Trois ans après le succès phénoménal d'un "
Crazy World" porté par la 'tubesque-ballade' "
Wind of Change",
Scorpions revient avec "
Face the Heat", son nouvel opus studio produit par Bruce Fairbairn (
Bon Jovi,
Aerosmith, AC/DC, Poison,
Krokus…). Chose qui n'était pas arrivée depuis longtemps, le line-up du quintet subit un changement, et pas des moindres puisque c'est Francis Buchholtz, bassiste historique du groupe, qui quitte le navire, remplacé par l'Américain Ralph Rieckermann pour de sombres raisons de désaccords concernant la gestion des finances du groupe.
Il n'est jamais facile de proposer une suite à un album ayant réussi à toucher le public et
Scorpions en avait déjà fait l'expérience avec un "
Savage Amusement" plutôt moyen qui avait succédé aux cartons que représentaient "
Blackout" et surtout "
Love at First Sting". S'il ne marquera pas particulièrement la discographie des Scorps, "
Face the Heat" n'en possède cependant pas moins des qualités certaines. Tout d'abord, Meine, Schenker & Co. n'hésitent pas à prendre quelques risques, certes mesurés, mais intéressants malgré tout. C'est le cas avec un début d'album particulièrement lourd et puissant, composé du sombre et ultra-efficace "
Alien Nation" au refrain accrocheur, et de l'hymnique "
No Pain No Gain" composé pour supporter la Mannschaft (équipe nationale allemande de football) lors de la coupe de monde 1994. L'autre nouveauté vient de claviers plus présents, même si John Webster n'est pas intégré dans le line-up officiel. Nous les retrouvons ainsi sous forme de nappes renforçant le riff des guitares sur "
Alien Nation" ou portant la mélodie de la ballade "
Woman", titre réussit avec son côté bluesy et plaintif.
Pour le reste, le groupe œuvre sur des territoires plus traditionnels dont le niveau est variable. En effet, la réussite est au rendez-vous de titres tels que le Hard-Mélodique sympathique et entraînant de "Someone To Touch" ou des catchy "Taxman
Woman" et "Nightmare Avenue", du Heavy et agressif "Unholy Alliance", ou des ballades "
Woman" et "Under The Sun", titre plein de bonnes intentions appelant à la paix dans le monde, ce qui fait que plus de la moitié des morceaux proposés sur cet album sont de très bonne qualité. Malheureusement, le reste n'est pas au niveau, passant de titres moyens et sans intérêt particulier ("Hate To Be Nice", "Ship Of Fool") à une fin d'album sombrant dans le ridicule avec son enchaînement de 3 ballades toutes plus ratées les unes que les autres. Si "Lonely Nights" reste dans le domaine de la guimauve mélodique, "Destin" 'gnangnan' au possible avec son refrain en français, et un "Daddy's Girl" pénible et sans relief, finissent par torpiller l'élan donné par un bon début d'album.
Si "
Face the Heat" est loin d'atteindre les sommets proposés par son prédécesseur, il n'en est pas moins doté de réelles qualités. Dommage que
Scorpions n'ait pas su concentrer son propos sur une petite dizaine de titres qui auraient permis à cet opus de garder une dynamique à la fois mélodique et efficace. Ceci dit, rien ne vous empêche de stopper votre écoute avant d'entrer dans ce final qui gâche un ensemble néanmoins intéressant.
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