Il ne faut pas se fier à une pochette d'album. Certaines sont hideuses et renferment des petits bijoux, d'autres sont bien léchées et cachent des accidents industriels. La pochette d'"Ignition" nous montre un Roadster des fifties à l'envers, genre: "J'ai glissé, Chef!". Autour du Hot Rod, plein de Teens américains, en train de se demander si le conducteur s'en est sorti ou pas. Autant le dire tout de suite, Setzer est un très bon conducteur, pas d'accident à craindre. Au contraire.
Setzer avait mis fin au
Stray Cats parce que la formule trio avait vécue, il voulait élargir sa palette musicale, et il avait parfaitement réussi son entreprise avec son Big Band mi-Jazz, mi-Rockab'. Mission accomplie, il prend tout le monde à contre-pied en ressortant un album en trio, en débauchant Mark Winchester et Bernie Dresel, le contrebassiste et le batteur du
Brian Setzer Orchestra.
Alors qu'on le pensait usé par la formule, Brian nous sort un album MONSTRUEUX, un véritable festival de Rockabilly, de Rock'n'Roll, de chansons à la gloire des Hot-Rods, des filles et des années Cinquante. La preuve avec sa chanson "'59", où il nous explique qu'il aime tout ce qui vient de cette année-là, sa gratte et sa femme (et, accessoirement, lui, puisqu'il est également né en 59!).
Son album est un festival de guitares, qu'il met en avant comme jamais il ne l'avait fait. Tout au long des 14 titres, Setzer impose une maestria musicale et vocale impressionnante. Rien à jeter là-dedans, le Runawat Boy nous sort peut-être le meilleur album de toute sa carrière, qui commence pourtant à être longue, maintenant. Tout commence par le titre éponyme, sec, nerveux, avec un riff d'intro qui vous rentre dans le crâne comme un sabre dans du beurre. De la grande chanson Rock'n'Roll, assurément. Puis, une petite innovation, Setzer nous sort de sa cave (que je soupçonne bien fournie) une Gretsch double-manche pour un "5 years, 4 months, 3 days" écrit uniquement pour sa belle guitare. Et puis, tout le monde à genoux, c'est l'heure de l'ouragan "Hell Bent", avec intro genre je-galope-sur-mon-manche-mais-faites-pas-gaffe-à-moi, un truc qui pourrait se retrouver sur une B.O. de Tarantino.
Retour au Rockab' pur et dur par la suite, avec, notamment, un "Rooster Rock" chanté par Mark Winchester, du Rock plus ou moins FM comme il en a déjà fait, mais réussi ce coup-là ("Who Would Love This Car But Me?"), une "Santa Rosa Rita" échappée d'un claque de Tijuana, une ballade somptueuse ("Dreamsville"), pour finir sur une version ébouriffante de "Malagueña", qu'il expérimentait déjà en live avec le BSO. Petit conseil pour les débutants à la guitare; essayez d'autres versions de ce classique de la guitare avant de vous atteler à celle-ci, les triples entorses du poignet risquant de vous freiner dans votre progression.
Bon, je sais, j'ai toujours tendance à exagérer un peu (???) quand il s'agit de Setzer, mais, là, je vous le jure, n'hésitez pas une seule seconde à vous procurer cet album, Setzer y livre le meilleur de lui-même, et le tatoué relègue tous les prétendants à sa couronne loin, très loin derrière.
Dans la chanson "Blast
Off",
Brian Setzer chantait: " I'm the Rockinest Cat of the Galaxy.".
C'est vrai.
HotRodFrancky.
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