Un an après un premier album éponyme lui ayant permis de faire exploser son talent à la face du Rock, Cold
Chisel est de retour avec un nouvel opus intitulé "
Breakfast at Sweethearts". Comme son nom le laisse deviner, ce disque est l'occasion pour Don Walker, compositeur quasi-exclusif des 10 titres, de rendre hommage au quartier de Kings
Cross à Sydney dont le Sweethearts était un café réputé des années 70 et 80. Même s'ils ont lieu aux Albert Studios, les enregistrements de "
Breakfast at Sweethearts" sont l'occasion d'une contrariété pour les membres du groupe qui souhaitaient utiliser le Studio One dans lequel AC/DC et
The Angels avaient déjà sévi. Pour des raisons de planning, ils durent se rabattre sur le Studio
Three, neuf mais ne possédant pas l'atmosphère qu'ils recherchaient. Comme les méthodes de production de Richard Batchens ne leur conviennent pas non plus, il est logique de retrouver le quintet frustré et insatisfait par cet album.
S'il est vrai que l'ensemble ne dégage pas la chaleur que les différents titres produiront plus tard sur scène, et si le mixage laisse un peu à désirer avec une basse mise un peu trop en avant et la voix de Barnes sous exploitée, il serait cependant injuste de tirer à boulets rouges sur cet album. En effet, les 10 morceaux qui le composent sont autant de confirmations du talent de Cold
Chisel, que cela soit au niveau interprétation avec un Barnes à l'émotion dégoulinant de sa voix chaude, écorchée et puissante, un Moss au jeu tout en retenue mais dont les racines jazzy sont un élément incontournable de l'identité du combo australien, une section rythmique toute en dynamisme, précision et efficacité, et un Walker régnant sur l'ensemble derrière ses claviers, comme sur l'introductif "Conversations" dont le piano assure l'essentiel de la mélodie, discret sur le déroulement de ce rock dynamique et syncopé, mais marquant clairement son territoire sur les premières notes ainsi que sur le break.
A l'image de ce premier titre, la part-belle est faite à un Rock puissant et énergique, et d'une efficacité sans faille. C'est le cas d'un "Merry Go-Round" digne d'un train lancé à son rythme de croisière, alors que "Goodbye (Astrid Goodbye)", premier single, et "I'm Gonna Roll Ya" transmette leur énergie communicative sur des bases classique, multipliant les soli de guitare et de piano, alors que le déjanté "The Door" vient conclure l'ensemble le pied au plancher avec un break surprenant et 'Zeppelinien' et un Barnes qui s'arrache. Au milieu de ces différents titres, l'auditeur trouve régulièrement l'occasion de reprendre son souffle, que cela soit à l'occasion d'un "Dresden" à la classe digne de
Dire Straits, de la ballade "Plaza", dont le chant assuré par Ian Moss avec le simple piano de Walker en accompagnement, est l'occasion de rendre un nouvel hommage à un lieu réputé de Kings
Cross, ou d'un "Shipping Steel" direct et groovy renforcé par la slide de Tony Faehse. En fin d'album, avant le déferlement de "The Door", "Showtime" vient nous surprendre avec son mid-tempo funky et accrocheur, alors que la ballade éponyme, légèrement syncopée, se fait à la fois mélancolique et attachante.
Bien qu'handicapé par une production n'étant clairement pas à la hauteur de la qualité de ses compositions, "
Breakfast at Sweethearts" n'en est pas moins la confirmation du talent et de la personnalité de Cold
Chisel. En 36 minutes, les Australiens imposent une identité forte et assumant pourtant ses racines dans un mélange dont Walker et sa bande ont le secret. Un groupe rare et attachant dont chaque nouvelle œuvre risque d'être attendue avec impatience par un public de plus en plus nombreux.
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