Le bruit assourdissant des foules hystériques, un rythme de tournées effréné, aucun instant de répit… Voyager, déballer, jouer, remballer, voyager,… L’incroyable succès du deuxième opus de
Led Zeppelin font d’eux les maîtres du Rock, instaurant le point de départ de tout un style. Mais succès rime avec tournées et qui dit tournées dit fatigue. La série de concerts donnée en Amérique du Nord fut éprouvante et c’est lors de celle-ci que la réputation sulfureuse du géant londonien gagna en puissance à cause entre autres aux chambres d’hôtels dévastées, groupies, consommations abusives de drogues et j’en passe et des meilleures. Mais cette série de concerts exténuante aura un impact important sur la composition du troisième opus, car il ne faut pas oublier que les 2 premiers albums de
Led Zeppelin furent composés lors des tournées, ne laissant que peu de temps aux musiciens. Bref, ce n’est donc pas surprenant qu’une année entière sans aucun répit finisse par fatiguer les Anglais. Et sur ce, ils iront dans un lieu qui définit à lui seul cet album de Led Zep fort différent…
Bron-Yr-Aur, petit cottage du 18ième siècle, se situant à 2 kilomètres de la ville la plus proche (Machynlleth, 2000 habitants), dépourvu d’électricité, d’eau courante et manquant de s‘effondrer si l‘ampli Marshall dépasse les 100 watts selon le chanteur. Ce trou perdu complètement inconnu deviendra pourtant le lieu de vacance et de composition de Page, Plant et leur famille, et c’est justement cette absence d’électricité et l’ambiance s’en dégageant qui les pousseront à composer énormément de titres folks acoustiques. John Paul Johnes et Jason Bonham rejoindront ensuite le chanteur et le guitariste à la ferme Headley afin de répéter les compositions et les enregistrer, ainsi qu’après aux studios
Olympic à Londres.
Un autre indice pourrait définir la musique de cette opus : la pochette, parsemé de dizaines de symboles, de fleurs, d’avions (Jasta 11 ?), de Zeppelins,.. Sans compter ce logo qui nous ferait croire que l’on a acheté l’album d’un énigmatique hippie armé de sa guitare répétant au fin fond d’une ferme du
Kansas rempli de la fumée de ses haschichs provenant de son « jardin magique ». Nous sommes très loin de l’Hindenburg en feu ou de l’aviation allemande de la Grande Guerre. Très énigmatique en somme…
La galette dans le lecteur, "
Immigrant Song" entame l’album et d’une manière redoutable et imparable. Culte à en mourir, cette intro menée par la guitare ainsi que par ce duo basse/batterie monstrueux et ce chant… Ce chant incroyablement haut perché de Plant nous transperçant jusqu’aux plus profonds de nos viscères pour ensuite nous mener à travers cette ode aux soldats normands attaquant l’Angleterre.
Led Zeppelin nous montre grâce à cette chanson un visage plus vindicatif, une nouvelle évolution plus lourde de leur Hard Rock. Pourtant ce terrible morceau semble bien seul au vue du style de l’album. Le seul du même acabit est "Out on the Tiles", écrit en grande partie par Bonham, où celui-ci nous assène cette intro qui sera reprise lors de ses futurs solos de batterie en concert et pouvant atteindre les 40 minutes.
Car oui, ce troisième opus n’est pas du tout du même acabit que les précédents, comme nous le fait remarquer la sublime "
Tangerine", ballade folk d’une douceur délicieuse sans pourtant tomber dans le mielleux. Ou alors l’entrainant "Friends" où, toujours armé de sa guitare folk, Page nous fait voyager grâce à ces chœurs ambiants nous emmenant dans un univers celtique chaleureux et accueillant. Et de titres folks, l’album en est rempli : "Bron-Y-Aur Stomp" (en hommage au fameux cottage), "Hats
Off to (Roy) Harper" rempli d’effets de guitares tout au long du morceau, nous montrant que même sur des titres comme ceux-ci, Page se révèle toujours aussi original.
Mais il serait bien triste d’occulter le meilleur titre de l’album, véritable bombe de Blues, qualifié de « plus belle chanson de Blues écrite par des Blancs » par
BB King (ce n’est pas rien !). J’arrête le suspense directement, il s’agit bien sur du majestueux "Since I’ve Been Loving You". Qui n’a jamais fredonné cette sublime mélodie de guitare que nous délivre Page sur sa guitare d’un son si cristallin ? Une tristesse si grande dans la voix de Plant semblant si réelle pour ensuite partir dans un longue plainte émouvante. Et toujours ces cris incroyables… Si ce n’était que cela… Ce solo de Page si beau, intense, semblant ne vouloir jamais finir. Un morceau titanesque associé à des paroles touchantes où tout est tellement parfait que cela semble n’avoir jamais été écrit par des êtres vivants…
Abondances de ballades folks et quasi abandon du Hard Rock et du Blues, cet album est une véritable cassure par rapport aux 2 premiers opus qui engendraient un style dont il ne reste que peu de traces sur cet opus. Et pourtant
Led Zeppelin III émerveille, transporte l’auditeur dans un monde lointain, directement inspiré de leur escapade à Bron-Y-Aur Stomp qui aura marqué le groupe à jamais et l’influencera énormément sur l’album suivant…
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