Earthshine

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16/20
Nom du groupe The Whirlings
Nom de l'album Earthshine
Type Album
Date de parution 18 Octobre 2019
Style MusicalStoner Rock
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Vacuum
Ecouter05:27
2.
 Reverence
 07:52
3.
 #6
 07:46
4.
 Good for Health, Bad for Education
Ecouter05:54
5.
 Lost in Witheout
 11:06

Durée totale : 38:05

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The Whirlings



Chronique @ JeanEdernDesecrator

01 Fevrier 2020

Psychédélique des Sixties

Quand on cherche de nouvelles sonorités en matière de rock ou de metal, l'Italie n'est pas le premier vivier où on pense chercher, loin s'en faut. Je me rappelle d'un temps reculé où le plus rock qui sortait de la botte de l'Europe se résumait à Zucchero et Litfiba. Et pourtant, aujourd'hui, on aurait bien tort de sous-estimer la créativité de nos voisins transalpins, chez qui des combos remarquables éclosent depuis quelques années. Je pense nottamment au groupe de metal expérimental Destrage, qui surprend à chaque album avec une folie débridée, ou à Infection Code, un groupe de thrash industriel à l'intransigeance fulgurante, que j'ai eu le plaisir de chroniquer il y a quelques semaines.

Fondé à l'Aquila en 2008, The Whirlings, comme les combos suscités, roule sa bosse hors des sentiers battus avec une patte très personelle difficile à mettre dans des cases. Après avoir débuté sa discographie avec un EP instrumental sorti en 2010 de stoner mélangé de space rock, le tout mâtiné de blues et enveloppé de psychédélisme vert feuille, le groupe s'est positivement fait remarquer en 2013 par la critique avec son premier album "Beyond The Eyelids". Celui-ci poussait bien plus loin les expérimentations, avec des morceaux emprunts de prog, s'autorisant à étendre chacune de leurs compositions sur sept ou huit minutes et à jongler avec dextérité entre les genres et les ambiances marquées par les seventies.
La maîtrise technique des musiciens avait aussi fait un sacré bond en avant. Leur musique donnait alors l'impression d'un bœuf joué comme un voyage initiatique, dont on se doute que chaque mesure a été pensée et répétée avec soin.

Leur deuxième album qui nous intéresse ici, "Earthshine", a été le fruit d'un processus issu de longues jams en répétition et en concert. Enregistré au Locomotore Studio à Rome, il a été produit par Lorenzo Stecconi (Uffomammut, Zu,…). La pochette est superbe d'obscurité lunaire et caverneuse.

La surprise ne se fait pas attendre, puisque le premier titre "Vacuum", est chanté. La flamboyante rousse Vera Claps, invitée pour l'occasion, est subjuguante, avec sa voix de sorcière mal aimée. La chanson "Vacuum" plonge dans un huit clos aux ambiances sixties, les guitares font dans le trémolo rampant. Mettre une chanteuse avec des instrumentaleux aurait pu virer au mélange mal fagoté, mais c'est une telle réussite qu'on attend que sa jolie voix de sirène des enfers pointe son nez sur d'autres morceaux...
Je vous ne laisserai pas mariner, elle ne revient pas dans l'album, sauf si on le remet au début. Son fantôme et son absence hantent le reste de cet opus, surtout sur le long et répétitif "Reverence" qui commence comme une B.O. de Twin Peaks, fait infuser son mantra de guitares de surf rock cassé avant de fuzzer ce thème dans un final grassement stoner. On entend bien dans le fond un sample d'une voix masculine qui monologue, mais de Vera, point.

Une fois cette déception quasi sentimental digérée, on s'aperçoit que la musique de The Whirlings fait opérer un charme tout aussi envoûtant. Les ambiances se succèdent au gré des pistes de manière très cinématographique, la patine délicieusement surannée de ce disque invite à y coller ses polaroids.
Le patchwork de style mélange les époques revisitées, post rock, grunge, surf music, prog et j'en passe, de manière personnelle et singulière.
"Earthshine" est moins psychédélique que ses prédécesseurs, il le reste néanmoins par les nombreux effets qui sont utilisés sur les guitares.
Il y a un gros travail de ciselure mélodique, tout en nuances. Les entremèlements de guitare aérienne font parfois penser à Oceansize ("Good for Earth, Bad for Education").
Le versant stoner est plus discret que sur le premier album, on le trouve à la fin de "Good for Health, Bad for Education", et sur la dernière piste "Lost in Witheout", un morceau de onze minutes fuzzy, où la basse enfle soudainement pour accentuer et salir le caractère hypnotique des répétitions.

Puisqu'on parle de la quatre cordes, elle est très présente sur cet album, et drive les mélodies comme cela pouvait se faire dans une pop d'un autre temps.
La batterie est influencée seventies, mate de son, mais exploratrice et relevée dans le jeu, elle est gardienne du caractère progressif du groupe.

Les musiciens de The Whirlings ne sont plus des élèves appliqués qui font l'école buissonnière, mais de véritables conteurs d'histoires muettes et fascinantes.

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