Sous ses airs de pays ayant érigé le calme comme mode de vie, la Suisse cache des personnalités au caractère trempé et ne faisant pas toujours dans le compromis. Les nombreux combos métalliques nationaux en sont des nids au sein desquels explosent parfois autre chose que des riffs cinglants. Groupe légendaire du pays alpin, Krokus nous a ainsi habitués à de nombreux changements de line-up au gré des fâcheries et rabibochages entre ses différents membres. Alors qu'il était déjà comparé à cette institution helvétique en raison de son inspiration en provenance d'Australie, voici que
Sideburn vient de nous gratifier d'une crise interne qui aurait pu signifier le terme de l'aventure pour le quintet. Suite à des désaccords qui semblent avoir dépassé le cadre artistique, c'est toute la section à cordes qui a décidé de plier bagage, laissant Roland Pierrehumbert et Lionel Blanc avec les clés du pub. Loin de se laisser abattre, les deux compères se sont rapidement entourés d'une paire de guitaristes prometteurs composée de Lawrence Lina (ex Ken Hensley & Marc Storace) et Mike Riffart (ex Handle With Care), et du bassiste Nick Thornton (ex Maeder, groupe dont le chanteur a rejoint
Gotthard…), l'arrivée de ce dernier prouvant le lien de plus en plus fort entre la Suisse et l'Australie.
Avec de tels changements de personnel, il était à craindre que le style et la dynamique du groupe soient impactés. Pourtant, dès les premiers accords du cinglant et hymnique "Bite The Bullet", tous les doutes sont balayés.
Sideburn fait toujours du
Sideburn sans avoir laissé son inspiration ou son énergie s'éroder. Les donneurs de leçons continueront de reprocher au quintet d'être un simple 'AC/DC-like' sans tenir compte du fait que la voix de Roland et la variété des titres font plutôt penser à Rose Tattoo sans jamais sombrer dans le plagiat. Faisant fi de ses critiques aussi infondées que superficielles,
Sideburn nous déverse son mélange de carburant, d'alcool frelaté et de poussière en variant les dosages pour notre plus grand plaisir. Qu'ils soient railleurs ("Devil May Care"), groovy ("Black Powder") ou bluesy ("Travellin'
Man"), s'appuyant parfois sur une section rythmique prenant le riff à son compte ("Mr Clean"), chaque titre finit par s'insérer dans vos neurones et solliciter vos articulations.
Comme pour chaque album depuis "Sell Your Soul (For Rock'n'Roll)", on pense parfois à AC/DC (l'intro en arpèges retenus de "Frontline"), à Rose Tattoo (l'hommage "Bad Boys, Bad Girls (Rock'n'Roll)" dédicacé à Angry Anderson) ou à
The Angels ("Shady Katy" et son solo), mais tout cela est disséminé par touches au sein d'un ensemble à la personnalité désormais affirmée et incontournable. D'autant que Roland et sa clique n'hésitent pas à s'aventurer parfois vers quelques territoires certes limitrophes mais malgré tout aventureux, comme ce "Destination Nowhere" sur lequel l'harmonica du chanteur copule avec une ambiance country et enjouée.
A nouveau produit par Beau Hill, "
Electrify" ne révolutionne ni le genre musical, ni l'identité de
Sideburn, mais il continue d'apporter son quota de titres accrocheurs et variés sur lesquels nous remuerons la nuque et boirons des bières (pas en même temps !) avec un plaisir aussi sincère que la musique du quintet. Certes, la progression ininterrompue depuis "Sell Your Soul (For Rock'n'Roll)" semble avoir atteint son paroxysme avec "
Jail" et le nouveau venu ressemble plus à une capitalisation qu'à une nouvelle évolution. Mais était-il possible d'aller plus haut ? Difficile à dire. Alors ne nous prenons pas la tête avec un style qui ne l'exige pas et profitons de l'authenticité de
Sideburn en attendant la prochaine livraison avec impatience.
P.S: Chronique déjà parue sur Music Waves.fr.
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