La surprise a été totale. Déjà, juste après la sortie de son album solo, "Ignition", formidable exercice de style dans le format voix-guitare-(contre)basse-batterie, Brian, le fieffé coquin, ressort les cuivres du placard, et nous balance un nouvel opus du
Brian Setzer Orchestra. Bon, ça plait ou pas, son Big-Band, n'empêche que c'est la garantie, au moins, d'être de la bonne musique jouée par de bons musiciens, et, ces temps-ci, c'est déjà pas mal.
Non, le plus surprenant, c'est le contenu de l'album. Rassurez-vous, braves gens, Setzer n'a pas viré rappeur, il n'y a pas plus de synthés sur ce disque que sur les précédents, là-dessus, le New-Yorkais semble immunisé. Non, quand je parle du contenu, je parle des chansons. Setzer chante Noël... Oui, hein? ça fait bizarre, aussi bien à lire qu'à dire. Le
Brian Setzer Orchestra, ce monstre à 34 pattes, joue "Vive Le Vent d'Hiver".
Mais, finalement, est-ce si surprenant ? Dans son désir de vouloir rejoindre les Grands de la musique U.S., Brian sait qu'il lui faut en passer par là. Parce qu'aux States, tout le monde fait ça. Bing Crosby (le crooner, pas le gros de Stills, Nash & Young!), Sinatra, Dean Martin, Elvis, tous sont passés par là. Ils vont à la messe de minuit, écoutent les "tradis", les arrangent à leur sauce, et sortent le blaud juste avant les fêtes, histoire de payer les trains électriques de leurs mômes. Et les Ricains adorent ça. Ces bons chrétiens trouvent formidable que leurs idoles, ceux qui parlent de cul à longueur de disques et de concerts, se mettent à prier pour que Papa Noël remplisse les bottes Harley posées près de la cheminée. Si, en plus, il lui venait l'idée de remplir le tiroir-caisse...
Aux States, c'est une faute de goût de ne pas sortir un "Christmas Album". Imaginez, en France, la rigolade : "Mesdames et messieurs, ce soir, en exclusivité sur notre chaîne,
Paul Personne va vous interpréter "Etoile des Neiges"! Imaginez notre Jojo national, en plein Stade de France, qui vous annonce : "Et maintenant, une reprise de Tino Rossi... Ah que "Petit Papa Noël"!!! Vous voyez le tableau ? Tout le monde se demanderait qui lui a préparé sa camomille.
En France, cet album serait impossible, non seulement à sortir, mais même à concevoir. Aux States, c'est un must. Alors Setzer s'y colle. Il y met du coeur, c'est plutôt bien fait, il n'y a pas que des chants de Noël d'ailleurs, il y a surtout une énorme reprise de "Santa Claus Is Back In Town", un blues mémorable d'Elvis, où Brian fait sonner la charge.
Cet album est plutôt pas mal, bonne musique, bon son, et c'est surtout ça qu'on cherche. Mais je ne peux pas m'empêcher d'imaginer Setzer rentrant sur scène avec Creepers, Perfecto, la Gretsch en bandoulière et un splendide bonnet rouge avec pompon d'hermine blanche et tout le tralala. Et derrière lui, le Big-Band, tous en smoking, avec des bois de rênes sur la tronche! Eh! les mecs! Vous pensez que c'est du Rock'n'Roll, ça!!!
Et puis le public doit être coquet, aussi. Des moufflets de 5 ans, en train de bieurler parce que le saxo, à 5 ans, ça fait beaucoup de bruit et un peu peur. Avant, quand tu sortais d'un concert des
Stray Cats, ça sentait la sueur et la Lucky, tu glissais sur les renards des Teddys Boys trop bourrés. Maintenant, ça va sentir la couche oblitérée ou quoi?
Allez, Brian, tu nous as bien fait marrer avec ton "Boogie-Woogie Christmas", c'est plutôt sympa, je le passerai à mes potes pour le réveillon du Nouvel An, histoire de les faire halluciner en entendant "Jingle Bells" version Rockab'. Mais les vacances de Noël sont comme les autres vacances : elles finissent toujours un jour. Donc, finis bien celles-ci, parce qu'il va falloir mettre un sérieux coup de collier à la rentrée.
Et arrêtes de jouer avec ces grelots!!!
HotRodFrancky
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