Eels
Hombre
Lobo: 12 songs of desire
Est-ce encore utile, aujourd'hui de présenter un
groupe de plus de dix ans, ayant sorti sept album studio, et
connaissant un succès international? Et bien bizarrement, pour
Eels,
oui. En fait, même face au manque de succès français, tout le
monde connait
Eels, même sans le savoir. Que ce soit grâce Ã
l'immense tube « Novocaïne For The Soul », ou dans un
des trois Shrek, où on y retrouve à chaque fois un petit air. Et
derrière tout ça, il y a un homme, petit, barbu, à lunettes, l'air
triste: le très créatif Mark Oliver Evrett, mieux connu sous son
pseudo: E (prononcer « i »)
En
2005 sortait le double album Blinking
Lights And Other Revelations, leur
sixième opus, acclamé par la critique, il est considéré comme la
meilleure création de E. C'est dire si on attendait la suite avec
impatience (attente comblée par la sortie entre temps de
l'autobiographie déprimante de E, et d'un Best Of).
Mais
le voilà , l'album Hombre
Lobo (Loup
Garou en français)et sa pochette si... eu... si moche. Mais on ne
s'arrête pas à ça, connaissant E, et son sens du très mauvais
goût (en témoigne sa nouvelle barbe), alors on écoute, tout espoir
en tête.
Un accord de guitare, et le loup garou est réveillé,
d'ailleurs, on l'entend hurler. L'album commence par « Prizefighter »
une petite chanson joyeuse et simple, assez rock pop, c'est
sympathique. On ressent quand même que cet album a été enregistré
à la maison, avec des congénères barbus, avec ce coté blues rock,
un peu sale, très bon. Mais bon, pour une intro d'album, on a connu
mieux.
« That Look You Give That Guy » poursuit
calmement l'album. Cette chanson est plus ou moins fidèle au style
Eels: Une ballade simple, un chant rauque et cassé, qui se détend
dans les aigus, et des paroles attendrissantes. Chanson pas mal, mais
trop prévisible.
La suite nous réveille en beauté avec du rock à la
Eels, dur à definir, mais c'est bon, ça bouge, c'est bien écrit,
« Lilac Breeze » est de qualité, et nous rappelle «
Hey
Man », du précédent album.
La suite nous fait malheureusement nous rasseoir, mais
la qualité de « In My Dreams » est indéniable. Elle
fait tantôt sourire, tantôt moins. On regrattera le côté
répétitif et un peu mou. Mais c'est à croire que E se joue de
nous, et avait bien prévu le coup, puisque vient LA chanson qui
porte le mieux son titre du monde: « Tremendous Dynamite ».
Cette chanson est littéralement explosive!! Le son est lourd, gras,
inattendu, tout y est. Et c'est à ce moment qu'on comprend le
système de l'album: Une chanson pleine d'énergie, et une lente,
voire triste. Dans le premier cas, le loup garou est réveillé,
c'est la nuit. Dans le second, E regrette, et redevient normal.
On est donc pas surpris d'entendre un morceau
mélancolique à la suite. Mais on ne s'attendait pas à ça. « The
Longing » est probablement une des deux meilleures chansons de
l'album. Tellement touchante et personnelle, sous forme de valse,
accompagnée d'une simple guitare, elle nous arrache quelques larmes.
On retrouve le talent incontestable de E pour transmettre la déprime
en musique.
Un silence suit cette chanson déstabilisante, le temps
que la nuit tombe, et que le loup revienne. Ici, on retrouve le tube
de l'album, qu'on connaissait déjà : « Fresh Blood ». On
a droit à une ambiance malsaine, effrayante, psychédélique, et on
se sent traqués. C'est sur, c'est une réussite.
La
moitié de l'album passée, Le loup cohabite enfin avec l'homme, et
les chansons s'enchainent maintenant au bon vouloir de l'artiste. On
retrouve du bon gros rock indie (« What's A Fella Gotta Do »),
de la pop (« My Timing Is
Off »), même du rock à la
Fratellies avec la géniale et étonnante « Beginner's Luck »,
d'une très grande qualité, cette chanson sent l'été, c'est le
point le plus optimiste de l'album, jusqu'ici plutôt sombre. On
tombera tout de même sur un autre chef d'oeuvre, « All The
Beautiful Things », qui nous rappellera leur génial album de
2001 Daisies
Of The Galaxy. Puis
l'album se termine des plus simplement du monde, sans qu'on s'en
rende compte, avec « Ordinary
Man » où E redevient enfin
ordinaire.
On était habitué à ce que
Eels nous surprenne en
changeant de style à chaque album, et là , c'est réussit,
puisqu'ils sont fidèles à leur son, et on ne les attendait pas ici.
Hombre
Lobo a
donc bien 12 chanson de désire, et nous fait du bien. On sera tout
de même déçus par rapport à quelques unes de leurs précédentes
productions. Mais surtout, on en voudra à E, qui a la fâcheuse
tendance à se débarrasser de ses musiciens les plus charismatiques,
d'abord, son batteur, Butch, maintenant, son multi-instrumentiste The
Chet, qui nous manque déjà .
Un album qui nous aura également valu non seulement la
pire pochette de l'histoire, mais le pire clip de tous les temps,
avec « Fresh Blood », décidément, E, et son légendaire
sens de l'humour noir sans limites, ne manquera jamais de mauvais
goût!
MatttaK
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