Coller côte à côte «
Mad Max » et «
Interceptor » et on en vient aussitôt au légendaire film de George Miller, sorti en 1979. Mel Gibson avait alors crevé l’écran au volant de son bolide noir. L’œuvre cinématographique avait donné le nom de la formation de Michael Voss. Néanmoins, les allemands de «
Mad Max » n’ont pas autant cartonné. On va dire qu’ils se sont tenus trop dans les basques de groupes teutons bien plus prestigieux. Ne citons que «
Scorpions », « MSG », « Bonfire ». Intituler son onzième album «
Interceptor » peut être vu comme un plus fort hommage au film australien de 1979, mais aussi comme un rappel de ses sources. Comme on l’a déjà observé sur le précédent album sorti en 2012, « Another
Night of Passion », Michael Voss et ses potes tiennent à rester dans les années 80. «
Interceptor » ne va pas échapper à la règle. Produit par notre chanteur à la voix tendre dans ses studios de Münster, l’œuvre n’intègre pas, en toute évidence, la violence de
Mad Max, le film. Il s’avère tantôt charmant, tantôt inoffensif. L’intercepteur a pris la rouille.
Comme son précédent «
Interceptor » contient une bonne dose de FM, à commencer par le titre « Save Me » qui donne à prime abord l’illusion d’une ballade avant que ne viennent les riffs tranchants en provenance de la guitare rythmique de Jürgen Breforth. Nous voilà avec un morceau mid tempo dans un style heavy rock mâtiné FM, bien trempé à la sauce des années 80. On aura pu apprécier la chose si la guitare rythmique ne marquait pas autant la répétition. Il n’y a que la lead guitare de Voss qui se permettra d’une heureuse, mais courte, sortie. La musique de «
Mad Max » a beau essayé d’offrir un panel de musiques allant du hard FM à un heavy rock plus nerveux, comme nous le verrons par la suite, ses compositions manqueraient d’excentricité, de vitalité. Ainsi « Sons of Anarchy » est un parfait exemple de la monotonie des chansons de l’opus, malgré un jeu aiguisé, tentant de surfer sur un esprit de nonchalance. On y retient un très traditionnel et candide refrain, avec soutien de chœurs, qui donne l’illusion d’une éclaircie au sein de la piste.
Ce phénomène est utilisé à maintes reprises, notamment sur des morceaux un peu plus costauds à l’image d’un « Godzilla » ferme sur sa partie musicale, moins inspiré sur sa partie chant. En évoquant « Godzilla », il faut savoir que celui-là, au même titre que « Streets of Tokyo », a été influencé par la tournée japonaise aux côtés de « MSG ». Hermann Rarebell, l’ex-«
Scorpions », qui était lui aussi de la tournée a écrit les paroles du percutant « Streets of Tokyo ». Un bon titre aux accents plus heavy metal, mais dont l’effet ne dure pas, faute d’être suffisamment entreprenant. Le dynamique « Bring on the Night » s’en sortira un peu mieux. La voix de Michael respire assez étrangement la jeunesse et la fraîcheur. Membre imparable de la formation. Il usera d’impétuosité sur le tout aussi vibrant « Revolution », transpirant le « Mötley Crüe » de tous ses pores. Une petite révolution dans un album juste un peu trop sage.
Comme bons délégués de cette impression d’ingénuité, nous avons un « Rock All Your Life » accordant un penchant assez prononcé pour «
Def Leppard ». Il faut compter aussi sur un « Five Minute Warning », s’inscrivant comme une ballade. Le ton y est lent et désolé. Le refrain agit dessus comme un faisceau lumineux de courte durée. Cela s’avère tout de même assez morne au niveau des mélodies. L’originalité, comme sur la majeure partie des pistes de l’œuvre, ne s’en dégage quasiment pas. Sur ce point, le groupe aura déçu. Il n’offre presque aucune inventivité à ses auditeurs. La bande enfonce même le clou en reprenant un de ses titres phares issu de son album «
Night of Passion » de 1987, « Show No Mercy ». Ce n’est en fait qu’une reprise mollassonne, au même chef que celle de « Turn It Down » de « The Sweet ». On ne retrouve plus du tout la virulence et l’esprit sauvageon d’origine. «
Mad Max » a vraiment perdu de sa prestance d’antan.
La ferraille rouille et les beaux bolides vont un jour à la casse. «
Mad Max » a connu des difficultés pour s’imposer dans une scène déjà surchargée. Désormais, c’est l’inspiration qui vient à manquer. Un goût de fadeur ressort de cet «
Interceptor », idéalisé par une pochette révélatrice, mais peu flatteuse, signée pourtant par le célèbre Thomas Ewerhard (ayant illustré des albums d’ « Amon Amarth », d’ « Avantasia » et de « Therion »). L’éloquente prestation vocale de Michael Voss ne fera malheureusement oublier ni la porosité des compositions du groupe, ni le jeu sans ambition des autres membres. Il y a de la retape et beaucoup d’huile de coude en perspective avant que la machine puisse un jour être remise à neuf et régner sur les terres d’asphalte.
Mad Max, le film, ça se résumait à cette citation : « Je suis né un volant entre les mains et un accélérateur collé au pied ». Faites en sorte que cette réplique soit aussi la vôtre.
12/20
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