La grande question de cet enregistrement
All Shook Up de 1972 est :" A-t'il sa place sur
Spirit of Rock?". En gros, est-ce un album de Rock ?
Elvis, en 1972, est-il encore un Rocker?
A toutes ces questions, personnellement, je réponds oui. Oui, cet album a sa place ici. Il n'y a qu'à regarder la track-list; le King nous envoie, dès l'ouverture des hostilités, des nouvelles de sa mère, et, tout au long du concert, les reprises de ses premiers albums alternent avec les ballades plus récentes.
Hound Dog,
Heartbreak Hotel,
All Shook Up, tous les standards sont là, parfois accélérés, parfois coupés à la moitié du morceau, mais, en tout cas,
Elvis donne une bonne part à ses vieux tubes qui ont fait sa gloire.
Il n'y a pas que des Rocks d'avant l'armée.
Elvis revisite aussi avec bonheur
Creedence Clearwater Revival (Proud Mary) ou
Tony Joe White (
Polk Salad Annie), et tape dans son propre répertoire, pour un
Suspicious Minds de feu. Même ses vieilles ballades sont à l'honneur, par exemple
Love Me Tender. En fait,
Elvis 72 fait du
Elvis 57, mais sait profiter de l'évolution de cette musique dans les années 60, pour améliorer son propre style.
Elvis, depuis le succès de son show télévisé de 1968, joue à
Las Vegas sur les scènes où on l'avait jeté dans les fifties, parce qu'avec sa musique du Démon, il effrayait les rombières et les grossiums du pétrole en week-end à l'Hotel Intercontinental. Depuis, il prend un malin plaisir à escroquer tout le monde en jouant 2 fois une demi-heure pour un prix record. Lui encaisse la monnaie, les clients de l'hôtel sont ravis de dépenser leur pognon pour admirer un Dieu vivant qui se fout de leur tronche, et les patrons de l'hôtel, eux, payent l'artiste avec le prix des repas et la thune laissée dans les machines à sous. Comme ça, tout le monde est content, sauf
Elvis, qui, lui, commence sérieusement à s'emmerder à Vegas. Ca manque de Rock, ça manque de "vrais" fans, ça manque de risques pour cet entertainer qui a toujours joué sa carrière sur des coups de dés, et s'en est toujours tiré grâce à son talent. Alors, il a décidé de s'envoler à l'autre bout des States, à New York, là où il n'a jamais été compris (un p'tit gars de Tupelo, trop bouseux pour la Grosse Pomme!), et d'aller leur expliquer, les yeux dans les yeux, pourquoi on l'appelle le King. Et, comme d'hab', Mr Presley emporte le morceau haut la main, en restant le même qu'il a toujours été, un p'tit gars de Tupelo... pas trop bouseux pour la Grosse Pomme!
Oui,
Elvis a sa place ici, car c'est lui qui a inventé le Rock.
Oui,
Elvis 72 a sa place ici, car, même s'il a mis de l'eau dans son Rock, il reste et restera jusqu'au bout un immense chanteur de Rock'n'Roll, au sens le plus brut du terme.
Oui, "As Recorded at Madison Square Garden" a sa place ici. Ici, et aussi dans toutes bonnes discothèques qui se respectent, au même titre que les Son Sessions ou son 1er album chez RCA, car c'est un témoignage important de la musique des années 70.
Et puis, c'est en entendant "That's Allright, Mama" à la radio, le lendemain de ce concert, que le Rock'n'Roll est entré dans ma vie, dans ma peau, dans mon coeur, et ça, je ne l'oublierai jamais.
HotRodFrancky
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