On peut dire que les Psychedelic Furs font partie de ces groupes qui, musicalement parlant, ont gardé le meilleur pour la fin de leur carrière. Depuis leurs débuts en Angleterre à l’aube des années 1980 jusqu’à leur consécration commerciale, américaine et mondiale en 1987 (grâce à l’album «
Midnight to Midnight »), ils ont évolué de l’intimisme post-punk au rock taillé pour remplir les stades. On décrira leurs deux derniers disques en date, «
Book of Days » (1989) et «
World Outside » (1991), comme autant de démonstrations d’un esprit de synthèse confirmé, à l’heure du bilan qui embrasse d’un même regard les périodes précédentes, avec profondeur et sérénité. Le son chargé, proche du hard rock et riche en mélodies subtiles, sert le projet «
Book of Days » à la façon d’un groupe incarnant pleinement les chansons qu’il interprète : Richard Butler écrit tous les textes qu’il chante et la musique résulte de son travail commun avec John Ashton, Tim Butler et Vince Ely, le tout produit par eux-mêmes et par David M. Allen (
The Cure, The Sisters of Mercy). Remarquablement homogène et constant, l’opus emporte l’adhésion dès les premières paroles de «
Shine » et d’ « Entertain Me », signes d’une maîtrise des messages forts qui vont à l’essentiel. La lenteur oppressante de «
Book of Days » rappelle celle de « New Dawn Fades » de
Joy Division : si ces groupes avaient progressé vers le metal, ils auraient probablement rejoint la scène doom, mais ce n’est que spéculation. Les autres titres sont à la hauteur, la palme de l’intensité émotionnelle revenant, bien entendu, à «
House », affirmant que la mémoire a une âme : « The thorn that's in my side is all these scenes that we regret, the wasted words we can't forget ».
D. H. T.
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