Je ne me rappelle plus comment j’ai découvert ce groupe, mais je sais que je m’attendais à un groupe de Metal folklorique des familles qui ressemblait à ce que je connaissais.
Quelle ne fût pas ma surprise à leur égard lors de ma première écoute! Tout d’abord, ce n’est pas du Metal ni du Rock, mais en plus c’est chanté en français québécois! Ça faisait un peu friser mes oreilles au début, mais j’ai été très vite séduit et j’ai su très vite apprécier leur style et ce qu’ils me proposaient en tant que musique.
Qui sont les Bâtards? Déjà cette question est très importante car elle est le groupe et elle est la musique. Vous allez comprendre. Les Bâtards Du Nord sont des musiciens qui viennent d’un peu partout au Québec et proposent un Folk Viking francophone bien à eux et implagiable. C’est un style unique. Du jamais entendu jusqu’à maintenant. Un style unique parce qu’ils sont les seuls à offrir ce type de musique. L’imagination est prédominante. Tant dans les textes que lorsqu’on écoute leur musique. Nous sommes instantanément transportés et tout le temps de l’album, fini les villes puantes, le transport en commun sale et en retard. Nous sommes littéralement transportés plusieurs siècles auparavant. À l’âge où les légendes étaient réalité, dans une époque où les arbres chantaient leurs poèmes, au même rythme que les vagues nous transportaient vers les rivages encore vierges. Cette époque a su être préservée avec ce groupe, laissez-moi vous montrer.
L’album commence avec une présentation un peu théâtrale du groupe. Un débarquement qui précède le pillage et l’invasion sur les terres habitées. Comique, mais le message est très clair; sois tu aimeras, sois tu n’aimeras pas. Si tu n’aimes pas, passe ton chemin immédiatement, sinon viens t’abreuver avec nous. L’introduction porte directement avec la présentation du groupe avec la pièce portant le nom du groupe. C’est de la musique folklorique acoustique Viking unique. Le tout enrobé de rimes posés et travaillés qui laissent l’imagination se laisser aller sur des terres inconnues.
On imagine sans peine ces guerriers nageant entre deux mondes; celui de Mannaheim et celui du patrimoine québécois. Certes tous deux des mondes très différents l’un de l’autre, mais les Bâtards ont su créer une symbiose unique qui donne une originalité et une vie à cette musique qui ne peut se détacher des personnages, eux-mêmes liés à l’âme du groupe. Car quiconque a pu observer ces fiers guerriers ne pourra les détacher de l’esprit de leur musique. Sans leurs costumes, ce serait comme Iron Maiden sans Eddie, un Motörhead sans Lemmy, un Yngwie Malmsteen sans égocentrisme, un Manowar sans testostérone.
Avant d’aller plus loin, je vais me pencher sur l’enveloppe charnelle de l’album car celle-ci honorant l’album, je ne puis omettre sa description.
Tout d’abord la pochette et la qualité du carton a été changée. La raison est que la première version de l’album était (trop) biodégradable et le temps le pressait trop vite à l’agonie. Une seconde jaquette a donc été faite, cette fois plus belle et davantage dans la mentalité du groupe. Pour les nostalgiques en manque de relique, l’ancien artwork est sur la page couverture du livret. Représentant un guerrier tout de fer vêtu s’abreuvant dans une corne, drakkar et tonneau flottant dans l’océan sans fin derrière lui. Dans le livret, chaque morceau est illustré et orné d’entrelacs. Même dans le livret, l’ambiance de l’album règne. Bref, ils n’ont pas chômé pour le livret et ça mérite qu’on y porte attention. Pour la nouvelle version de l’album, c’est deux guerriers qui nous ouvrent la porte vers ce monde. Et à l’arrière, Heimdall soufflant dans Gjallarhorn et un Berserk vidant d’un trait une boisson alcoolisée. Le tout dans des teints de bois et ornés de français runique et d’entrelacs.
De retour à la musique. L’album s’enchaîne pièce par pièce et arrivé à « Vendu pour Bouère » qui est peut-être la pièce la plus populaire du groupe, elle de faire un arrêt et d’en parler. Effectivement, rien qui ne changera votre vie et à plus petite échelle rien qui ne vous fera tomber en bas de votre chaise, mais c’est une pièce qui restera. Racontant les malheurs d’un artisan qui boit beaucoup trop, surtout lors de la foire, il aura vendu tout ce qui lui était précieux pour s’offrir un autre boc. On a tôt fait de se mettre à chanter la corne bien haute levée. Les paroles sont entraînantes et comiques. Simple mais efficace, elle reste un incontournable sur scène, sinon c’est le bûcher pour ce blasphème.
Pour ceux qui vont entendre pour la première fois ce groupe, sachez que vous serez surpris. Un guerrier tout de fer vêtu, hache à la main, corne de bière dans l’autre, molaire en moins, revenant d’excursion nous chante sans honte, mais avec affirmation et avec son gros accent québécois des histoires qu’il a vécu ou qu’il a ouïe dire avec des rimes et des vers posés solides.
Quand la musique démarre et que la voix commence à gronder, nous sommes transportés dans un autre monde. Mêlant tradition Viking et savoir-faire québécois, cet astucieux mélange en vaut la peine. Notre imagination se gonfle telle la voile carrée du drakkar et se laisse porter vers Vinland sous les rythmes joyeux des guerriers aiguisant leurs épées (entre deux cornes). Telle est l’ambiance et la musique que nous offre Les Bâtards Du Nord.
Windsong est la seule pièce anglaise de l’album. Pourquoi? Parce qu’ils ont besoin d’un petit hit pour se lancer dans le succès commercial? Non. Tout simplement parce que les Bâtards ont voulu rendre hommage à leur manière à Tolkien en reprenant un extrait de son livre « The Hobbit ». De toute façon, ce n’est pas une guimbarde qui les fera passer à la radio et tant mieux; ils valent beaucoup plus que ça.
Arrive maintenant le titre éponyme de l’album. Encore une fois c’est un rythme entraînant entouré de rimes solides vous régalant d’orge et d’Hertz puisés dans un imaginaire Viking francophone. Encore un incontournable en Live.
Les morceaux continuent de s’enchaîner. Avec une instrumentale comme « Le Reel de la Banshee » qui est bien jovial et dont la tin whistle se partage nos oreilles avec les cuillères et la guimbarde, mais qui ne rivalisera jamais avec un bon Dervish ou Chieftains. Avec « Le Souffle de la Bête », une instrumentale qui ne lance que trop bien vers « Le Rite Funéraire » qui se veut prenante et puissamment guerrière. On voit que nos Bâtards ont fait de la bonne recherche. Le rite est décrit comme il se faisait chez la plupart des Viking et on se transporte encore sans difficulté chez ces porteurs du Marteau, imaginant sans peine notre barbe garnie, nos tatouages entrelacés, nos runes gravées sur nos armes et le bruit des goélands chassant le poisson pris dans les filets des pêcheurs sur la berge.
D’autres titres continuent la lancée. « Petroushka » qui reprend un thème de l’Armée Rouge, maintes fois repris par des groupes médiévaux comme Schelmish ou Cornix Maledictum, ou bien « When Domovoï Turns Mad » qui est comique et entraînante, que l’on pourrait confondre avec du Finntroll des premiers jours dans sa composition.
L’album termine tranquillement avec le titre le plus long de l’album et qui est directement dans l’esprit du groupe; alcool et guerre.
Bref, un album entraînant, mature, bien composé, très Folk et très Viking. Un type de musique unique et qui te rentre dans le sang et qui fait battre ton cœur. Une musique entraînante qui te fait partir à la dérive vers des horizons jusque là inconnus de ta personne. Un album à écouter et un groupe à apprécier!
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