Sur le papier, Neo Noire n'avait absolument rien pour me plaire malgré le pedigree de ses membres (issus de Zatokrev et GurD, notamment) : vendu par le label comme « un retour aux meilleures heures du Grunge et du Classic Rock », je ne m'attendais à pas mieux qu'un clone pataud de plus de
Pearl Jam ou une de ses horreurs à la
Nickelback comme seuls l'Outre-Atlantique est capable d'en pondre. J'avais (presque) tout faux.
Pour considérer Neo Noire comme du Grunge, il faut avoir une définition particulièrement élargie d'un style qui finalement n'est pas réellement définissable musicalement parlant. Car, soyons honnêtes, il y a peu de points communs musicaux entre
Nirvana,
Green River,
Soundgarden,
Pearl Jam,
Alice In Chains et
Mudhoney (pour ne citer que les plus connus). Neo Noire se situe plus dans la catégorie de
Pearl Jam sur ce coup-là avec, comme indiqué par le label, des éléments de fond qui renvoient pas mal au Classic Rock US (on peut y trouver un certain point de rapport avec
Mother Love Bone, le groupe pré-
Pearl Jam). Mais Neo Noire aime bien voir large, et se permet pas mal d'emprunts à la Pop Punk abrasive US («
Element » ou « Spark » ne déparerait pas sur le « Gish » de
The Smashing Pumpkins, ce dernier se permettant même un petit groove à la
Jane's Addiction) autant qu'à une certaine scène indépendante psychédélique de la fin des années 80. Mais le groupe sait se la jouer aussi lourd et puissant, comme en témoigne le morceau « Neo Noire » qui assume complètement sa filiation
Alice In Chains.
De
Pearl Jam/
Mother Love Bone, les suisses empruntent un sens de la formule et du refrain qui fait mouche (« Walkers », « Shotgun Wedding »), tout en sachant rester carré. On pourrait ranger l'album dans la catégorie Neo-Grunge (immense foutoir fourre-tout ne voulant pas dire grand chose) , mais j'y entends plus des acquointances avec la scène Rock Alternative telle que définie dans les pays anglo-saxons (des influences Pop, à l'inverse des influences Punk plus traditionnelles de l'Alterno' française). La production est tout simplement parfaite, laissant suffisamment d'espace à chaque instrument et permettant à la voix de Thomas Baumgartner d'exprimer pleinement une très riche palette d'émotions.
L'album n'est pas exempt de défaut, le principal étant une certaine tendance par moments à être encore un peu trop sous influences. Mais les qualités compensent très largement, et les 52 minutes que dure le disque s'envolent rapidement. Gage de qualité s'il en est, l'ennui ne s'installe jamais et l'envie de découvrir le groupe sur scène s'installe. Un bon premier jet, un groupe qui ne demande qu'à se bonifier avec le temps et qu'on ne demande qu'à voir parvenir à matûrité.
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