«
Goodbye Yellow Brick Road » est le 8 ème album d’
Elton John (7ème en studio). Il paraît en mai 1973, faisant suite à “Don’t Shoot Me I’m Only the
Piano Player”, contenant notamment les hits “
Crocodile Rock” et la ballade «
Daniel », sorti lui aussi en 1973.
A l’origine, la Jamaïque est pressentie pour devenir le lieu d’enregistrement de «
Goodbye Yellow Brick Road », mais une fois sur place, les tensions politiques, l’ambiance malsaine de la rue (où les rixes sont fréquentes suite au combat de boxe à Kingston entre Joe Frazier et George Foreman !), la mauvaise qualité du studio et des instruments incitent l’équipe à changer ses plans et à se replier de nouveau sur le studio d’enregistrement des deux précédents opus : le Château d’Hérouville, dans l’Oise (France).
A noter que l’atmosphère jamaïquaine transpire néanmoins sur ce LP via le morceau « Jamaïca Jerk-
Off » où la touche reggae est clairement discernable.
“
Goodbye Yellow Brick Road” est le premier double LP d’
Elton John, il rassemble 17 chansons limpides, lumineuses, tantôt aériennes, tantôt rocks, le tout baignant dans une sauce glam du meilleur aloi. Le glam triomphant est d’ailleurs un style particulièrement apprécié par
Elton John qui y voit un mouvement susceptible de modifier la perception populaire envers les homosexuels.
«
Goodbye Yellow Brick Road » contient plusieurs succès d’
Elton John. Le titre d’ouverture, qui lui, n’est pas devenu un hit, est sublime ; il s’agit d’un collage de deux chansons dont la première (Funeral for a Friend) est une instrumentale de style progressif de niveau stratosphérique, soutenu par des claviers éblouissants. Elle nous présente la musique qu’
Elton John souhaiterait pour son propre enterrement. Ce morceau de tonalité assez sombre, presque pathétique et terriblement solennel, est enchaîné sans coupure, par une partie rock endiablée (
Love Lies Bleeding) qui annonce le style général du reste de l’album. Ensuite, vient le titre «
Candle in the Wind », un hommage appuyé à Marylin
Monroe. Cette somptueuse ballade, sortie en single à l’époque ne connaîtra pas le succès escompté, mais son adaptation de 1997 en l’honneur de la
Princesse Diana rencontrera par contre un succès phénoménal dans les hits du monde entier. «
Bennie and the Jets », 3ème titre du LP est un petit peu le pendant du « Ziggy and the
Spiders from Mars » de
David Bowie qu’admirait spécialement
Elton John. C’est probablement dans ce titre que le glam-rock est le plus valorisé, mais il est tout de suite tempéré par le titre suivant qui est la plage éponyme du LP. C’est en effet une ballade agréable à l’écoute, mélodique, rythmée par les touches de velours du pianiste (Elton himself bien sûr). Dans cette chanson, Bernie Taupin invite
Elton John à réfléchir sur le sens de sa vie hallucinée actuelle et l’incite à quitter celle-ci pour rejoindre un chemin de vie plus simple, plus paisible (d’où le visuel de la pochette). Les paroles de Bernie Taupin seraient inspirées par le film « Le magicien d’Oz », dans lequel il est question de contourner un mur de briques jaunes afin de pouvoir rejoindre le magicien.
Nous voici donc seulement au titre n°4 (en Cd = le premier de la face B du LP1) et déjà autant de raisons qui nous pressent d’acquérir cet album !
Je ne vais pas passer tous les titres en revue, mais sachez que le reste de l’album est dans la même lignée de rocks typiques d’
Elton John, avec un piano omniprésent, et des ballades savamment travaillées et portées par le même piano.
A mettre en exergue tout de même le titre « Saturday’s Night Alright for Fighting » qui est un rock à la Who. Bernie Taupin nous narre les folles nuits de sa jeunesse dans lesquelles la baston était monnaie courante. Le titre « Sweet Painted Lady » nous emmène dans un schéma musical fleurant bon les 50’s pour nous guider sur les pas des filles de joie des ports anglais. « All the Girls
Love Alice » est une ode pathétique à une jeune fille lesbienne qui se meurt dans le Métro. Même la country est présente sur l’album avec le titre « Roy Rogers ».
Mon petit coup de cœur va pourtant vers le titre « Your
Sister Can’t Twist (but She
Can Rock’n’roll) » qui nous replonge dans l’ambiance musicale désuète des années 60 ; c’est un agréable petit moment de fraîcheur juvénile. L’album se clôture par le titre « Harmony » qui, à l’instar du titre d’ouverture, est une mini symphonie où le piano offre un rythme aérien et apaisant.
Le succès de «
Goodbye Yellow Brick Road » est époustouflant, il reste 84 semaines dans les charts U.K. et pratiquement deux ans dans le billboard américain ; il s’en vendra plus ou moins 30 millions de copies à travers le monde. Mais, en fin de compte, Elton a-t-il finalement quitté sa route dorée comme le lui suggérait son fidèle Bernie Taupin ? L’avenir nous apprendra que non ; Elton est bien resté tel qu’il était à cette époque, exubérant, haut en couleur, déjanté, parfois désenchanté, mais toujours aussi créatif et brillant.
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