Le discours n’a certes rien d’original, mais il est cependant incontournable : donner une suite à un album devenu culte est un défi qui n’est pas à la portée de toutes les formations musicales. Un an après le succès phénoménal et justifié de "
Stay Hungry", Twisted Sister ne perd pas de temps pour sortir ce "
Come Out and Play" laissant espérer un contenu aussi sombre comme la plaque d’égouts représentée sur sa pochette. Avec Dieter Dierks, le producteur de la plupart des albums de
Scorpions, aux manettes et un line-up toujours aussi stable, tous les éléments semblent réunis pour que la 'sœur tordue' continue son sans-faute discographique.
Lancé par une gimmick empruntée au film
The Warriors (1979) et voyant Dee Snider remplacer le vilain Luther en fredonnant 'Twisted Sister,
Come Out and Play' dans un tintement de bouteilles (l’original utilisant le terme Warriors en lieu et place du nom du groupe), le titre éponyme place cet opus sur d’excellent rails. Tel un reptile ondulant autour de sa proie pour l’attaquer à la moindre baisse d’attention, ses brusques changements de tempo et son refrain en font un nouvel hymne imparable. Pourtant, "
Come Out and Play" s’éloigne rapidement du chemin qui lui semblait tout tracé. Soucieux de ne pas se parodier, le quintet essaye de se diversifier, en particulier en utilisant l’arme de l’humour et de la dérision à l’occasion de la reprise des Shangri-Las "Leader Of The Pack", Pop-Rock gentillette au clip hilarant, et surtout lors de "Be Crool To Your Schuel". Bon vieux rock’n’roll des familles chanté en duo avec
Alice Cooper, ce titre voit également intervenir
Brian Setzer (guitare),
Billy Joel (piano) et Clarence Clemons (saxophone), cette brochette d’invités prestigieux donnant à l’ensemble un air de grande fête entre amis.
Malheureusement, bien que doté de quelques très bons titres, "
Come Out and Play" souffre d’un côté un peu trop décousu et , pour la première fois dans l’histoire du combo US, de quelques morceaux anecdotiques (la ballade "I
Believe In You"), voire manquant carrément de conviction ("Out On The Streets"), alors que "I
Believe In Rock’n’Roll" se révèle parfois un peu poussif malgré un excellent solo et un break parlé citant quelques titres d’albums incontournables. Pas de quoi faire un mauvais album, mais suffisamment pour faire clairement baisser le niveau d’excellence auquel Dee Snider et sa bande nous avaient habitués jusque-là. Nous retiendrons cependant l’hymnique "You Want What We Got" reprenant l’esprit de classiques tels que "I Wanna Rock" ou "We’re Not Gonna Take It", le sombre et vicieux "The Fire Still Burns", ou l’agressif et cinglant "Kill Or Be Killed" aux guitares incendiaires.
Voilà qui permet à ce nouvel opus de s’en sortir avec les honneurs et à Twisted Sister de conserver sa place sur les sommets du genre. "
Come Out and Play" laisse cependant entrevoir quelques signes de baisse d’intensité, comme si le succès avait fait s’apaiser la rage du combo, celui-ci abandonnant du coup un peu de sa légendaire énergie sur le bord de la route de la gloire. Rien de grave pour l’instant, mais suffisamment pour laisser poindre une certaine inquiétude.
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