Ce qui est bien avec la musique de
Blackfield, c'est sa capacité à nous ramener à des années (que dis-je ? …des décennies !) en arrière, en empruntant les sentiers tracés par les travaux solo de
John Lennon et les compositions les plus "pop" (ou les moins "prog" selon le point de vue) de
Pink Floyd.
Point de métal ici donc, mais une musique rock classieuse et ambiancée.
Né de la collaboration entre
Steven Wilson (mentor du combo britannique
Porcupine Tree et créateur d'une musique plutôt complexe, sombre et désabusée) et Aviv Geffen (musicien israélien aux airs de Nick Cave et à la musique plutôt pop, lumineuse et remplie d'espoir), le projet
Blackfield se situe tel un équilibriste entre les deux univers à priori contradictoires créés par ses deux géniteurs.
La musique proposée par le duo est donc beaucoup moins progressive que celle de
Steven Wilson avec son "arbre à porcs-épics" (pour comparer par rapport au plus connu des deux musiciens), mais même si les compositions sont systématiquement basées sur le schéma couplet/refrain, on ne se retrouve pas non plus en face d'un vulgaire disque de pop mièvre, loin de là ! Et cela grâce notamment à un sens mélodique hors du commun.
Sur ce point, on ne peut que s'incliner devant le formidable travail de composition de Aviv Geffen (responsable de l'écriture de la majorité des titres), parfaitement mis en valeur par la production de
Steven Wilson qui nous a, comme à son habitude, concocté un son clair, dense et fourmillant de détails (ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme "l'homme à l'ouïe d'or" !).
En outre, le père Wilson s'occupe de la quasi-totalité du chant et nous délivre encore une fois une performance remarquable.
Des titres planants (notamment "1,000 People" et "The End of the World", deux morceaux absolument sublimes et révélateurs de cette dualité tristesse/espoir propre à
Blackfield) côtoient des titres plus rythmés ("Once", "Miss U", "Epidemic"), et même si des guitares un peu plus vigoureuses font leur apparition sur ces derniers, l'ensemble de l'album reste très atmosphérique, avec beaucoup de guitares claires et acoustiques, ainsi que des nappes de claviers et d'orchestrations à cordes placées très en avant, le tout enrobé d'un doux parfum de mélancolie cristallisé par d'ensorcelantes notes de piano saupoudrées tout au long du disque.
En privilégiant la sobriété et la simplicité à la démonstration technique outrancière et inutile,
Blackfield a accouché d'un disque enchanteur et relaxant, qu'il fait bon écouter entre deux louches de dark ambiant neurasthénique, aussi bien qu'entre deux rafales de black metal misanthropique.
Un bon petit 16/20.
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