Quatre ans d'attente, c'est devenu une habitude depuis le retour en force du quintet de
Boston avec "
Permanent Vacation". Une pochette rose avec une Maryline 'électro', voilà qui n'a rien de révolutionnaire non plus. Et c'est peut-être ça qui est surprenant de la part d'un groupe à la créativité débridée: c'est que les nouveautés se font attendre. Seulement voilà,
Aerosmith a désormais atteint un statut digne des Rolling Stones, celui de légende vivante qui peut se permettre quasiment n'importe quoi sans que cela représente de risque particulier. D'ailleurs, ne l'avons nous pas vu se mélanger à Britney Spears et au boys-band N'Sync à l'occasion du spectacle de mi-temps de l'Orange Bowl ?
Mais que peut proposer musicalement un tel groupe alors qu'il vient d'enchaîner 4 albums studios incontournables ? Un peu de tout à vrai dire. D'un côté, il utilise quelques recettes ayant déjà fait leurs preuves par le passé. C'est le cas avec la power-ballade "
Fly Away from Here" qui n'est pas sans rappeler le tube "I Don't Wanna Miss A Thing", ou avec un "Luv Lies" aux accents de "
Cryin'". Le très bon "Light Inside" déverse également une énergie punk digne de "Crash" ou "
Nine Lives" alors que l'excellent "Under My
Skin" reprend des variations de tempos, parfois heavy et 'Zeppeliniens', parfois aériens, renforcées par un solo incandescent et un harmonica accrocheur.
Sans pour autant révolutionner son style,
Aerosmith ne se prive cependant pas de quelques expérimentations, s'engageant parfois vers un pop-rock syncopé (le single "
Jaded"), flirtant avec une fusion puissante et renforcée de cuivres ("Trip Hoppin'"), voire une violence typiquement urbaine avec un "Drop Dead Gorgeous" malheureusement handicapé par le chant de Joe Perry. Et puis il y a ce retour vers ce qui permit au groupe de revenir sur le devant de la scène avec ces éléments rap mélangés aux grosses guitares. Retour entièrement assumé, Tyler glissant une allusion au célèbre "Walk This Way" sur un titre éponyme à la fois frais et puissant, alors que la formule est à nouveau utilisée sur un "Outta Your Head" au refrain direct.
Une fois de plus,
Aerosmith nous sert une
Collection de titres accrocheurs, puissants et efficaces. Nous poserons cependant quelques légères réserves sur une production tellement travaillée qu'elle aseptise parfois certains titres en étouffant un peu la mélodie. Et puis il y a le fait que les membres du groupe ne se soient que rarement retrouvés ensemble en studio qui enlève un peu de spontanéité à l'ensemble. N'en déplaise aux éternels insatisfaits, "
Just Push Play", s'il n'est pas le meilleur album de ce groupe légendaire, ne manque malgré tout pas d'arguments pour botter le derrière à de nombreux jeunes groupes, et il confirme que
Aerosmith, bien qu'ayant rejoint le clan très restreint des groupes intouchables, reste tout de même capable de continuer à évoluer et à prendre quelques risques artistiques.
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