Made in Japan

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19/20
Nom du groupe Deep Purple
Nom de l'album Made in Japan
Type Live
Date de parution Avril 1973
Style MusicalHard-Rock
Membres possèdant cet album78

Tracklist

1. Highway Star 06:42
2. Child in Time 12:18
3. Smoke on the Water 07:37
4. The Mule 09:28
5. Strange Kind of Woman 09:52
6. Lazy 10:27
7. Space Truckin' 19:53
8. Black Night 06:17
9. Speed King 07:25
10. Lucille 08:03
Total playing time 1:38:02

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Deep Purple


Chronique @ Rellum

12 Juin 2014

Il y a des Lives et il y a Made in Japan!

Sorti en décembre 72, ce double LP live de Deep Purple est un condensé des 3 concerts donnés par le groupe à Osaka et Tokyo les 15, 16 et 17/08/1972 et servant de support à l’album « Machine Head » sorti quelques mois plus tôt.
Cet album extraordinaire est devenu très vite une référence en la matière ; en effet, à l’époque les qualités techniques de l’enregistrement avaient stupéfié les professionnels du métier. Il faut dire que la filiale asiatique d’EMI ; Toshiba, avait mis à disposition du groupe le meilleur matériel du moment. Il est à souligner que la matière a été gravée telle quelle sur bandes, sans subir aucun traitements rectificatifs; c’est donc du hard-rock pur « bio », sans additifs ni édulcorants quelconques ; du Deep Purple bourré de vitamines et d’énergie euphorisante !

Donc en 1972, Deep Purple s’envole vers le Japon pour y donner une série de concerts promotionnels du fabuleux album « Machine Head ». Le public japonais était très réceptifs se souvient Ian Paice, mais il était en quelque sorte balancé entre le sentiment d’exulter, de s’éclater et celui de rester dans le carcan rigide du mode de vie locale. Par exemple, le public qui subissait de plein fouet les assauts musicaux du groupe, semblait hésiter un moment avant de manifester bruyamment sa satisfaction puis stoppait subitement tout débordement dès que le groupe introduisait le titre suivant.

Le LP démarre sur les chapeaux de roue avec le titre « Highway Star » hymne cinglant à la vitesse qui permet à (déjà) Ritchie Blackmore de faire étalage de toute sa dextérité à la six-cordes, bien secondé il est vrai par le jeu fantastique de Jon Lord aux orgues Hammond. Quant à Ian Gillan, très en voix malgré quelques éraillements, il avouera plus tard n’être pourtant pas très content de sa prestation lors de ces concerts (il aurait eu une bronchite à ce moment!)

Suit alors le summum de cet album, la version incroyablement émotive de « Child in Time ». Ici, on frôle la perfection ; une introduction de plus de 2min de Jon Lord vous emmène dans les limbes de l’extase, la voix tout en retenue de Gillan invite presque à la méditation jusqu’au moment où ses hurlements grinçants lancent Ian Paice dans des salves de batterie du meilleur effet. Jon Lord reprenant alors très vite le flambeau en guise de rampe de lancement pour le pistolero Blackmore qui s’en donne à cœur joie en balançant des soli de guitare endiablés. Le tout est soutenu par la rythmique groovie batterie – basse de Paice et Glover.

Chapeau bas messieurs, du grand art ! La fausse coupure du morceau surprend un peu le public, mais de suite Jon Lord reprend la main tout en douceur pour un remake de l’intro s’étirant jusqu’à l’apothéose en une explosion magnifique de sonorités typiquement « purpeliennes ». On reste pantois à l’écoute de ce morceau, comment peuvent-ils donc dégager une telle énergie tout en restant très fins dans leur technique de jeu ?

Et puis arrive un autre instant de grâce ; LE monument rock par excellence « Smoke on the Water », qui, nonobstant une intro un peu loupée de Blackmore, porte le public aux nues. Encore une fois, les cinq membres du groupe font preuve d’une technicité incroyable. Blackmore est particulièrement en évidence sur ce morceau véritablement taillé pour les as de la guitare.
Evidemment la foule est déchaînée, quel spectacle ce devait être !
Avec « The Mule », le groupe se relance encore dans une composition assez longue qui permet davantage au batteur d’exprimer ses talents avec un long solo central comme on aimait en entendre dans le début des années 70’. Le titre suivant : « Strange Kind of Woman », paru uniquement en single en Europe, met en exergue le potentiel « hit » du groupe avec un refrain accrocheur porté par les prouesses vocales de Gillan. La longueur du morceau est encore une fois propice à exprimer la puissance et l’énergie dégagées par le groupe. Cela est vivement ressenti lors du duo final « Guitare-voix » sur fond d’un rythme martelé par la patte de Ian Paice, tantôt légère, tantôt bien plus appuyée ; le morceau se terminant par les longs hurlements d’un Ian Gillan à la limite de la rupture.

Le groupe paraît jouer en harmonie, mais pourtant, Deep Purple subit à ce moment déjà quelques tensions internes dues aux forts caractères de ses membres, dont notamment celui de Ritchie Blackmore particulièrement teigneux et vindicatif ; l’alcool et la drogue n’aidant bien sûr pas à maintenir la cohésion de l’ensemble. Un peu plus tard d’ailleurs, Glover et Gillan seront tout bonnement virés du groupe par le despote Blackmore . Ces tensions sont significatives au début du morceau « Lazy » dans lequel Ian Gillan, après que Ritchie Blackmore ait monopolisé l’attention sur sa personne durant de longues minutes (plus de 6’), lance à ce dernier un virulent « shut up » afin de lui signifier d’arrêter ses démonstrations « guitaresques » égocentriques.

A noter que c’est au cours de ce titre que Ritchie Blackmore rend hommage à sa manière à un compositeur de musique classique suédois Hugo Alfven en lui empruntant quelques mesures réarrangées de sa première symphonie. On le voit, Deep Purple, ce n’est pas que du bruit, on sait pertinemment que Lord et Blackmore appréci(ai)ent les grands compositeurs classiques ; dont Bach en particulier. Le dernier titre du double LP « Space Truckin’ » est une espèce de grand mix dans lequel les membres du groupe empilent tout ce qui leur passe par la tête, cela respire un petit parfum psychédélique à tendance space rock. C’est une clôture légèrement hors de propos à ce double superbe LP ; j’aurai certainement préféré y voir une conclusion plus traditionnelle avec des titres plus courts mais plus nombreux (on arrive tout près des 20’ de défoulement général). Et pourtant, force est de reconnaître que l’étalage et la maîtrise du groupe se prêtent à merveille à ce genre de bordel organisé.

En conclusion, mon avis personnel est qu’il y a des lives, et il y a « Made in Japan », le live de référence, reflet d’un groupe en pleine possession de ses moyens et à son zénith artistiquement.

5 Commentaires

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choahardoc - 12 Juin 2014: La joie, l'énergie et le talent concentrés à ce point: du jamais vu à l'époque. Rarement entendu d'aussi bons trucs depuis. Indispensable.
 
DEVRENGUITAR - 12 Juin 2014: Décidément les, chroniqueurs sur Spirit sont de subtils narrateurs, quel talent et quelle nostalgie. Je replonge plus de quarante ans en arrière et j'ai la très agréable sensation de revivre ça. Alors un très grand merci à toi et S.T.P balances nous en une nouvelle de ce calibre très vite. Au fait, je suis d'accord avec choahardoc, des groupes comme ça, on en fait plus.
MattMaiden - 15 Juin 2014: Magnifique chronique pour un album définitivement culte. Félicitations !
f101164 - 18 Juin 2014: un des meilleurs live !!
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