Après le succès interplanétaire de
Some Great Reward, grâce à ses singles très populaires
People Are People et
Master and Servant,
Depeche Mode se reconcentre vite sur son avenir. Malgré son succès important, le groupe ne s’est toujours que peu soucié des ventes et est resté avant tout un groupe expérimental et créatif. Et c’est pourquoi au lieu d’en remettre une couche avec des titres pop séduisants, les DMs ont préféré construire un album difficile d’accès, très sombre, new wave, sans vrai single phare, mais surtout avec une concentration et un perfectionnisme poussés au maximum pour un résultat surprenant de qualité et de richesse. C’est clair, en 1986, le groupe franchit un cap, innove et réaffirme ses influences new wave en faisant taire tous ceux qui pourraient les qualifier de groupe de dance. Car on ne danse pas sur
Black Celebration, on écoute attentivement et on pénètre dans son univers glacial, noir et néanmoins sublime.
Chaque titre s’enchaîne admirablement et sans faille, l’entrée en matière se fait avec
Black Celebration, mélodie planante, chant grave et lointain, le décor est planté. Léger rayon de soleil avec Fly on the Windscreen, mais on replonge vite dans la profondeur avec
A Question of Lust, à la fois sombre et belle, l’une des pointures de l’album. On atteint aussi des sommets de froideur avec Dressed in Black et
Stripped, titres vraiment sombres et sans issue digne d’un Pornography des Cure. Même les titres plus mélodiques rayonnent de mélancolie, comme Here Is the House, World Full of
Nothing, ou encore dans la très planante Sometimes.
L’ensemble est très compact et ne faiblit pas, l’auditeur a beau chercher le refrain séduisant de
People Are People ou l’entrain de Just
Can’t Get Enough, il s’aperçoit vite qu’en 2 ans
Depeche Mode a beaucoup évolué, le synthé plante une ambiance vraiment lourde, et le chant grave et implorant de
Dave Gahan finit d’ajuster l’obscurité d’un
Black Celebration qui connaitra un succès moins important que son prédécesseur mais qui s’imposera comme l’un des incontournables du groupe, qui claque ostensiblement la porte aux radios et aux charts, une attitude courageuse qui se fait rare, entre l’argent et la créativité,
Depeche Mode a choisi son camp.
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