'Roll Elvis Presley Memories : The 68 Comeback Special
ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
pas de note
Nom du groupe Elvis Presley
Nom de l'album Memories : The 68 Comeback Special
Type Compilation
Date de parution 13 Octobre 1998
Labels RCA Records
Style MusicalRock'n'Roll
Membres possèdant cet album0

Tracklist

DISC 1
1. Trouble / Guitar Man
2. Heartbreak Hotel
3. Hound Dog
4. All Shook Up
5. Can't Help Falling In Love
6. Jailhouse Rock
7. Don't Be Cruel
8. Blue Suede Shoes
9. Love Me Tender
10. Baby What You Want Me To Do
11. Trouble / Guitar Man
12. Gospel Medley: Sometimes I Feel Like A Motherless Child / Where Could I Go But To The Lord / Up A...
13. Memories
14. A Little Less Conversation
15. Road Medley: Nothingville / Big Boss Man / Let Yourself Go / It Hurts Me / Guitar Man / Little Eg...
16. If I Can Dream
DISC 2
1. When It Rains, It Really Pours
2. Lawdy Miss Clawdy
3. Baby What You Want Me To Do
4. That's All Right
5. Heartbreak Hotel
6. Love Me
7. Baby What You Want Me To Do
8. Blue Suede Shoes
9. Baby What You Want Me To Do
10. Lawdy Miss Clawdy
11. Are You Lonesome Tonight?
12. When My Blue Moon Turns To Gold Again
13. Blue Christmas
14. Trying To Get To You
15. One Night
16. Baby What You Want Me To Do 17. One Night
18. Memories
19. If I Can Dream

Acheter cet album

 $48.99  90,87 €  62,25 €  £5.64  $ 153.13  191,53 €  11,02 €
Spirit of Rock est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Elvis Presley


Chronique @ hotrodfrancky

03 Avril 2015

The King is Back!

En cette année 1968, le monde a bien changé. Quelques pavés jetés de-ci de-là, en France, en Tchécoslovaquie (état formé de l'actuelle République Tchèque et de la Slovaquie, pour ceux qui n'étaient pas né à l'époque), la révolte est dans l'air du temps. Même notre bon vieux Rock'n'Roll n'échappe pas à la règle. Les nouveaux héros ont les cheveux longs, la barbe touffue et pleine de fleurs, et ils parlent d'amour et de paix en fumant des cigarettes roulées dans du papier qui fait rigoler. Ces nouveaux héros ont pour nom Rolling Stones, Beatles, toute la British Invasion, Bob Dylan, même les Beach Boys, ancienne vedette de la Surf Music, se compromettent dans les expérimentations psychédéliques, certains fréquentant même des membres de la Famille Manson. Et les vieilles gloires me direz-vous? Buddy Holly s'est crashé en avion, Eddie Cochran en taxi, Jerry Lee Lewis, depuis l'annonce de son mariage avec sa cousine de 14 ans, est tricard aux States, Chuck Berry, depuis des vilaines rumeurs sur une affaire de prostitution de mineures (décidément!), est lui aussi tricard (tu parles, en plus, on s'est aperçu qu'il était Noir!), Gene Vincent, quand à lui, minée par la mort sous ses yeux de son ami Eddie Cochran, est devenu alcoolique, tentant de ressortir pathétiquement diverses versions de Be-Bop-A-Lula, n'égalant jamais la version originale de 1956.

Et le King, Elvis, qu'en est-il de son cas? Elvis n'a plus de King que le surnom, égaré à Hollywood, où il accumule les nanars à raison de 4 par an, avec des scenarii (ou scenario? Je ne m'en rappelle jamais!) d'une indigence rare; dans certains de ces films, on peut le voir en cheikh arabe, en aviateur, en boxeur et tout ça avec une guitare près de lui quand lui vient l'idée de pousser la chansonnette. Ses chansons, justement, parlons-en; un seul exemple, mais un beau, l'une de celles-ci s'intitulant "Il n'y a pas de place pour danser la rumba dans une voiture de sport"! Je l'ai volontairement traduite en Français pour que vous compreniez mieux... Édifiant!

Elvis n'est plus rien, même pas un acteur. Pas un seul concert depuis 1961, plus un seul 45 tours dans les charts, la couronne du Roi du Rock est à terre. Et pourtant, personne ne va la ramasser. Parce qu'ils savent tous que si Elvis voulait s'en donner la peine, il mettrait tout le monde d'accord. Mais, ayant disparu des radars depuis de longues années, il fallait frapper fort pour ce "Comeback". Elvis propose à son manager, le fameux Colonel Tom Parker, l'idée de faire un break dans sa filmographie, et de faire une émission de télé à une heure de grande écoute pour Noël. Parker est d'accord, mais il croit qu'Elvis veut faire une émission DE Noël, un tour de chant avec Jingle Bells, Let it Snow, les rennes, le Grinch et Cie. Or, ils ont contacté un certain Steve Binder, grand amateur de Rock et particulièrement du Elvis des premières années, pour réaliser l'émission. Et pour lui, il est hors de question de faire un tel spectacle affligeant. Le projet de Binder, c'est de remettre la couronne de Roi du Rock sur la tête d'Elvis.

Binder alla directement voir Elvis et lui parla franchement, chose que personne n'osait faire. Il lui conseilla d'aller se promener sur Sunset Strip pour voir si on le reconnaissait. Elvis y alla et revint sonné, personne ne l'ayant interpellé. Binder lui dit alors qu'il fallait qu'il retrouve la hargne de ses débuts, ce qui l'avait fait sortir du lot, et de renouer avec son ancien répertoire, au moins pendant une partie de l'émission. Elvis était d'accord, mais il avait peur de ne plus être à la hauteur. Un qui n'était pas d'accord du tout, c'était le Colonel, humiliant Binder en l'appelant Bindle, bien lui faire comprendre que son nom à lui était inconnu, alors que Presley & Parker, pardon, c'est d'un autre niveau.

Mais de plus en plus, Elvis accordait sa confiance à Steve Binder. Et le show fut ainsi tourné en quelques jours. Elvis joue dans des chorégraphies des nouveaux morceaux créés pour le show dont le somptueux "If I Can Dream" qui conclura, où Elvis lâche les chevaux pour une performance vocale hallucinante. Une fausse scène est aussi montée, où Elvis reprend, sans public, ses vieux succès des Fifties. Mais le clou du spectacle, c'est lorsque le King monte sur une scène au milieu des invités, vêtu de cuir noir, aminci, bestial, faisant monter la température de la salle avec ses déhanchements suggestifs. Il rejoint ses potes Scotty Moore et D.J. Fontana (ne manque que Bill Black pour reformer la fine équipe des sessions au Sun Studio), Joe Esposito et Charlie Hodge, se marre, fait des faux départs de chansons, raconte des anecdotes de tournées, échange sa guitare avec celle de Scotty, fait hurler les filles pendant "One Night" et se prend pour un soliste sur "Baby, What You Want Me To Do?". Du grand, du très grand Elvis...

Jusqu'au bout, Parker fit ch... tout le monde, mettant systématiquement son véto à toute proposition de Steve Binder, jusqu'au moment où Elvis le cloua sèchement: "Les contrats, c'est vous, la musique, c'est moi, O.K.?". Ce fut la première et dernière fois qu'Elvis s'opposa au Colonel Parker.

Enregistrée pendant l'été, l'émission fut diffusée le 3 décembre 1968. À la fin de ce magistral coup de poker gagnant de l'indétrônable "King of Rock'n'Roll", John Lennon, venu spécialement aux Etats-Unis pour voir le show en direct hurla: "YEAH! The King is Back!". Keith Richards déclara qu'il sortit du show "sonné" par la performance d'Elvis. Elvis avait définitivement recoiffé sa couronne ce soir-là. Plus personne n'osa le contester. Ayant retrouvé sa stature, il décida qu'il était temps pour lui de retrouver ses fans, via les concerts, et de limiter ses apparitions cinématographiques. Parker l'envoya donc à Las Vegas, où Elvis s'enferma dans les casinos, où il chantait pour des magnats du pétrole venus s'encanailler dans la ville du vice (et pour des cachets monstrueux). Il s'enferma également dans une profonde dépression dont il pensa sortir en prenant des cachets...

Il fallut des années avant que l'on puisse voir "Elvis-The '68 Comeback Special" en intégralité. Encore un coup du Colonel qui avait négocié les droits de diffusion. Sacré Tom, quel farceur...

HotRodFrancky

7 Commentaires

9 J'aime

Partager

MarkoFromMars - 03 Avril 2015: Bien d'accord avec les copains, chronique passionnante avec le décor joliment planté grâce la rigoureuse mise en contexte, j'avais 1 an cette année là.
Combien peuvent se targuer à l'heure actuelle de posséder une telle aura ?
Merci.
Brozzy21 - 03 Avril 2015: Encore une superbe chronique de ta part Francky, j'aime beaucoup ! Toujours très instructives et bien écrites ! Et puisque tu te demandais, scenarii (comme soli) est le pluriel italien. Il est accepté en France mais on préfèrera dire scénarios ou solos dans la langue de Molière :)
MattMaiden - 04 Avril 2015: Superbe chronique passionnante, merci !
lovemedo - 14 Avril 2015: Ben mon vieux ... J'ai beau te connaître -un peu- tu me scies les pattes mec ! J'adore ton style, les histoires que tu racontes, tu m'embarques tout de suite dès la première phrase. T'as un don. Merci pour cette trsè instructive et passionante chro mon poteau !
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire