Dire que certains pensent que tous les albums de
Motörhead se ressemblent ! En voici un qui sera à l’origine de nombreuses polémiques, même si le gang de Lemmy reste reconnaissable entre mille. Pour son quatrième effort studio sous la forme d’un quatuor, la 'tête motorisée' s’offre quelques mouvements de personnel dictés par l’appel à des invités, mais également par la mise à la porte de Phil "Philty Animal" Taylor qui n’intervient finalement que sur un titre avant d’être viré puisqu’il ne connait pas ses partitions. Et si Mikkey Dee est crédité sur cet opus, c’est en réalité Tommy Aldridge qui assure la quasi-totalité des parties de batteries. Dee ne joue en fait que sur un titre, n’étant investi comme nouveau membre que tardivement.
Pourtant, tous ces mouvements n’altèrent en rien la cohésion de ce "March Ör Die" qui, sans trahir l’identité de
Motörhead, semble bien destiné à s’attaquer au marché américain. Fini le son sec et brouillon de "
1916". Ici, la production est puissante et claire et donne sa place à chaque instrument. Et si la majorité des titres est marquée du sceau de sa majesté Lemmy, ce dernier nous réserve cependant quelques surprises, à commencer par l’exercice de la ballade particulièrement rare pour
Motörhead. Il est ici représenté par un "I Ain’t No Nice Guy" semi-acoustique, chanté en duo avec l’ami Ozzy Osbourne, et sur lequel
Slash vient balancer un de ces soli dont il a le secret, alors que l’ensemble est enrichi de lignes de piano interprétées par Peter Solley. Voilà qui fait beaucoup à digérer pour les 'die-hard' mais qui pourra ouvrir les portes du marché US. C’est également avec cet objectif que le quatuor reprend le "
Cat Scratch Fever" de
Ted Nugent, ainsi que le "
Hellraiser" de Ozzy, sachant que Lemmy a participé à l’écriture de ce titre. Le premier est pourtant mieux réussi que le second sur lequel Lemmy est en difficulté au chant.
Au rayon des nouveautés, nous noterons également le bon gros heavy-blues-rock "
You Better Run" (qui bénéficie lui-aussi d’une intervention de
Slash), ainsi que le titre éponyme à la fois sombre, lourd et atmosphérique, même si
Motörhead s’est déjà essayé à ce style avec "
Orgasmatron" ou "Nightmare/The Dreamtime". Le reste est plus classique et d’une grande efficacité, en particulier un "Stand" scandé et entêtant à l’accroche immédiate, le sombre et menaçant "
Bad Religion" et un "
Jack The Ripper" à dominante speed mais jouant néanmoins avec les changements de tempo. Seul "Too Good To Be True" trahit un peu trop les visées commerciales du groupe. Il est également à signaler que le duo Campbell / Würzel a parfaitement trouvé ses marques et nous livre quelques belles harmonies, bien mises en valeur par la production qui permet de distinguer les deux guitares.
Entre ses envies d’Amérique, ses reprises et ses invités, il est évident que ce "March Ör Die" va en déstabiliser quelques-uns, mais ce n’est pas pour cela qu’il s’agit d’un mauvais album. Bien au contraire, Lemmy réussit ici à ouvrir son style si personnel à d’autres influences, sans pour autant renier son identité. Il serait donc dommage de bouder un opus de cette qualité et de se priver des quelques pépites qu’il renferme.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire