A l’époque, ne m'intéressant pas trop à l’actualité de groupes que j’appréciais, cet album fut une vraie surprise lorsque je le découvris dans les bacs. Sans réfléchir je l’ai acheté, sans avoir écouté un seul morceau. Ce qui n’a pas été pour me déplaire. Après le très joyeux et ensoleillé All Killer, No Filler et le plus plus hard
Does This Look Infected?, voici
Chuck (du nom de leur sauveur dans leur mésaventure au Congo), l’album de la maturité diront certains, une grosse claque dans la gueule dirais-je. En effet, on sent un grand renouveau dans la musique et une extrême diversité pour un groupe affublé de l’étiquette pop punk. Et aussi, un énorme potentiel dans la composition et le jeu de ces gamins qui ne sont finalement pas que des clowns.
Si la musique a évolué et qu’on ressent beaucoup plus de sérieux, autant dans les textes que dans la musique (en effet plus de petits riffs joyeux présents dans les deux premiers albums), l’ensemble reste tout autant énergique. Et ce dès «
No Reason » qui, après une intro très calme, débute l’album plutôt violemment avec un bon gros riff, un Bizzy D. très en forme et une mélodie très SUM 41 (on ne peut s’empêcher de penser à «
The Hell Song »). En parlant du chanteur à couleur de cheveux indéterminé, on remarque que sa voix a pas mal changé, est beaucoup plus sure, plus travaillée ; oui, on est bien loin du punk de garage des débuts ! On regrettera peut-être les hurlements parfois trop poussés (« I’m Not The One », «
No Reason »). C’est avec le titre suivant, « Were All To Blame », que l’on ressent le changement. En effet, c’est très System Of A Down, je soupçonne même les Canadiens d’avoir repris la trame de « Chop Suey ». Toujours est il que c’est un fait nouveau pour SUM 41 de tremper autant dans le metal et c’est un pari assez bien réussit car l’ensemble tient la route. Ils auront même l’audace d’en faire le premier single !
Et je disais tremper, mais avec « The Bitter End » c’est complètement s’immerger dans le heavy avec ce morceau de thrash, hommage à Metallica, très speed, où Dave Baksh nous impressionne une nouvelle fois par son talent de soliste et l’ensemble du groupe par sa polyvalence. C’est violent et assez sombre, tout comme « Angels with Dirty Faces », résolument punk (avec des petits airs à la « Strung Out ») et pas très joyeux. Entre tout cela cependant, un peu d’accalmie avec «
Some Say », très plaisante, tranquille, tout comme «
Pieces », très mélancolique ; mais pas autant que « Slipping Away », l’autre grosse surprise avec « The Bitter End », mais dans l’autre sens cette fois. En effet, c’est la première réelle ballade de SUM 41, très atmosphérique, avec grand renfort de guitare sèche et de violoncelles (si c’est vrai !). C’était osé, c’est plutôt réussi, même si je n’ai pas trop accroché.
Avec « Open Your Eyes », on retrouve quelques intonations de « All Killer », même si le soupçon de mélancolie présent sur la quasi totalité de l’album empêche le côté joyeux de ressortir plus. Après « T.H.T », « Never Wake Up » et « A.N.I.C. », « Welcome to Hell », le morceau court, bourrin et speed de l’album dans le plus pur esprit du groupe, suit ce qui pour moi est le pilier du disque, à savoir « Im Not the One », digne successeur de «
Still Waiting », avec une mélodie au refrain des plus accrocheuses (à en donner presque des frissons, nan je n’exagère pas !). « There’s
No Solution » m’a étonné de par sa ressemblance avec Linkin Park (sans synthé ou autres scratch), mais n’en est pas moins bien réussie et prenante. « 88 » achève l’album de manière assez étrange, comme « Were All to Blame », ça bourrine, ça se calme brusquement, ça accélère, puis d’un coup on croirait se retrouver à écouter la fin de Mr Amsterdam, flirtant largement avec le thrash de Metallica ou même Slayer, pour enfin s’achever dans une atmosphère étrange, limite inquiétante uniquement au synthé agrémentée de bruits bizarres et de la voix quelque peu torturée du blondinet qui ne l’est plus.
Pour ce qui est des pistes bonus (trois différentes, selon l’origine du CD), elles sont sympathiques sans plus. « Noots » ressemble à « Open Your Eyes » en vraiment joyeux cette fois ; « Moron » est du SUM 41 classique, un peu tendance
Green Day, et « Subject To Change », classique aussi, qui servira de transition pour l’album suivant.
Finalement, on peut qualifier cet album d’expérimental, et un expérimental réussi qui plus est ! Peu de groupes de punk peuvent s’en vanter (qui a dit
Bad Religion et Into The Unknow?), eux l’ont fait. L’ensemble est hétérogène, chaque chanson a sa place et son identité ; de plus, le groupe nous dévoile ici un énorme talent que l’on pressentait dans les précédents opus et qui s’affirme réellement dans celui-ci.
Peut-être un petit point négatif tout de même, la mélancolie de l’album, ou plutôt, le manque de gaieté, gaieté qui inondait les trois volumes passés. Ce n’est plus aussi déjanté qu’à leur début, autant dans les textes que dans le son, et je ne parle même pas de la scène. Dommage. Mais avec cet album, au moins, ils se sont maintenant largement démarqués et loin devant
Good Charlotte,
Simple Plan ou autre Zebra Head. Pas l’album avec lequel il faut découvrir SUM 41 (autrement dit, le style des albums précédents et du suivant), une pièce néanmoins indispensable pour les fans de rock en général.
18/20
Et à vrai dire, cela faisait une sacrée plombe que je ne l'avais pas écouté. Merci de m'avoir rappelé ce The Bitter End en effet très très Metallica, belle analyse!
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