Il est amusant de constater à quel point on aime à la fois conspuer et aduler les années 80. Il faut bien le dire, si cette décennie a vu passer nombre de bonnes choses, que ce soit sur le plan vidéoludique (les premiers jeux vidéo), filmique (trop pour les nommer), et bien entendu musical, il faut dire qu’elle recèle aussi pas mal de fautes de goûts, notamment du côté esthétique et parfois musical aussi. Il y a en effet ceux qui n’ont pas su s’adapter aux années 80 et sa déferlante disco/synthé (je ne vais pas me faire que des amis en citant Hot Space de
Queen mais je le trouve mauvais), mais d’autres ont plutôt bien réussi le virage. Pour le coup, on peut penser à 1984 de
Van Halen contenant le tube Jump, les
Dire Straits qui n’ont jamais eu à trop se soucier des modes musicales, mais aussi
ZZ Top et son
Eliminator.
Eliminator, c’est un cas particulier. Ce qu’il est intéressant de voir avec cet album, ce sont les raisons de son accès au statut fermé des disques cultes survivant aux décennies malgré son fort ancrage dans les 80’s.
L’intelligence de
ZZ Top est ici de ne pas faire des claviers l’élément principal de l’album comme a pu le faire
Queen sur Hot Space (vous l’avez compris, j’ai une dent contre cet album), mais de les relayer au second plan, pour donner un background assez entraînant sans qu’il devienne envahissant. Cela offre par exemple un très joli effet sur «
Legs », l’un des titres phares de l’album, donc les claviers permettent d’avoir un rythme soutenu en contraste avec la guitare assez lente, remplaçant presque la ligne de basse, mais aussi sur «
Sharp Dressed Man » qui est une bonne illustration de l’ajout intelligent du clavier à l’album, puisqu’il n’empiète pas sur le reste des instruments.
Les pots cassés sont évidemment inévitables, et le groupe se rate cependant lamentablement sur certains morceaux. « Thug » est par exemple assez vide, les passages de basses vaguement funky sont inutiles et rendent le morceau franchement long et ennuyeux. « Dirty Dog » est lui aussi assez médiocre, les claviers sont trop mis en avant, et le manque de synchronisation avec le reste des instruments donne l’impression d’un brouhaha désagréable.
Heureusement, il reste aussi du
ZZ Top bien classique dans
Eliminator : on ne change pas une équipe qui gagne. Le groupe se rattrape plutôt bien sur « I Need You Tonight », chanson dans la pure tradition des trois compères, lente et bluesy, mais aussi avec l’excellent jeu de guitare de Gibbons sur « Gimme All Your Lovin’ » et « Tv Dinners », devenus des classiques du groupe.
On aurait pu craindre le pire avec
Eliminator, mais il n’y avait pas de raisons : en fait, il n’est pas commercial comme le disent certains : il se plie aux modes de son temps, et il n’y a aucune honte à cela tant que c’est bien fait, comme c’est le cas ici. Car oui, l’album est peut-être plus accessible, mais ne se travestit pas pour plaire au public : il reste du
ZZ Top, et c’est ça qui fait son succès au fil du temps.
Ah, et puis le solo de « Back Chat » est une tuerie !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire