Passé relativement inaperçu lors de sa sortie en Avril au format cd, le premier et merveilleux album de
Mars Red Sky est quand même parvenu à se glisser à mes oreilles lors de sa sortie au format vinyle, fin 2011. Et quelle claque j’ai pris ! Précisons que le trio est français, ce qui n’est pas inutile quand on connaît la difficulté des groupes de l’hexagone à proposer quelque chose qui ne soit pas trop estampillé « français ». Mais attention, il ne s’agit pas ici de jouer son chauvin de base à supporter des groupes du coin sous le seul prétexte qu’ils sont justement du coin. Non, peut importe leur nationalité, ces gars auraient été australopithèque ou serbo-brésilien que je m’en serais contre-foutu avec force. Mais parlons peu, parlons bien : parlons musique.
Posée, aérienne, contemplative, initiatique parfois, la musique de
Mars Red Sky nourrit l’esprit comme elle l’apaise, elle nous emmène loin dans un univers halluciné mais ô combien distant de nos grises réalités. C’est bien simple, je n’avais pas écouté pareille musique depuis des lustres, au point que je commençais à douter qu’un groupe puisse un jour offrir ne serait-ce que le demi quart de la moitié de cet album. L’image qui me vient à l’instant est la suivante : le Jesu période de son premier album forniquant avec les gus des Black Angels. Tout y est, la distance au monde environnant et la sage résignation, couplés à l’esprit et les sonorités seventies.
Impossible de nier les faits objectifs : la production est à la hauteur de l’album. Le travail est impeccable, propre et net mais dans le seul optique de servir le propos musicale. Autrement dit, chaque sonorité a été travaillée pour suivre le fil rouge du groupe. Le fuzz est aussi absorbant que sale, à peine arrive-t-il qu’on se surprend à marcher dans un désert orangé sous un ciel quasi blanc. La basse est d’une profondeur parfaite pour discuter directement avec le corps, et couplée à certain riffs bien lourd on se croirait proche d’un Ufomammut, c'est-à-dire en communication directe avec le stoner le plus pure, là où la distorsion semble se faire spirituelle. Les solos sont à l’image de la musique, posés et hallucinogènes, contrastant avec la lourdeur des riffs et ouvrant ainsi une brèche, celle de l’imaginaire personnel, qui permet l’envol de la psyché. Enfin, saluons la voix, quasi divine, dans la plus pure tradition du psychédélisme, déclamant tranquillement ses textes : « You can find me there/Find me anytime/Floating in the air/Free at last ». Tout est dit.
Le seul regret au final est que le trip ne dure qu’une quarantaine de minutes. Difficile de rejoindre la course du réel ensuite : « Woke up too soon/Came down to fast ». Paroles issues du dernier morceau, celui-ci se faisant d’ailleurs plus sombre, symbole de l’inexorable descente, de l’inéluctable fin.
Cet album vous hantera, il habitera vos pensées, vos gestes même, il fera corps avec vous, vous offrant un regard nouveau, une distance salvatrice avec le monde. La musique de
Mars Red Sky est d’une pureté incroyable, insoupçonnable même. Intemporelle ? Trop tôt pour le dire. Mais gageons que cet album, comme un bon cru, se bonifiera encore plus avec le temps, si c’est possible.
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